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    Mon Garçon : "On a vécu heure par heure, avec Guillaume Canet, une situation qu'il découvrait totalement"

    "On a d'ores et déjà vécu une histoire de cinéma hors norme". Le réalisateur Christian Carion et Guillaume Canet expliquent les coulisses de fabrication étonnantes de "Mon Garçon", un thriller dont le comédien découvrait l'intrigue en tournant !

    AlloCiné :  Qu'aimeriez-vous que les internautes sachent ou ne sachent pas en allant voir Mon Garçon ?

    Christian Carion, réalisateur : C'est très compliqué aujourd'hui de maintenir le mystère, parce que les médias, les réseaux sociaux, etc. Donc on a fait le choix, par exemple, de faire un film-annonce dans lequel il n'y a pas de dialogue. Il est très court, il y a 3 cartons. Il y a des actions, ce que fait Guillaume [Canet], le personnage, mais finalement il ne se dit rien, et j'aimais beaucoup cette idée là.

    Ce que savent les gens, ce qui est maintenant sur le net, c'est que Guillaume n'avait pas le scénario. J'avais dit à Guillaume : c'est l'histoire d'un mec qui n'est jamais là. Son couple a explosé, et son ex, que joue Mélanie [Laurent] l'appelle un jour car leur gamin de 7 ans a disparu. Je suis réellement allé chercher Guillaume à Paris. Je lui ai donné 10 pages. Voilà ton personnage, sa vie d'avant… On prend le train et on le filme en loucedé. Et dans le train, il se prend le coup de fil de Mélanie.

    On a tourné chronologiquement, quitte à revenir 2 ou 3 fois dans des décors qu'on avait déjà fait, ce qu'on ne fait jamais d'habitude. On a vécu heure par heure avec Guillaume une situation qu'il découvrait totalement. On avait répété pendant 15 jours avec tous les autres acteurs, Mélanie Laurent, Olivier de Benoist, etc, avec un acteur qui joue Guillaume. A la fin de ces 15 jours, on s'est dit "super", sauf que Guillaume ne sait pas. Il ne sait rien donc qu'est ce qu'il va faire ? C'était ça l'enjeu du film. Se mettre nous-même dans une situation de qui-vive. Qu'est-ce qu'il va faire ? Et être capable de réagir.

    Après les gens aimeront ou n'aimeront pas le film -on espère qu'ils l'aimeront-, mais nous on a d'ores et déjà vécu une histoire de cinéma hors norme parce qu'on ne fait jamais ça. J'ai montré le film à Claude Lelouch que j'adore -je montre tous mes films à Claude-, et lui a beaucoup travaillé sur l'impro, etc. Donc j'avais envie d'avoir son retour. On a fait un déjeuner génial après pour parler de ce que l'on doit dire aux acteurs, comment les amener à être vrais. Parce que tout est faux. Déjà une caméra, c'est faux. Filmer ça, c'est faux. Comment reconstituer du vrai en mentant ? 

    2017 Nord-Ouest Films

    Quel a été le dispositif de tournage pour ce film à la fabrication très singulière ?

    D'abord et avant tout, le film s'est monté assez rapidement. Mais on est sortis du bois très tard, donc l'équipe avec laquelle j'avais l'habitude de travailler n'était plus libre, partie sur d'autres films. Je me suis retrouvé devant des gens que je ne connaissais pas du tout, que ce soit le chef opérateur, l'ingénieur du son, tous…

    On est tous embarqués dans un truc particulier, mettre un acteur dans l'inconnu total. Un truc comme ça, ça passe ou ça casse ! Déjà j'ai eu beaucoup de chance, j'étais très bien entouré. Ensuite, pour le dispositif, j'ai deux caméras. Quand il est face à un acteur, on ne peut pas faire un champ/contre-champ puisque c'est heure par heure, on ne fait pas de répétitions. Et quand une scène concerne deux caméras, on a essayé d'être malin : à la fin de cette scène, peut être qu'une caméra peut décrocher et aller attendre Guillaume à un endroit en espérant qu'il y vienne.

    C'est un jeu de piste. Dans les répétitions, on a essayé d'anticiper ça, et ça a marché à 90 %. Il rentrait dans des endroits et découvrait une caméra qui l'attendait. Il a suffisamment d'expérience, déjà comme metteur en scène, pour jouer avec ça, ne pas être surpris, et toujours avancer. Je n'espère qu'une chose, c'est que le plaisir que nous avons pris à le faire passe et que le public vive l'expérience d'être embarqué. C'est le but.

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    Y a-t-il des moments pendant lesquels vous avez été surpris, des moments pendant lesquels Guillaume Canet est allé plus loin que ce que vous imaginiez ?

    C'est un peu le bouchon sur la rivière. Le bouchon a son cheminement sur la rivière. Et il y a eu des trucs comme ça.  spoiler: Par exemple, il y a une scène de torture avec un chalumeau… Guillaume a pété un câble ! Il a été beaucoup plus dur, violent, que ce que j'avais imaginé. Il faut l'accompagner dans ces cas-là. C'est impressionnant de voir une scène qui dérape.

    Il faut laisser cette liberté pour que ça aille au bout, et ensuite, on verra bien. C'est possible avec un acteur comme Guillaume, que je connais bien. On a une confiance très importante depuis des années. On a fait Joyeux Noël, L'Affaire Farewell ensemble, on se connaît vraiment bien.

    Donc oui, il a inventé des choses, fait des choses pas conformes à ce que j'avais écrit parfois. Après, c'est à nous de quand même retomber sur nos pattes et qu'on arrive au bout du film comme prévu.

    Guillaume Canet, comédien : Oui, oui, je me suis surpris moi-même. C'est ça qui était très excitant dans cette expérience. Il y a des moments où je me suis vu totalement m'oublier. Je me suis retrouvé dans des situations dans lesquelles je me suis surpris moi-même à avoir une certaine violence ou une certaine émotion par rapport à des situations dans lesquelles je me retrouvais.

    C'est vrai aussi qu'il y a des moments où j'arrêtais et je disais à Christian [Carion] : "je ne comprends pas ce qu'on est en train de faire". Ça prenait une direction que je ne ressentais pas en tant qu'acteur et en tant qu'homme de réagir comme ça. C'était très excitant car on réécrivait le film dans l'urgence, au dernier moment. C'était dément d'avoir cette complicité, ce rapport-là avec Christian.

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    La fin, que nous n'allons pas dévoiler, était-elle écrite, ou a-t-elle été inventée par Guillaume Canet ?

    Christian Carion : La toute fin était écrite. Je lui ai donné la dernière scène. Je lui ai dit : "voilà ce qu'on va jouer maintenant". Parce que tous les enjeux de découverte le concernaient avant. Cette scène, on l'a jouée classiquement. Les acteurs savent ce qu'ils ont à interpréter. Il n'y a pas de texte, ils improvisent, mais ils savent la finalité de la scène. Donc non, ça n'a pas été inventé.  spoiler: Mais les choses où vraiment il m'a surpris ce sont les réactions sur les vidéos, la violence ou encore sa façon de chercher.

    La bande-annonce de Mon Garçon, en Blu-ray et DVD le 23 janvier :

     

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