Certains le connaissent peut-être comme le leader de Skip the Use, qui a mélangé rock, électro et funk dans trois albums sortis entre 2009 et 2014. Ou comme l'artiste qui évolue en solo depuis la dissolution du groupe en 2016 et tourne actuellement dans toute la France. Et qui va s'illustrer sur un autre terrain le 18 octobre, en prêtant sa voix à l'un des personnages de Zombillénium (Sirius, le squelette rock'n'roll), dont il a composé et interprété les chansons, à commencer par "Stand As One", qui se dévoile grâce à un clip contenant des images du long métrage.
Un baptême du feu que Mat Bastard a fêté sur la Croisette lors de la présentation exceptionnelle du film d'animation d'Alexis Ducord et Arthur de Pins, d'après la bande-dessinée de ce dernier, au Festival de Cannes. Et c'est quelques minutes après une montée des marches aussi monstrueuse que colorée, car bon nombre des participants étaient déguisés et maquillés, qu'il a évoqué le projet à notre micro.
AlloCiné : Ce sont les réalisateurs qui vous ont contacté pour participer à ce film. Est-ce que vous aviez eu envie de travailler dans le cinéma avant cette proposition ?
Mat Bastard : La musique, c'est quelque chose que j'avais envie de faire et déjà fait avant. J'adore ça, la prod', le studio. C'est super. Faire la voix d'un personnage, ça n'était absolument pas prévu à la base (rires) Je me suis éclaté à le faire mais c'était complètement nouveau, je n'avais jamais fait ça auparavant. Mais j'espère pouvoir le refaire car ça m'a donné envie d'aller plus loin dans le cinéma.
Quelle a été votre principale difficulté dans le doublage ?
J'ai un peu fait ça en me disant que j'allais faire comme je pouvais. Mais heureusement ça a plu car tout le monde a été content, et c'est ce qui me donne envie de le refaire.
Pour ce qui est des chansons : est-ce le film qui s'est adapté à vos compositions, ou le contraire ?
J'ai eu des indications. Mais j'ai commencé à composer la musique il y a cinq ans, alors que rien n'était encore dessiné. Du coup j'ai dû me baser sur les BD, puis des animatiques. Donc certaines scènes ont été dessinées sur la musique, mais il y a des chansons qu'il a fallu mettre au bon format et adapter au film.
Rendre la mocheté belle et la noirceur charmante
Est-ce que la prochaine étape serait de composer toute la bande-originale d'un film ?
J'ai fait un titre pour Ankama et le film Mutafukaz, et j'aime beaucoup mettre en images la musique. Je trouve que c'est un travail très intéressant. J'espère avoir l'occasion de le refaire ensuite. Là c'était mes premiers pas dans un nouveau milieu, tout en étant humble et novice, donc je n'en garde que le positif et je suis content. Je ne suis pas blasé de quoi que ce soit, bien au contraire. Ça me nourrit car c'est une sacrée bonne expérience.
Qu'avez-vous vu dans "Zombillénium" qui correspondait à votre musique ?
Plein de choses. Moi je fais une musique assez énergique et j'aime, grâce à mes textes, susciter la prise de position ou le débat, et le film fait de même. On a quand même des beaux vampires que se moquent des zombies moches. Il permet de montrer aux enfants que l'on peut être moche et informe. On n'est pas dans le délire du beau prince charmant et de la belle princesse. Non, l'idée est de savoir comment on peut rendre la mocheté belle, la noirceur charmante et faire des choses incroyables en étant un anti-héros, si on est ensemble, motivés et guidés par une cause noble. Ça, ça me parle carrément.
Quelles sont vos bandes-originales cultes ?
Ça va paraître old school, mais celle du Grand Bleu par Eric Serra, que je trouve énorme depuis que je suis tout petit. Il y a aussi toutes celles de Quentin Tarantino, qui est pour moi le meilleur sound designer du cinéma. C'est quelque chose qui me parle, comme les Ennio Morricone, la musique de Star Wars ou ce que fait Hans Zimmer, que je trouve magnifique.
Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Cannes le 24 mai 2017
"Zombillénium" sortira dans nos salles le 18 octobre :
