Après un joli démarrage la semaine dernière, la diffusion de Quadras, la série événement de rentrée de M6, créée par Melissa Drigeard et Vincent Juillet, se poursuit demain soir avec les épisodes 3 et 4. Une comédie addictive, qu'on vous recommande chaudement, et dont nous avons pu discuter avec trois de ses comédiens principaux : Alix Poisson, François-Xavier Demaison (également producteur de la série), et Julien Boisselier, lors de leur passage au festival de la fiction TV de La Rochelle il y a une dizaine de jours.
Ils sont notamment revenus sur ce qui leur a plu dans l'écriture de la série, sur son ton moderne et particulier, et sur la possibilité d'une deuxième saison, à l'issue de cette première salve de 8 épisodes.
AlloCiné : Qu’est-ce qui vous a tout de suite emballé lorsque vous avez lu le scénario du premier épisode de Quadras ?
Alix Poisson : J’ai reçu les 6 premiers épisodes et je les ai lus d’une traite. Ce qui m’a tout de suite plu c’est qu’il y avait une écriture douce-amère. Ce n’est pas seulement de la comédie. Il y en a, elle est très présente même, et ça demandait vachement de rigueur, de précision et de rythme. Clairement, il y a des moments vraiment hilarants. J’ai encore découvert un épisode avant-hier et j’ai pleuré de rire devant ma télé. Mais ce n'est pas que ça. Tous les personnages sont très profonds et chacun existe très fort. On peut s’identifier à eux. Et il y a énormément de moments où, déjà à la lecture, j’étais très émue en fait. Car ça parle de la famille, du couple, de l’âge, du temps qui passe. Et du coup il y avait tout un maelström d’émotions différentes qui me plaisait. Je trouvais qu’il y avait un ton très particulier pour une série dite "de comédie française".
Julien Boisselier : Il faut le placer "maelström" (rires).
Alix Poisson : C’est mon challenge de moi à moi !
François Xavier-Demaison : Ça c’est depuis que dans Elle ils ont dit que la série était entre Festen et Fais pas ci, fais pas ça, elle utilise des mots un peu soutenus comme ça (rires).
Julien Boisselier : Pour en revenir à la question, évidemment les scénarios sont vraiment aboutis et formidables. Mais ce qui m’intéressait aussi c’est que Vincent Juillet et Melissa Drigeard ont cette qualité, c’est qu’ils ne développent pas que les rôles principaux. Ils donnent aussi une grande importance aux personnages secondaires. Parfois on parle de film choral, mais il y a toujours deux acteurs principaux qui mènent la barque et les autres viennent seulement apporter des infos de temps en temps. Là, en l’occurrence, il y a plein d’histoires parallèles qui s’entrecroisent et qui font qu’on est dans une vraie comédie au sens large du terme.
Et au-delà de ça on laisse le choix aux gens de rire ou pas, et c’est assez agréable pour nous car on n’est pas obligés de battre des ailes pour être drôle. On joue simplement des situations qui sont formidablement bien écrites. C’est pour ça que je suis venu. Et puis j’avais extrêmement envie de travailler avec François-Xavier et Alix. Avant de se lancer on demande bien sûr un peu les acteurs qu’on va avoir autour de nous et je trouvais que le casting était formidable. Et je ne me suis pas trompé car on ne se connaissait pas et maintenant on s’aime vraiment beaucoup. C’est une vraie belle aventure.
Et vous François-Xavier, en tant que producteur, à quel point vous êtes-vous impliqué dans le projet, dans l’écriture ?
François-Xavier Demaison : J’ai eu l’idée originale avec Vincent Juillet. Avec M6 on voulait vraiment créer une série autour de ce thème du milieu de vie. Car les quadras, c’est le seul âge de la vie où on a des parents et des enfants. Des enfants ados j’entends, pas de nourrissons. Vers 40-50 ans. On voulait faire une série qui parle à tout le monde, qui soit moderne, et qui soit dans la sincérité de ce que les gens vivent. Et puis Melissa Drigeard est arrivée et avec Vincent ils ont formé un duo d’écriture vraiment extraordinaire. Il y a un rythme d’écriture, une qualité vraiment ciselée qui est assez incroyable. Et on avait très envie de voir ces scénarios exister à l’écran. Et dans le choix des acteurs, Melissa, Isabelle Doval, la chaîne et nous, on était totalement raccord. On était fou de joie lorsque Alix a accepté. Je l’ai appelée, je lui ai dit "Est-ce que tu veux m’épouser ?", elle a hésité, et puis finalement elle a dit oui. Et quand je lui ai dit que c’était pour de la fiction elle était déçue (rires).
Alix Poisson : J’étais déçue, mais bon…
François-Xavier Demaison : Il y a cette troupe d’acteur qui est très cohérente. Et au fil des épisodes, grâce aux flashbacks, chaque personnage va avoir droit à son "moment de gloire".
Une des forces de la série c’est vraiment ses dialogues, ses punchlines. On reproche parfois aux séries françaises de ne pas avoir des dialogues hyper naturels, et là on est vraiment à l’opposé de ça. Est-ce qu’il y a eu une part d’improvisation ou est-ce que tout était vraiment très écrit ?
Alix Poisson : Tout était finalement plutôt très écrit, mais ce que je trouve super c’est que Melissa est assez forte car elle sait ce qu’elle veut et elle sait comment vous y emmener. Et en même temps elle nous laissait un espace de liberté, souvent à la fin des prises, où on savait qu’on pouvait un peu improviser. Elle nous laissait cette sorte de bulle et elle a gardé pas mal de choses au final. Elle fait vraiment confiance à ses acteurs. Je pense notamment au passage de Stéphan Wojtowicz et d’Ana Daud (Gérard, le père d'Agnès, et Bogdana, ndlr) devant la caméra, au mariage. Le message laissé aux mariés. C’est vachement venu d’eux finalement et c’est hyper drôle.
Quadras c’est un peu un pari pour M6, car aujourd’hui les comédies qui marchent en France ce sont surtout les shortcoms. Et là la chaîne fait pourtant le pari d’une comédie en prime…
Alix Poisson : J’ai lu un article qui qualifiait la série de "sociétale" et je suis plutôt d’accord. Ça parle de plusieurs générations, ça parle du rapport à la famille. De la difficulté de cette génération-là à grandir. Après vous avez raison, ça reste un pari. Mais je pense que le mélange des tons fait que le pari pourrait bien être gagnant pour M6.
On parlait de l’écriture tout à l’heure et l’une des choses qui la rend complètement moderne c’est aussi la maîtrise des twists narratifs. Il y a un gros twist à la fin de l’épisode 1, avec l’annonce faite par Agnès à son mari et à tous les invités présents à leur mariage. Quelle a été votre réaction à ce twist à la lecture du scénario ?
Alix Poisson : Moi j’étais comme une dingue car je me disais "Ça va être génial à jouer". Je me disais "Soit la nana est la plus grande manipulatrice de tous les temps", et c’est super car ça veut dire qu’il faut jouer un truc un peu parfait, un peu lisse, et en même temps derrière c’est hyper manipulateur. Ou bien elle est comme ça, elle est vraiment ce personnage hyper solaire, hyper positif, mais il y a une faille super profonde et un secret quelque part. Et donc je me disais "De toute façon c’est jubilatoire à jouer3. J'ai d'ailleurs lu les 6 premiers épisodes d’une traite en me disant que j’allais bien avoir la réponse à un moment et finalement non, on ne l’a pas tout de suite. Et c’est pour ça que j’étais comme une dingue. Et je pense que ça va faire pareil aux téléspectateurs. On est tenu en haleine jusqu'à la fin. C'est hyper addictif.
François-Xavier Demaison : On a mal pour Alex aussi, on n’a pas envie que leur histoire d'amour soit salie.
Il y a pas mal d’autres twists au cours de la saison, dont un concernant votre personnage Julien, qui est assez jubilatoire, mais dont on ne peut pas encore vraiment parler puisqu’il intervient plus tard dans la diffusion…
Julien Boisselier : Oui, n’en parlons pas (rires). Mais de toute façon il y a un twist tous les quarts d’heure en quelque sorte. Mais c’est ce qui m’a fait venir sur la série aussi. Quand on est acteur, la première fois qu’on lit un scénario, on regarde tout de suite les scènes qu’on a, pour voir la présence qu’on a dans l'histoire. Et moi au début je me disais "Tiens, c’est marrant, je suis absent de pas mal de scènes", et puis tout d’un coup Melissa et Julien m’ont dit "Tu vas voir, à la fin de l’épisode 4 il va y avoir un truc que tu vas vraiment trouver amusant à jouer". Et c’est vrai que j’ai eu un plaisir dingue à jouer cette scène.
La galerie de personnages de Quadras est assez géniale. Si vous aviez dû incarner un autre personnage de la série, lequel auriez-vous choisi ?
François-Xavier Demaison : J’aurais pu tous les jouer (rires). Y compris un ado, ou la Moldave !
Alix Poisson : J’adore Agnès, mais le personnage de Anne est quand même quelque chose d’exceptionnel. Mais personne n’aurait pu mieux la jouer que Sarah Le Picard.
François-Xavier Demaison : C'est clair. Sarah Le Picard elle est vraiment sans filtre, c'est génial.
Julien Boisselier : Le personnage de Julien, le meilleur ami d’Alex, est super aussi. Il est joué par un acteur formidable, Jean-Philippe Ricci. Ils font un super duo tous les deux. Je le connaissais un peu mais là je l’ai vu travailler tous les jours et je trouve qu’il amène quelque chose de super fort, et ils font un duo, avec Alex, qui porte aussi en quelque sorte la série. Ils sont complices, et en même temps il a sa propre histoire. Je trouve qu'il joue ça avec une justesse incroyable.
Alix Poisson : L’autre jour, Melissa [Drigeard] et Vincent [Juillet], les créateurs, disaient qu’une de leurs sources d’inspiration c’était La Gifle. Et ça se sent je trouve car dans La Gifle on voyait les personnages avoir une façade sociale, et puis on creusait derrière, et c’est comme si on enlevait des couches de l'oignon. On les découvrait au fur et à mesure, et plus on les découvrait, plus on était horrifié, ou plus on s’attachait. Et là dans Quadras c’est un peu la même chose.
Est-ce qu’une saison 2 est possible ?
François-Xavier Demaison : En fait la saison 2 est déjà en développement. Et M6 a adoré le premier épisode en lecture.
Ce sera donc une suite directe ? Car on aurait aussi pu penser à une possible anthologie sur le thème des quadras…
François-Xavier Demaison : Oui ce sera une suite directe avec les même personnages. Ça se passe un ou deux ans après je crois. Et ce sera à nouveau centré sur un événement. C’est l’ADN de Quadras, cet aller-retour entre les flashbacks et l’événement. Et là les auteurs n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère, je peux déjà vous l’assurer.