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    Retour à Forbach : "un mouvement de questionnement politique au sens de la vie de la cité"
    Vincent Garnier
    Vincent Garnier
    -Rédacteur en chef
    Cinéphile omnivore, Vincent « Michel » Garnier se nourrit depuis de longues années de tous les cinémas, sans distinction de genres ou de styles. Aux côtés de Yoann « Michel » Sardet, il supervise la Rédac d’AlloCiné et traque les Faux Raccords.

    Avec "Retour à Forbach", le documentariste Régis Sauder éclaire la situation économique et politique de sa ville natale. Un constat implacable et lucide sur une dérive vers les extrêmes et une paupérisation galopante.

    Retour à Forbach est un film engagé sans être un film militant. On imagine un lent processus de maturation pour éviter de faire de votre film un tract politique. Quand avez-vous décidé de vous lancer dans ce projet ? Quel a été l'élément déclencheur ?

    Régis Sauder : J’ai commencé à réfléchir à un film sur la question de la transmission, de mes origines, de ce qui m’a construit il y a presque 10 ans. Puis j’ai fait d’autres films, sans doute parce que le moment n’était pas encore venu pour moi d’opérer cette auto-socio-biographie filmée. Puis le premier tour des élections municipales de 2014, avec l’arrivée en tête du Front National, a été un choc. J’ai alors écrit une tribune dans la presse entre les deux tours pour appeler à faire barrage à Florian Philippot. C’était le premier acte de mon retour. J’ai décidé de me lancer dans ce film.

    Sans jamais vous mettre en scène, vous racontez votre histoire avec Forbach. Quelle relation entretenez-vous avec cette ville ?

    Le film tout entier raconte la relation que j’entretiens avec la ville. "J’ai quitté Forbach, mais Forbach ne m’a jamais quitté” est une phrase qui résume bien le lien qui m’unit à ma ville natale. Il est fait de souvenirs plus ou moins douloureux, mais il est plein d’amour et d’intérêt pour ce qui s’y passe. Si j’étais indifférent, je n’aurais pas fait ce film qui n’a pas été facile à réaliser. Je me sens concerné par ce qui se joue à Forbach, j’aime les gens qui y vivent, pas tous évidemment, mais j’y ai de la famille, des amis, comme partout y vivent plein de belles personnes.

    Vous prenez le contrepied de tous les clichés sur le retour aux sources...

    Le film n’est pas un retour aux sources au sens nostalgique du terme, qui valorise le passé ou qui tend à faire revivre un passé oublié. Mon retour est réflexif, il est un mouvement de questionnement politique au sens de la vie de la cité. Il regarde la ville au présent sans archives tout en se rappelant que la ville est traversée par une histoire qu’il convient de ne pas oublier, de transmettre.

    Ce que vous montrez est parfois l'expression d'une désolation. Où y a-t-il une forme d'espoir ?

    Le film suit un mouvement qui va du constat qui en effet est loin d’être joyeux, vers une forme de renaissance où je vois beaucoup d’espoir. Malgré les difficultés, des gens se battent, résistent, s’entraident. Les figures héroïques du film sont nombreuses, ce sont des héros bien humbles mais qui néanmoins accomplissent chaque jour des choses formidables. Le film est plein de ces combats passés et présents portés par des gens qui à Forbach comme ailleurs, ont l’intérêt général comme idéal. On y voit Flavia et Sandrine par exemple auprès de personnes réfugiées qui trouvent à Forbach un refuge. Pour moi l’espoir est là. Forbach a toujours été et restera toujours je l’espère une ville d’accueil.

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