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    Born to Kill : la mini-série électrochoc sur la "naissance d'un serial killer" à découvrir sur Canal+

    Présentée en première mondiale à Séries Mania en avril dernier, la mini-série "Born to Kill" débute ce lundi 8 janvier sur Canal+. Le portrait fascinant et dérangeant d'un ado tueur en devenir dont nous avons discuté avec sa créatrice, Tracey Malone.

    Channel 4

    Après Docteur Foster, Liar, ou encore l'ultime saison de Broadchurch, les amateurs de thrillers britanniques vont sans aucun doute trouver leur compte grâce à la mini-série Born to Kill, diffusée au printemps dernier sur Channel 4 au Royaume-Uni, et qui arrive enfin en France sur Canal+ à partir de ce lundi 8 janvier à 21h. Une série bien écrite et bien interprétée qui donne un petit coup de fouet au genre des histoires de serial killers en faisant de son (anti)héros un adolescent en proie à ses désirs psychopathes refoulés.

    Portée par la jeune révélation Jack Rowan, dont l'interprétation et le charisme font des étincelles tout au long des 4 épisodes, cette série créée par Tracey Malone et Kate Ashfield nous plonge en effet dans le quotidien de Sam, un garçon de 16 ans plutôt normal en apparence, qui est élevé par une mère célibataire et qui pense que son père est mort dans un accident. Mais alors qu'il commence peu à peu à voir clair dans les secrets que sa mère lui a cachés toute sa vie et qu'il fait la rencontre d'une jeune fille qui pourrait bien partager sa vision "sombre" de la vie, quelque chose bascule dans la tête de Sam et ses pulsions meurtrières commencent alors à s'exprimer.

    Suite à la projection des deux premiers épisodes en avant-première mondiale à Séries Mania en avril, nous avons pu rencontrer l'une des deux scénaristes de la série, Tracey Malone, qui a notamment travaillé sur Affaires non classées et Rillington Place. Elle nous a, entre autres, parlé de ce qu'elle avait envie d'explorer avec cette série choc, qui ne devrait laisser personne indifférent, et est revenue sur l'un des thèmes central de Born to Kill : la question de l'inné ou de l'acquis dans le comportement des meurtriers. Car c'est aussi là tout l'intérêt de cette mini-série fascinante : Sam est-il né psychopathe, foncièrement "mauvais", ou ses pulsions sont-elles le résultat d'une vie de famille instable ?

    AlloCiné : Comment vous est venue l'idée de Born to Kill ? Qu'est-ce que vous aviez envie d'explorer avec cette mini-série ?

    Tracey Malone : Kate Ashfield, avec qui j'ai co-écrit la série, et moi-même sommes toutes les deux fascinées par la part d'obscurité qui se cache en chacun de nous, et par le fait de tenter de découvrir d'où vient cette obscurité. L'idée de savoir si cette noirceur est plutôt liée à l'inné ou à l'acquis. Et puis nous avons toutes les deux des enfants qui sont désormais en âge de nous cacher des choses. Alors nous avons commencé à réfléchir à l'histoire de Sam, un adolescent qui tout doucement se transforme en meurtrier. Nous avions envie de nous pencher sur ce qui le pousse à tuer, et de voir si cette folie meurtrière pouvait être stoppée, maîtrisée, ou si tout cela était tout simplement inévitable.

    Sans trop en dévoiler, est-ce qu'on peut dire que, dans la mesure du possible, la série finit par répondre à la question de l'inné ou de l'acquis à la fin des 4 épisodes ?

    Oui je crois que l'on finit par prendre position, par donner des éléments de réponse, même si c'est très compliqué car la question de l'inné et de l'acquis en psychologie fait débat depuis très longtemps, d'autant plus que l'éducation des enfants par les parents est faite de ces deux éléments en fin de compte. (...) Au début de Born to Kill, on imagine évidemment que c'est dans la nature de Sam, dans son ADN, puisqu'on introduit le personnage de son père, et tout le passé trouble qui va avec. Mais je ne veux surtout pas spoiler, alors disons simplement que c'est une question essentielle de la série, que l'on explore tout au long des épisodes, et qui trouve une certaine résolution.

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    Avez-vous fait beaucoup de recherches pour construire le personnage de Sam ? Avez-vous fait appel à des psychologues ou à des psychiatres, pour vous aider à façonner sa personnalité ?

    Nous avons beaucoup lu. Nous voulions comprendre ce que ressentent les psychopathes, à quoi ressemble leur quotidien. Et nous avions deux consultants psychologues, au moment de l'écriture et sur le tournage, en plus de divers médecins et scientifiques que nous avions rencontrés en amont. Nous avions besoin de cet éclairage pour construire notre histoire, notamment en ce qui concerne la question de l'inné ou de l'acquis chez les meurtriers.

    Au cinéma ou dans les séries, nous sommes surtout habitués à la figure du tueur en série adulte, qui vit reclus, en marge de la société. Pourquoi avoir fait le choix, moins répandu, d'un tueur adolescent ?

    Nous voulions que les téléspectateurs puissent s'investir dans cette histoire, s'attacher en quelque sorte au personnage, d'une manière qui n'aurait pas été possible si Sam avait été plus âgé. Avec un tueur plus vieux, la proximité entre le public et le personnage n'aurait pas été la même. Les gens se seraient dit "Il peut s'occuper de lui-même, il n'a pas besoin de notre compassion". Nous avions envie de remonter à la racine du Mal. Avec Sam, nous assistons à la "naissance" d'un tueur en série, qui doit gérer les effets de la puberté, en même temps que ses accès de folie meurtrière. C'est un personnage qui se pose plein de questions, comme tous les adolescents. Et alors qu'il commence à perdre pied, il rencontre une fille qui attire son attention. Et au même moment le secret que sa mère a gardé pendant toutes ces années commence à être menacé. Et tout ça l'amène à perdre le contrôle un peu plus.

    Vous avez co-écrit la série avec Kate Ashfield. Est-ce qu'il a été compliqué de créer le personnage de Sam à deux ? Je suppose qu'il n'est pas toujours simple d'être d'accord sur l'évolution que l'on veut donner à tel ou tel aspect d'une histoire...

    En fait, étonnamment, nous n'avons jamais été en désaccord. C'est assez rare, je sais. Mais c'est la vérité. Sam nous est apparu très rapidement, et très naturellement. Nous savions que nous voulions un héros adolescent, vivant dans un endroit tout ce qu'il y a de plus commun, avec un père "absent", et une mère qui l'élève seule. Nous le voulions vulnérable, et à la fois dangereux. Charmant et superficiel. Un adolescent qui porte un "masque" en permanence, et qui parvient à être un acteur fantastique dans sa vie de tous les jours. Et d'une certaine manière c'est épuisant pour lui, car toute sa vie n'est qu'une fiction qu'il s'est inventée.

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    Même s'il n'est pas question ici d'une fusillade dans un lycée ou d'une tuerie de masse, on pense forcément un peu au film We Need to Talk About Kevin en voyant la série. Dans le sens où l'on est face à l'histoire d'un jeune meurtrier qui est explorée à travers le prisme de l'intime, de la vie familiale, et de la relation entre cet adolescent et sa mère. Est-ce que le film de Lynne Ramsay a été une inspiration pour vous ?

    Pour être honnête, je n'ai jamais vu We Need to Talk About Kevin. Mais je sais que l'histoire débute alors qu'il est plus jeune, qu'il est enfant. Sa mère commence à voir certains signes, ou se rappelle certains événements en se disant qu'elle aurait dû voir certains signes, si je ne me trompe pas. Elle se doute qu'il y a probablement quelque chose qui ne tourne pas rond chez son fils. Dans Born to Kill, Jenny, la mère, est une victime elle-même, qui a été la proie de la violence de son ex, le père de Sam. Elle se raccroche tellement au fait qu'elle est une victime, et que son fils est aussi une victime, qu'elle fait tout pour le protéger. Elle le couve, et elle ne voit pas les signes, ou elle ne les cherche tout simplement pas. Et puis Sam est un tellement bon comédien qu'il n'y a en fait pas tellement de signes à voir. Il s'est forgé ce masque dès son plus jeune âge. Donc oui, il y a probablement des similitudes, mais je crois que ce sont deux approches différentes en fin de compte.

    L'une des grandes forces de la série réside vraiment dans l'interprétation exceptionnelle de Jack Rowan, le jeune comédien qui incarne Sam. Il est à la fois charismatique, magnétique, charmeur, inquiétant, et glaçant. Il s'est tout de suite imposé comme une évidence à vous lors du casting ?

    Nous avons auditionné une centaine de jeunes acteurs. Mais lorsque nous avons vu Jack, nous avons tout de suite su que c'était lui. Il était vraiment incroyable. Il a un côté caméléon, qui parvient à passer d'une émotion à une autre en un instant, sans aucun effort, et sans que cela ne sonne travaillé, ou forcé. Nous n'avions jamais vu quelque chose de pareil. Il parvient à allier noirceur, vulnérabilité, et séduction. Et quand il sourit ou qu'il enlace sa mère, on croit vraiment qu'il va parvenir à s'en tirer sans être jamais suspecté de quoi que ce soit. Jack est exceptionnel. Je crois qu'il est parvenu à vraiment comprendre ce qu'est un psychopathe, et à le retranscrire à l'écran.

    Beaucoup de très bonnes séries anglaises sont des mini-séries, qui n'appellent donc à aucune suite. C'est aussi le cas de Born to Kill ? Une saison 2 n'est pas envisageable en cas de succès ?

    Non, c'est vraiment un one-shot. Il n'y aura pas de saison 2. L'histoire que nous avions envie de raconter est bouclée à la fin des 4 épisodes.

    La bande-annonce de Born to Kill, qui débute demain soir en France sur Canal+ :

     

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