AlloCiné : Y a-t-il un lien à faire en le métier d’acteur et celui de catcheur ?
Philippe Chereau : Je pense qu’il y a un lien effectivement. Pour moi, il est plus simple pour un catcheur de devenir acteur, car il a déjà le physique athlétique grâce à son entrainement, alors que l’inverse me semble plus difficile. Et d’ailleurs il suffit de regarder les chiffres pour se rendre compte que plusieurs ex-catcheurs (ndlr : Dwayne Johnson et Dave Bautista) figurent en tête du box-office.
Christophe Agius : Effectivement, il y a peu d’acteurs qui sont devenus catcheurs, alors qu’à l’inverse de nombreux ex-catcheurs ont réussi leur reconversion dans le cinéma, aussi bien en tant que têtes d’affiche que dans des seconds rôles, ou même en tant que cascadeurs. Dans les deux cas d’ailleurs, il s’agit de jouer la comédie et de raconter d’une manière ou d’une autre des histoires.
PC : Le monde du catch est une mine d’or pour l’industrie du film d’action, parce qu’ils ont à disposition des athlètes déjà entrainés, et cela vaut aussi bien pour les hommes que pour les femmes d’ailleurs.
Universal Pictures France
Seriez-vous d‘accord pour dire que votre travail tient autant du commentaire que de l'interprétation, dans le sens où vous incarnez des personnages ?
CA : Oui cela fait partie du catch, il faut un méchant et un gentil. A l’époque déjà dans le catch français, le commentateur unique était du côté des gentils et insultaient les méchants catcheurs pour s’en moquer. C’est quelque chose qui existe également aux Etats-Unis, donc c’est tout naturellement que nous avons mis ça en place. Après il était essentiel que nous soyons nous-mêmes partie intégrante de ce spectacle, nous sommes là avant tout pour mettre en avant les catcheurs.
PC : Il y a deux types de commentateurs : ceux qui sont sur place, c’est-à-dire les américains, avec des consignes strictes, qui n’ont par exemple pas à traduire, puisque le show se fait dans leur langue, qui n’interviennent que pendant les matchs. Alors que nous, nous avons la traduction à gérer, les promos qu’il faut commenter, ce qui représente environ 50% du programme, et enfin il faut également parfois expliquer certaines références américaines inconnues du public français. Et il y a effectivement les personnages que nous "interprétons", car nous avons nos propres gimmicks, et c’est d’ailleurs quelque chose qui plait énormément au public.
Est-ce que selon vous la WWE peut être vue comme un feuilleton hebdomadaire, qu’on suit comme un soap ?
CA : Oui, ce que les gens aiment c’est le tout. C’est à la fois un soap opera, une compétition athlétique, qui certes n’est pas réelle puisque les coups ne sont pas portés, et puis aussi la musique, les mises en scène, les feux d’artifice… Quand on s’y intéresse vraiment, on constate que ce n’est pas simplement des combats de mecs en slip. On peut aimer ça comme on peut détester, de la même manière que certains aiment les téléréalités.
Quelle star actuelle de la WWE ferait un excellent acteur ?
CA : John Cena, qui a d'ailleurs déjà très bien débuté sa reconversion. Je pense aussi que le Miz en a les capacités, à condition bien entendu qu’on lui propose des rôles un peu plus intéressants que The Marine.
PC : Je suis d’accord avec Christophe. J’ai beau ne pas être un grand fan du personnage sur le ring, alors que j’aime beaucoup la personne, je pense que le Miz a en effet des capacités dans ce domaine. Je suis également impressionné par Alexa Bliss (ndlr : l’actuelle championne de WWE Raw), une petite nouvelle qui se débrouille très bien sur le ring, mais encore davantage au micro, c’est une fille très naturelle et à l’aise dans l’exercice, rien n’est forcé avec elle.
NBC