Allociné : Qu’est-ce qui vous a inspiré, en plus des livres de G.R.R. Martin, pour développer cet univers ?
William Simpson : J’ai d’abord vu le scénario du pilote, puis j’ai très rapidement lu les romans de George R. R. Martin, pour pouvoir entrer dans cet univers. J’ai toujours adoré Conan - les nouvelles de Robert E. Howard, ça fait partie des choses que j’aurais adoré dessiner, mais que je n’avais fait, sauf pour moi-même. Et là, on était très proche de Conan, alors j’ai pensé que c’était absolument fantastique ! Aujourd’hui, je ne fais plus que des storyboards, car l’univers est bien en place, mais à l’époque c’était vraiment du concept art et j’avais conscience que ce que je proposais aidait vraiment à définir ce à quoi la série allait ressembler !
En quoi est-ce très différent de travailler sur des storyboards ou sur des comics ?
Dans l’art du comics, on essaie que chaque page soit la meilleure jamais réalisée, car elle doit exister en tant qu’oeuvre d’art. Sur la vingtaine de pages d’un comics, chacune doit être la plus parfaite possible dans le temps qui nous est imparti, c’est parfois très frustrant. Le storyboard est davantage comme les dessins préparatoire que l’on réalise pour une page de comics. Et il n’est jamais complètement achevé avant qu’on le voie à l’écran ! Le storyboard est un moyen, quand la page de comics est un fin en soi.
Qu’est-ce que ça fait de voir enfin l’univers qu’on a créé prendre vie à l’écran ?
C’est une sensation fantastique, car c'est un monde familier sur lequel on a beaucoup travaillé, mais il est tellement plus riche, avec tellement plus de détails ! On ne sait jamais exactement comment ça va être, quelles couleurs, l'atmosphère qui va s'en dégager... On croit le savoir, mais en fait, une fois qu'on regarde un épisode, on se dit : "Wow ! C'est incroyable !" Je trouve ça vraiment extraordinaire. Et même si je sais déjà tout ce qui va se passer, c'est toujours un immense plaisir de le découvrir à l'écran.
Pouvez-vous nous parler des personnages, et des monstres, que vous aimez le plus ?
J'ai toujours adoré dessiner Dany (Daenerys), parce qu'elle est mignonne, elle est facile à dessiner, mais mon personnage préféré du show est vraiment Tyrion. C'est vraiment le personnage que j'ai envie de voir survivre, alors que tout le monde meurt autour de lui. C'est indéniablement le plus humain : c'est celui que l'on tient toujours pour responsable, même lorsqu'il fait ce qu'il faut, et s'il prend les bonnes décision, ce n'est pas lui qui en reçoit le crédit. Ca pourrait être n'importe lequel d'entre nous. Et il est celui qui a encore une morale, dans ce monde complètement immoral. Lorsque tous les autres personnages sont mus par la convoitise et de grandes ambitions, on a le sentiment qu'il essaie juste de faire ce qui est le mieux. Il essaie de survivre. Pour ce qui est des monstres, je dois dire que j'ai beaucoup d'affection pour les Marcheurs Blancs puisque c'est moi qui les ai développés. Je suis parti d'un seul et unique paragraphe de description de G.R.R. Martin, dans le premier tome. C'est vraiment plaisant pour moi, d'avoir pu développer quelque chose d'aussi important pour la série, même si on ne sait pas vraiment où ça va mener. Je trouve ça brillant, la manière dont ils sont introduits dans la saison 1, puis qu'on ne les voie plus du tout jusqu'à la fin de la saison 2... Oui, les Marcheurs Blancs ont vraiment une importance particulière, pour moi.
Propos recueillis par Léa Bodin le vendredi 21 octobre 2016, au Comic Con Paris.