JFK - Réalisé par Oliver Stone - Sortie le 29 janvier 1992
Avec Kevin Costner, Tommy Lee Jones, Laurie Metcalf
DE QUOI ÇA PARLE ?
Suite à l'assassinat du président John F. Kennedy, le procureur de la Nouvelle Orléans, Jim Garrison remet en cause le rapport du commissaire Warren. Ce dernier avait clôturé l'affaire en trouvant le parfait coupable, Lee Harvey Oswald. Pourtant avant d’être abattu par un tireur isolé, le suspect avait toujours nié sa culpabilité. Pour Garrisson, il est impossible que l’homme ait agi seul. Persuadé qu'un complot se trame, Garrison explore des pistes occultées et comprend vite que la CIA, le FBI et le Pentagone ont joué un rôle déterminant dans cette affaire. Prêt à tout pour faire éclater la vérité au grand jour, le procureur devient très vite l'homme à abattre.
UNE POLÉMIQUE POUR UN FILM SALUTAIRE
À sa sortie en 1991, JFK a suscité une vive polémique. Walter Cronkite, célèbre journaliste télévisé américain qui a rythmé l’information dans les foyers US pendant plus de vingt ans (et qui apparait sous formes d’archives dans le film), a déclaré au critique américain Roger Ebert : "il n’y a pas une once de vérité dans ce que je viens de voir". En fait, on a beaucoup reproché à Oliver Stone d’avoir intentionnellement rajouté des faits, et malmené les faits historiques. La thèse défendue par le cinéaste est la suivante : JFK a en fait été victime d’un coup d’état, dans lequel le Vice-président, Lyndon B. Johnson, aurait trempé, dans le but avoué d’avoir les mains libres pour déclencher la guerre du Viêtnam.
Mais, le plus important sans doute, est que le film eut un vrai impact politique. En décembre 1991, Stone projeta son film aux membres du Congrès. Cela a conduit à une loi votée en 1992 : "l’Assassination Materials Disclosure Act" ; une loi visant à déclassifier –et donc rendre public- certains documents relatifs à l’assassinat de JFK. C’est une avancée très importante. Une enquête sur l’assassinat et les investigations menée par ce même Congrès, entre 1976 -1979, avait établi une "probable conspiration dans l’assassinat de JFK" selon les propres termes de son rapport, et avait demandé au Département de la justice de pousser plus avant les investigations…Demande qui est restée lettre morte.
À LA RECHERCHE DU PROCUREUR
Pour endosser le rôle du procureur de la Nouvelle Orléans, Oliver Stone n'a pas choisi dès le départ Kevin Costner. Il a envisagé au départ Mel Gibson, qui a décliné l'offre, puis Harrison Ford, qui a fait de même. James Woods, qui avait tourné avec Stone Salvador en 1986, était de son côté très intéressé pour jouer le rôle-titre. Une collaboration qui n'a pu se faire pour des raisons de profondes divergences artistiques : Woods estimait que le film devait clairement s'orienter vers un Biopic de Garrison, tandis que Stone avait au contraire une idée bien précise dès le départ; celle de faire de JFK un film d'enquête, comme un thriller.
Les noms de Jeff Bridges et Nick Nolte ont circulé aussi mais rapidement écartés : Bridges parce qu'il a été jugé pas assez bankable et Nolte a été jugé trop vieux. Finalement, Stone envoie le script à Kevin Costner, qui dans un premier temps ne se montre pas plus intéressé que cela. C'est sur l'insistance de son agent, le célèbre Michael Ovitz, que Costner consent à jouer dans le film. Un choix largement facilité par le triomphe de l'acteur - réalisateur avec Danse avec les loups, couronné par 7 Oscars.
DES SOUCIS D'AUTHENTICITÉ
Donnant sur le carrefour de Dealey Plaza, la Texas School Book Depository est un endroit capital dans l’assassinat de JFK. En effet, selon la version officielle retenue par la commission Warren, c’est de la fenêtre du 5e étage de ce bâtiment que Lee Harvey Oswald aurait tiré trois balles avec son fusil Mannlicher-Carcano, accréditant la thèse du tireur isolé. Dans un souci d’authenticité, la production a voulu tourner dans le bâtiment.
Après d’âpres discussions, la direction accepta, mais fixa des conditions draconiennes : tournage uniquement à des heures précises en journée, pas plus de cinq personnes de l’équipe du film en même temps dans le bâtiment. Elle demanda en outre l’exhorbitante somme de 50.000 $ pour laisser la production tourner devant la fenêtre même où Oswald aurait tiré. Et pour transformer l’immeuble comme en 1963, il a fallu négocier cinq mois supplémentaires. Ce souci d’authenticité a également poussé la production à tourner dans le garage de la police de Dallas, à l’endroit même où Oswald fut tué à bout portant par Jack Ruby 48h après son arrestation.
VERSION DIRECTOR'S CUT
Dix ans après la sortie du film, Oliver Stone décida de sortir, à l’attention du marché vidéo, une version Director’s Cut de son oeuvre. D’une durée initiale de 189 min, celle-ci fut portée à 206 minutes.
LES VRAIS PROTAGONISTES
Histoire sans doute d'entretenir un peu plus la confusion entre faits historiques et reconstitution, Oliver Stone a fait appel à certains vrais protagonistes de l'Histoire. À commencer par Jim Garrison lui-même, qui joue, ironie, le rôle de Earl Warren, le président de la Cour Suprême des Etats-Unis et président de la commission qui porta son nom, qui rendit ses conclusions infâmantes que Garrison a combattu. Après avoir vu sa vie brisée par les multiples procès auxquels il dû faire face ainsi que les obstacles délibérément mis par l'Administration sur sa route, Garrison s'est éteint en 1992.
Autre vrai protagoniste de l'affaire, que l'on aperçoit au début du film dans le café où Garrison se rend pour voir le bulletin d'information sur l'assassinat de JFK : Perry R. Russo, témoin clé qui affirma avoir assisté à une discussion entre Clay Shaw, David Ferrie et Lee Harvey Oswald. Accoudé au bar, c'est lui qui lance qu'"il faudrait donner une médaille à celui qui a assassiné Kennedy". Il y a aussi le cameo de Jean Hill, dans le rôle d'une sténographe enregistrant la déposition de... Jean Hill ! Décédée en 2000, elle fut un témoin occulaire capital à Dealey Plaza : c'est elle que l'on voit dans le film de Zapruder, habillée d'un manteau rouge, tandis que la berline présidentielle passe devant elle et que Kennedy a déjà reçu une balle en travers de la gorge.