AlloCiné : Que pouvez-vous nous dire de ce nouvel opus, "Starship Troopers : Traitor of Mars" ?
Shinji Aramaki (réalisateur) : Nous avons voulu faire de ce film la vraie suite au film original. En intégrant le scénariste Edward Neumeier sur le projet, et en rappelant le seul et unique Johnny Rico, c’est-à-dire Casper Van Dien.
Edward Neumeier (scénariste) : Dans ce nouveau chapitre, Johnny Rico est sur le front depuis vingt ans. Il est piégé dans ce conflit, il a conscience que la guerre ne finira jamais. Un peu comme aux Etats-Unis aujourd’hui : la guerre ne finira jamais, et il y aura toujours un ennemi.
Casper Van Dien (Johnny Rico) : Edward me connaît parfaitement depuis vingt ans. Et il connaît parfaitement ce personnage qu’il accompagne depuis le premier film. Comme Ed le disait, Johnny Rico est au combat depuis vingt ans. On voit les cicatrices sur son visage, il est marqué. Un peu comme moi d’ailleurs, avec tout ce que j’ai pu vivre depuis vingt ans, comme les divorces. Nous avons tous les deux des cicatrices, lui à cause des arachnides, moi à cause… des ex-femmes, qui sait ? (Rires)
Edward Neumeier (scénariste) : C’est toujours la même guerre. Il y a quelques nouveaux insectes, mais le cœur du film ce sont ces trois amis qui sont partis au front quand ils étaient presque encore adolescents et qui doivent à nouveau travailler ensemble pour sauver le futur de l’Humanité, alors que quelque chose se trame à la tête d’une Fédération devenue corrompue.
Casper Van Dien (Johnny Rico) : Ils doivent comprendre ce qui ne va pas et surtout qui ne va pas. Et découvrir qui est le traître de Mars.
Edward Neumeier (scénariste) : Ça pourrait être Johnny Rico…
Casper Van Dien (Johnny Rico) : Ça pourrait, oui.
Le film marque le grand retour de Johnny Rico... mais aussi de Dizzy, tuée dans le film original. Comment avez-vous abordé cela ?
Edward Neumeier (scénariste) : J’avais une idée très précise pour ramener le personnage de Dizzy Flores. Il n’y avait que comme cela que ça pouvait marcher. Même si elle est morte dans le premier film, il y avait ici une bonne raison de la ramener. Je n’en dirai pas plus mais c’était chouette de voir Johnny et Dizzy réunis.
Casper Van Dien (Johnny Rico) : Vous savez, il y a tellement de morts dans cette guerre, et les insectes se multiplient tellement vite, que la solution est peut-être de ramener nos morts à la vie ? Qui sait ? (Rires)
En tant que véritable suite du film-culte de Paul Verhoeven, vous auriez pu opter pour un film live. Pourquoi le choix de l'animation ? Est-ce que cela donne plus de liberté de ton par rapport aux enjeux d'un film live ?
Shinji Aramaki (réalisateur) : Nous voulions faire un film de grande envergure, qui montre cet univers tel qu’il devrait être représenté. L’animation permet de faire cela, et permet de se distinguer de ce que le film original avait déjà montré. L’animation lui donne l’envergure qu’il mérite.
Edward Neumeier (scénariste) : On croit toujours avoir accès à quelque chose d’illimité avec l’animation, mais il y a toujours un producteur qui vous freine car vous allez trop loin ou que ça coûte trop cher. (Rires) Mais en terme de contenu, Sony ne nous a jamais mis de limites sur ce que nous avions le droit de dire ou de faire. Ils n’ont jamais cessé de nous encourager à livrer le film que nous voulions faire. En tant que scénariste, l’animation a quelque chose d’assez magique : vous livrez un script, et quelques temps après on vous montre le film fini.
Le film original a marqué les esprits par son propos... quitte à être parfois incompris. Pensez-vous qu'il a été trop en avance sur son temps ?
Edward Neumeier (scénariste) : A l’époque du premier film, j’ai vite compris qu’il était peut-être un peu trop en avance sur son époque. Mais il a été de plus en plus apprécié au fil des années. Peut-être aurait-il eu plus de succès si nous l’avions fait plus tard ? Je ne sais pas trop…
Casper Van Dien (Johnny Rico) : Toi et Paul Verhoeven avez toujours été en avance sur votre époque. Je me souviens de Robocop, vous pensiez déjà à la technologie du DVD. Tu as toujours eu cette vision, c’est assez fascinant.
Edward Neumeier (scénariste) : Il faut aussi et surtout saluer Paul Verhoeven, qui a toujours été un visionnaire.
Qu'en est-il du propos de ce nouveau film ?
Joseph Chou (producteur) : Le film original portait un regard social et politique très acerbe. Edward Neumeier a gardé cela en tête en écrivant ce nouvel opus. Ed a un ton et un regard uniques. Regardez Robocop ! Cela rend ses films -et notamment celui-ci- très pertinents et très actuels. Le film renvoie aux réseaux sociaux, au climat politique actuel… C’est du pur divertissement qui contient beaucoup de sens, et qui devrait parler à chacun. J’espère que cela plaira aux fans.
Edward Neumeier (scénariste) : Ce film a été écrit avant l’élection de Donald Trump… mais vous pouvez vraiment penser que nous l’avons écrit après. Le film parle des machinations politiques, de la corruption et de ce que font nos élites dans l’ombre. Et il montre ces gens pour ce qu’ils sont vraiment.
Casper Van Dien (Johnny Rico) : Le monde dans lequel nous vivons a besoin de satires, comme peut l’être Starship Troopers. Avec de l’humour. Si nous n’avons pas ça, nous deviendrons tous fous. Aussi fous que… certains gouvernements.
Edward Neumeier (scénariste) : En écrivant, je me disais parfois que j’allais un peu loin. Mais comme c’était de l’animation, j’ai laissé ce que j’avais fait. Et quand je vois l’administration actuelle, ce côté too much de notre film devient extrêmement plausible…
Casper Van Dien (Johnny Rico) : Mais pas seulement aux Etats-Unis. Regardez la Corée, la Russie…
Edward Neumeier (scénariste) : Oui, c’est ce qui nous intéressait. Comment une élite, une fois au pouvoir, devient inévitablement corrompue.
Parlez-nous du processus de Motion Capture...
Shinji Aramaki (réalisateur) : Faire des captures d’acteurs réels est essentiel pour un film comme le nôtre. Nous avons donc fait appel à la Motion Capture, non seulement avec les bons outils mais surtout avec les bons comédiens, capables d’incarner physiquement ces personnages. Cela surprend toujours quand on dit que nous utilisons la Motion Capture pour un tel film, mais c’est vraiment le cas.
Masaru Matsumoto (co-réalisateur) : Nous avons également été très attentifs aux angles, aux cadres, aux choix des caméras. Il fallait que chaque plan ait un rendu extrêmement réaliste, presque live.
Shinji Aramaki (réalisateur) : Quand vous tournez en Motion Capture, le plateau est vide. Il n’y a rien ! Les comédiens doivent donc interagir avec des éléments imaginaires, que ce soient les arachnides ou les décors. La difficulté majeure résidait donc dans le fait de les accompagner et les diriger pour qu’ils puissent imaginer parfaitement ce qui les entourerait une fois l’animation achevée.
Masaru Matsumoto (co-réalisateur) : La scène où Johnny Rico affronte seul les arachnides était extrêmement complexe de ce point de vue, car l’hybridation devait être extrêmement précise entre la Motion Capture et l’animation. Au final, c’est presque une scène fabriquée "à la main" tant elle nous a demandé de travail. Nous avons hâte que vous puissiez la découvrir.
Casper Van Dien (Johnny Rico) : Je n’ai malheureusement pas pu faire la Motion Capture sur ce film précis. Mais je l’ai fait sur le Battle Angel de Robert Rodriguez et c’était vraiment très amusant. Mais je prête effectivement ma voix à Johnny Rico, et j’espère pouvoir aussi lui prêter mes mouvements en Motion Capture pour les prochains films Starship Troopers, car j’aime vraiment beaucoup cet exercice qui vous plonge dans votre monde et votre imagination. En terme de voix, c’était très intéressant de retrouver ce personnage vingt ans après et de voir comment Ed a imaginé son évolution… et la mienne.
Edward Neumeier (scénariste) : Il a vieilli, comme toi. Mais il est plus ronchon que toi ! (Rires)
Casper, comment vivez-vous le culte autour de ce personnage : c'est une béndiction ou une malédiction ?
Casper Van Dien (Johnny Rico) : C’est une vraie bénédiction. Je ne peux pas aller quelque part sans qu’on me crie "Rico !" ou "Allez, bande de macaques ! Vous avez envie de vivre ???". C’est LE film pour lequel on se souvient de moi, c’est vraiment gratifiant. Surtout que les gens ne le disent jamais de façon moqueuse ou méchante. Il y a une vraie joie et un vrai enthousiasme vis-à-vis de ce personnage, c’est vraiment plaisant. On me parle plus de ce film que de tout ce que j’ai fait depuis trente ans !
Avez-vous des nouvelles du projet de reboot live de "Starship Troopers" ?
Edward Neumeier (scénariste) : Il y a effectivement un projet de reboot chez Sony. Plusieurs scénarios ont été développés. J’en ai lu un que j’ai été content de ne pas revoir depuis, et il y a une nouvelle version par les auteurs de Baywatch. Donc ça pourrait être pas mal. Le studio croit en cette franchise et souhaiterait visiblement adapter le roman original. On verra ce que ça donne.
Et une série ? Cet univers aurait un vrai potentiel, comme celui de "Game of Thrones" ou "Walking Dead"...
Casper Van Dien (Johnny Rico) : J’adore cette idée !
Edward Neumeier (scénariste) : Nous aimerions beaucoup, bien sûr ! Il faut juste nous donner l’argent !
Casper Van Dien (Johnny Rico) : C’est une idée géniale. Vraiment ! Paul Verhoeven est un génie. Notre réalisateur Shinji Arakami est un génie. Edward Neumeier est un génie. Mais AlloCiné, vous êtez des génies ! Appelons Netflix ! (Rires)
"Starship Troopers: Traitor of Mars" est disponible en VOD et téléchargement définitif
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