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    Les héritiers de Jason Bourne

    Pour le personnage comme pour les scènes d'actions, la saga des Jason Bourne a marqué un tournant à Hollywood. Au point d'influencer toute une pépinière d'Action Heroes, tel celui d'"American Assassin", cette semaine au cinéma...

    James Bond version Daniel Craig

    Dans la veine captation d'héritage, c'est l'exemple le plus saisissant, puisqu'il est tout de même question de la plus vénérable des sagas, mythe moderne et référence absolue du film d'espionnage, brutalement sommée d'effectuer son plus spectaculaire aggiornamento — et on ne parle pas couleur de cheveux.

    L’ébouriffante poursuite inaugurale de Casino Royale avait, au-delà de sa fonction narrative, un but précis : montrer d’emblée que le James Bond nouveau version bulldozer n’avait rien à envier à Jason Bourne, voire qu’il aurait pu lui faire rendre gorge (cf. la musculature de Daniel Craig). Et de fait, Casino Royale figure indéniablement parmi les tout meilleurs épisodes de la série après être parvenu, sans évacuer trop brutalement le décorum, à moderniser le personnage en le tirant vers plus de réalisme (et moins de gadgets), plus d’humanité (entendre vulnérabilité, cf. sa relation avec Vesper Lynd ou la scène de torture), tout en s’alignant sur les normes du cinéma d’action redéfinies dès les deux premiers Jason Bourne — et notamment la radicalisation esthétique opérée par Paul "Bloody Sunday" Greengrass, d’une intensité peu commune. Menacé de se voir ringardisé par un espion soudain plus intéressant et attachant que lui, James Bond se met ainsi à jour… avant de basculer dans le too much avec Quantum Of Solace, qu’on eût dit traversé par un vigile en costard.

    Bien qu’il compte presque autant de détracteurs que de soutiens, Daniel Craig, remarquable acteur et vraie "gueule", est en tout cas venu éviter à 007 de s’éteindre dans le kitsch d’un Pierce Brosnan finissant. Reste que la formule a montré ses limites dès le deuxième opus, et que le plus célèbre espion de l’histoire semblait à la remorque de son rival cinématographique (comme l’héritier officiel lui-même, cela dit). Bien reçu par la critique, Casino Royale aura rapporté 594 millions à travers le monde (586 pour Quantum), soit plus que n’importe quel épisode de la trilogie emmenée par Matt Damon… Mais la hype sera restée du côté de cette dernière (un an plus tard sortait La Vengeance dans la peau).

    Concernant cette capacité à humer l’air du temps de la saga britannique, notons qu’elle ne date pas d’aujourd’hui, comme le rappelait à l’époque Deborah Lipp, auteur de The Ultimate James Bond Fan Book : "Tout agit sur la saga James Bond. […] Ils sont très en phase avec l’époque. C’est la même chose que pour Vivre et laisser mourir, qui était influencé par la blaxploitation, et que Moonraker, influencé par Star Wars. Bien sûr, Jason Bourne est une influence. Mais ce n’est pas une imitation."

    Ci-dessous, un exemple avec la course-poursuite située à Madagascar dans Casino Royale...

     

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