La suite, déjà multi primée, de la mini-série de Jean-Xavier de Lestrade démarre ce jeudi 1er juin à 20h55 sur Arte. L'exploration intimiste de la vie de la jeune Manon se prolonge à travers trois nouveaux chapitres d'une profonde justesse.
Une attente longue mais nécessaire
Trois ans. C'est le temps qu'il aura fallu à l'ex-adolescente de 3x Manon pour revenir sur le petit écran se confronter, cette fois-ci, aux problématiques complexes du monde adulte. Trois ans, c'est également le temps qu'a voulu attendre son réalisateur Jean-Xavier de Lestrade afin de voir sa jeune actrice Alba Gaïa Bellugi s'enrichir personnellement et intérieurement, pour que "son personnage soit nourri aussi de sa propre expérience". Un désir peu fréquent qui prouve l'attachement du réalisateur pour sa comédienne, mais qui montre aussi toute l'attention portée à la subtilité des émotions transmises par les acteurs de la série. C'est cette minutie jusqu'au-boutiste qui a permis de capter plus intimement l'évolution de Manon, afin de l'amener naturellement aux portes de l'âge adulte. Une évolution qui passe avant tout par la relation ambigüe qu'elle entretient avec sa mère Monique Vidal, interprétée par Marina Foïs, qui dépasse même la fiction, comme l'aime à rappeler la comédienne : "je ne permettrai à personne d'être la maman de Manon".
Image et Compagnie / Canal+
"Authenticité, justesse, humanité"
Après s'être repenti de sa tentative de meurtre sur sa mère au sein d'un centre éducatif, Manon a désormais 20 ans et se retrouve livrée à la vie d'adulte. Un BTS de mécanique en poche, elle va chercher à trouver sa place dans la société à une période charnière de sa vie, remplie d'incertitudes. Une place déclinée à travers trois thématiques fortes : sociale, affective et familiale. Pour le réalisateur, ce sont les trois piliers du fondement personnel de tout un chacun : "une fois que l'on a défini quelle est notre place dans ces trois lieux-là, on peut s'interroger beaucoup mieux sur soi-même, sur qui l'on est". Manon va ainsi naviguer entre ses désirs, ses doutes, ses réussites, ses échecs, ses pulsions, exposant un large panel de sentiments et d'émotions. Comme le souligne la productrice Nicole Collet, ces trois enjeux permettent également d'offrir "une authenticité, une justesse et une humanité" à l'histoire. Cette dimension apporte un équilibre à la narration, faisant contraste avec la psychologie particulière de Manon qui cherche à troquer ses accès puérils de violence contre une maturité et une complétude personnelle.
Une double quête de liberté
Au-delà même de la sincérité de l'oeuvre, Manon, 20 ans forge le coeur de son intrigue autour d'une double quête de liberté, symbole d'une émancipation nécessaire pour la jeune femme. Guidée par ses deux relations amoureuses avec la charmante Jennifer (Déborah François) et le bienveillant Bruno (Théo Cholbi), Manon va tout d'abord tenter de renouer les liens avec sa mère. Une relation mère-fille fondamentale de la double trilogie qui trouvera, au terme de la série, sa résolution. Mais sa véritable quête réside dans son désir de retrouver son père, absent depuis sa naissance. Une épreuve intense exposant toute la souffrance de cette jeune figure féminine rongée par une douleur qui bouillonne en elle depuis son plus jeune âge.
Image et Compagnie / Canal+
Manon, 30 ans ?
S'il y aura une troisième trilogie ? "Probablement, mais il faudra attendre quelques années, il faut un âge charnière", confie Jean-Xavier de Lestrade. "Je pense qu'il est important de filmer des comédiens qui changent, qui portent leurs changements", ajoute-t-il. Pour lui, l'évolution des personnages passe avant tout par le développement personnel des acteurs. C'est ce désir de suivre la métamorphose de Manon à des instants décisifs de la vie, qui fait toute la particularité de l'oeuvre. Un regard qui se rapproche de celui du documentaire, milieu duquel est issu le réalisateur (Un coupable idéal, Parcours meurtrier d'une mère ordinaire...), et qui permet de donner une plus grande profondeur à la personnalité et la maturité des protagonistes. Une vision qui permet également à la série de s'éloigner de l'actualité et ses stéréotypes et de mettre en avant la sensibilité des mots, à savoir le véritable fil rouge de la double trilogie.
Rythmé par un cadre précis et une esthétique minutieuse, "Manon, 20 ans" se dévore avec contemplation et empathie afin de capter toute l'intensité de la jeune femme et, d'éventuellement, y projeter une part de soi-même.
