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    Charlie Brooker (Black Mirror) : "Nous sommes allés beaucoup plus loin parce que la réalité nous a presque rattrapés"
    Chaïma Tounsi-Chaïbdraa
    Chaïma Tounsi-Chaïbdraa
    -Journaliste streaming
    Experte en binge-watching et plateformes de streaming, Chaïma Tounsi s’amuse tous les soirs à zapper sa télécommande sur Netflix, Disney+, Canal+...

    La saison 3 de Black Mirror continue d’explorer notre rapport à la technologie dans six nouveaux épisodes disponibles ce vendredi sur Netflix. Nous avons rencontré à cette occasion le créateur Charlie Brooker et la productrice Annabel Jones.

    AlloCiné

    AlloCiné : La saison 3 de Black Mirror passe de trois à six épisodes. Comment avez-vous fait pour vous réinventer, trouver de nouvelles idées… ?

    Charlie Brooker : On voulait étendre l’univers tout en lui restant fidèle. Quand nous tournions les trois épisodes des dernières saisons, nous les considérions comme des films séparés. Le casting et le réalisateur changent à chaque fois. C’est pareil ici, nous avons juste vu un peu plus grand.

    Annabel Jones : Je dirais que c’est plus libérateur. On peut aller plus loin, se permettre des changements dans le ton, dans l’esthétique. Deux épisodes en l’occurrence risquent de vous étonner, ils ne ressemblent pas aux quatre autres. Le début va vous désarçonner un peu. Si on en avait fait que trois, le ton serait resté le même.

    Charlie Brooker : On ne voulait pas se répéter. On voulait offrir aux téléspectateurs ce pourquoi ils sont venus. Au cours de la saison, il y a certains écarts mais dans chaque épisode vous trouverez CE moment qui fait la force de la série.

    On a pu voir l’épisode 1 intitulé "San Junipero" avec Mackenzie Davis et effectivement, l’approche est … différente.

    Charlie Brooker : Les gens s’attendent à ce que Black Mirror soit déprimant mais on ne voulait pas faire dans le cliché. On a mélangé les genres un peu plus que d’habitude. Il y a aura toujours des histoires effrayantes mais elles ne vont pas forcément toutes mal finir.

    Annabel Jones : La fin de l’épisode que vous avez vu est vraiment ouverte à interprétation. Je sais que certaines personnes qui ont vu l’épisode ont quand même eu un gout amer. Le monde que l’on présente à la fin de San Junipero n’est pas aussi … satisfaisant qu’on l’imagine. Notre but est de faire des fins plus ou moins ambiguës ou du moins, ouvertes à interprétation.

    Laurie Sparham/Netflix

    Encore une fois, vous n’avez pas peur que tout cela devienne vrai ?

    A.J : Mais est-ce que c’est un monde si mauvais que ça ?

    C.B : La plupart du temps, c’est mauvais. D’une manière générale, nous avons prédit – accidentellement - certaines choses qui sont devenues réelles. J’espère que cette fois-ci, ce ne sera pas le cas parce que ça risque d’être horrible (rires). Nous sommes allés beaucoup plus loin parce que la réalité nous a presque rattrapés. Mais vous savez, la technologie n’est placé qu’en arrière-plan, on s’intéresse plus à l’aspect humain. Black Mirror c’est l’histoire de personnes qui a un moment donné font quelque chose qui va gâcher leur vie. On ne s’intéresse pas à un scientifique qui veut créer des robots et dominer le monde.

    A.J : Black Mirror est un drama centré sur l’humain. La technologie n’est qu’une manière pour nous de créer un monde, un décor. Ce qui se joue ensuite c’est une histoire très personnelle et très humaine.

    Si vous deviez choisir un épisode préféré… ?

    C.B : Oh non, c’est comme demander à un parent quel est son enfant préféré !! Ils sont tous très différents… Si on avait été dans le cadre d’une série normale avec les mêmes personnages, ce sera facile de choisir un épisode. Mais ici c’est compliqué car ils ont chacun un petit quelque chose. Je peux aimer un épisode pour telle raison et l’autre raison pour telle raison. J’aime "Blanc comme neige" parce que son histoire m’horrifie, y vivre serait un vrai cauchemar. Mais j’aime aussi "Bientôt de retour" parce que c’est un peu une histoire Tinder avec quelqu’un qui est en deuil. Je ne sais vraiment pas quoi répondre à cette question.

    David Dettmann/Netflix

    La saison 3 accueille un joli casting mais aussi de très bons réalisateurs

    C.B : Oui ! Il y a Jakob Verbruggen qui a notamment réalisé des épisodes de London Spy, The Fall et House of Cards. James Hawes qui a travaillé sur Undercover, Penny Dreadful, Doctor Who. Owen Harris et James Watkins seront de retour… Et il y a Joe Wright qui réalise "Nosedive". Ils ont chacun apporté une vision différente et de ce fait, chaque épisode est une expérience totalement différente.

    Propos recueillis à Londres le 7 juillet 2016.

     

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