Steven Spielberg et le vieux rêve de Moctezuma / Cortés
Ce n'est pas vraiment un scoop : Steven Spielberg est notoirement connu pour avoir un agenda de tournages / projets toujours surchargé. De là, inévitablement, des arbitrages sur les projets, dont on peut dire que certains ont une chance malheureusement infinitésimale de voir le jour...
Dans la foulée de la sortie de son Lincoln, Spielberg s'intéresse à plusieurs projets, dont un, mythique. Il s'agit en l'occurence d'un script écrit par le grand scénariste blacklisté Dalton Trumbo, dans la foulée de son script Spartacus : Moctezuma. Devant être réalisé par Martin Ritt, produit et interprété par Kirk Douglas, le script retracait la rencontre entre le légendaire conquistador espagnol Hernan Cortés et l'empereur aztèque Moctezuma, en 1519.
50 ans après, le projet semblait revivre. Spielberg confia à Steven Zaillian le soin de réécrire le script (on lui doit celui de la Liste de Schindler), rebaptisé "Cortés", pour adopter le point de vue du conquistador, qui devait être incarné par Javier Bardem. Un projet qui aiguisait férocement l'appétit, et qui tranchait en tout cas avec ses dernières productions grand public, si l'on considère la violence extrême avec laquelle les conquistadors espagnols s'en prirent aux aztèques...
Posé comme option sur la table d'un Spielberg en mal de projets au point de les multiplier, Moctezuma / Cortés a depuis disparu de la circulation... On se prend alors à rêver sur ce qu'un cinéaste tel que Mel Gibson et son sens de la mise en scène pourrait faire avec un tel sujet, dans la lignée de son Apocalypto...
Werner Herzog et les conquistadors
Guère éloigné de ce sujet, mais projet bien antérieur à celui de Spielberg, on pourra glisser quelques mots à propos de celui jamais réalisé du cinéaste allemand Werner Herzog, qui voulait réaliser un film adoptant le point de vue aztèque face aux conquistadors dans The Conquest of Mexico. S'il semble que Herzog possédait un script terminé de ce projet, c'est le budget, jugé colossal, ou du moins prohibitif, qui doucha les espoirs de l'auteur d'Aguirre la colère de dieu. Du reste, lorsque l'on voit les conditions dantesques de tournage de Aguirre et plus encore de Fitzcarraldo, tournage raconté pour ce dernier dans le formidable documentaire Burden of Dreams de Les Blank, on imagine mal les studios laisser au cinéaste une maîtrise totale d'un tel projet. Et ce n'est malheureusement pas l'échec en salle et au Box Office du pourtant superbe Lost City of Z de James Gray, tourné justement dans des conditions éprouvantes au coeur de la jungle, qui feront changer d'avis les studios...
