Pinocchio (1940)
De quoi ça parle ?
Par une nuit étoilée, le vieux Gepetto achève sa dernière création : un pantin de bois qu’il baptise Pinocchio. Avec l’aide de la Fée Bleue qui lui donne vie et de sa conscience Jiminy Criquet, la marionnette tentera de devenir un vrai petit garçon.
Un mot sur le film
Comment poursuivre après le plus grand succès de l’Histoire en matière d’animation ? Voilà la question que se pose Walt Disney en 1937, loin de se reposer sur ses lauriers et toujours à la recherche de nouvelles idées. La réponse se trouve parmi les divers projets qui attendent déjà sur sa table de travail : Bambi, Pinocchio et Peter Pan. L’Oncle Walt arrête finalement son choix sur le petit pantin, à l’origine héros du conte pour enfants de l’Italien Carlo Collodi, et en passe de donner son nom au deuxième long métrage d’animation des studios aux grandes oreilles.
Après avoir acheté les droits d’adaptation, Walt Disney impose sa patte à l’œuvre de Collodi, transformant l’affreux garnement qu’était le Pinocchio du conte original en un personnage naïf et innocent, ce qui déplaira profondément aux membres de la famille de l’auteur. Mais ils auront beau engager des procès, Pinocchio n’échappera pas à la règle : quand l’Oncle Walt s’approprie une histoire, c’est bien connu, le public oublie l’original.
Et le petit pantin bénéficie d’un soin tout particulier. Disney en a les moyens et n’hésite pas déménager ses studios de Hyperion Avenue pendant la production du film. L’équipe s’installe alors à Burbank, dans des locaux beaucoup plus spacieux, aménagés dans un style art-déco, selon les instructions du patron. Le budget réuni pour Pinocchio représente par ailleurs le double de celui de Blanche-Neige, déjà considéré comme faramineux. Walt Disney ne cache pas ses intentions : il veut réaliser le film parfait, et faire passer son précédent chef-d’œuvre pour un coup d’essai.
Une fois encore, Monsieur Disney atteint ses objectifs. Encore aujourd’hui, les experts s’accordent à considérer Pinocchio comme le film d’animation probablement le plus abouti jamais réalisé par les studios. Selon les animateurs Frank Thomas et Ollie Johnston, tous deux à l’œuvre sur le film, ce dernier constitue une prouesse graphique et artistique jamais surpassée.
La partition du film n’est pas en reste, qui rassemble des thèmes désormais universels, et notamment le célèbre When I wish upon a star, qui devint rapidement le jingle officiel de la maison aux grandes oreilles.
Mais si spectateurs et critiques n’en finissent plus d’applaudir la performance, Pinocchio est malheureusement un échec commercial et marque le début d’une longue période de troubles financiers pour l’Oncle Walt. Les prémices de la Seconde Guerre Mondiale stoppent net la carrière du petit pantin, et il faudra attendre plusieurs années pour que l’Europe encense à son tour le deuxième diamant des studios Disney.
Le saviez-vous ?
- Le graphisme définitif de Pinocchio réclama de longues heures de travail acharné. Sous l'impulsion de Joe Grant, le travail commença en 1937 avec un Pinocchio longiligne et maladroit. Walt Disney trouva cette version trop exubérante et manquant d'intérêt. L'été 1938, une nouvelle approche du personnage vit le jour. On y découvrait un pantin doté de larges mains en bois. Un modèle en dur fut créé à partir de ces esquisses, afin d'être photographié aux côtés de Christian Rub, le comédien qui servit de modèle et prêta sa voix au vieux Gepetto. En fin d'année, les directeurs de l'animation Fred Moore et Frank Thomas s'attelèrent une nouvelle fois à redessiner Pinocchio. Chacun apportait sa touche personnelle : pour Moore, ce furent l'innocence, les proportions humaines et le remplacement des larges mains par de plus esthétiques gants à trois doigts. Frank Thomas en revanche se tourna davantage vers les expressions faciales, arrivant à en trouver près de 60 différentes. Enfin, ce n'est qu'en février 1939 que le directeur de l'animation Milt Kahl mit au point le graphisme définitif du personnage : un petit garçon potelé et naïf, avec sur sa tête un chapeau tyrolien.
- L’animateur Ward Kimball, chargé de la conception de Jiminy Criquet, ne fut jamais satisfait de ses esquisses, jusqu’à ce que Walt Disney lui demande de faire du personnage une figure attachante, et qui s’éloigne de son aspect original d’insecte difforme. Le résultat fut tellement réussi que Jiminy Criquet devint rapidement l’une des mascottes de la maison aux grandes oreilles, multipliant les apparitions dans Coquin de printemps, ainsi qu’à la télévision.
- Plusieurs scènes du film ont été coupées lors du montage final. Ces séquences oubliées contiennent notamment des images supplémentaires de l’Ile aux Plaisirs, ainsi qu’une scène durant laquelle Gepetto présente à Pinocchio son grand-père, qui se révèle être un pin.
- C’est le doubleur Mel Blanc, interprète des célèbres Bugs Bunny et Daffy Duck, qui a prêté sa voix au chat Gédéon, comparse de Grand Coquin dans le film. Les réalisateurs décidèrent cependant de retirer la parole au personnage au dernier moment et la voix de l’acteur ne figure donc pas dans le film, hormis durant une scène où le chat est pris d’un violent hoquet.
- Le personage de Crapule, le garnement qui accompagne Pinocchio à l’Ile aux Plaisirs, est une caricature de l’animateur Fred Moore, qui travaillait aux studios Disney lors de la conception du film.
- La Fée Bleue a été crée grâce à la technique du rotoscope, déjà utilisée par les studios Disney pour animer le prince de Blanche Neige.
- Durant la scène d’introduction du film, on peut apercevoir quelques livres au-dessus de Jiminy Criquet. Les ouvrages portent les inscriptions Peter Pan et Alice au pays des merveilles : deux histoires que Walt Disney portera à l’écran quelques années après Pinocchio.
- Pour la séquence dans laquelle Pinocchio voyage au fond de l’océan, les animateurs ont ajouté deux plaques de verre et de l’eau entre la caméra et les cellulos pour donner aux spectateurs l’illusion que la séquence se déroule réellement sous l’eau.
(Re)découvrez la bande-annonce de "Pinocchio"...