Katana, une super-héroïne chez les super-vilains
Regroupant les criminels les plus redoutables d’Arkham, la Suicide Squad ne fait pas dans la demi-mesure. Si ses membres se caractérisent par une vilenie assumée et une totale absence de scrupules, Katana échappe à la règle. Samouraï experte des arts martiaux et des armes tranchantes, elle perpétue des techniques de combats ancestrales, tout en restant fidèle aux valeurs du giri-ninjo, une conception humaniste du monde propre à la culture japonaise. Donnant l’impression d’être issue des vignettes d’un manga plutôt que de celles d’un comics, elle n’était pas prédestinée à intégrer la Suicide Squad. Et pourtant…
Triangle amoureux
À contre-courant de ses pairs, Katana ne se bat pas pour ou contre un idéal de justice, mais avec la volonté de venger l’honneur des siens. Une motivation familiale qui est à la fois la cause de sa prise d’armes et son principal moteur. Avant de nouer le bandeau blanc et rouge des samouraïs sur son front, Katana était une jeune femme ordinaire menant un quotidien sans histoire sous le nom de Tatsu Yamashiro. Tout bascule au moment où elle se fiance. Courtisée par Maseo et Takeo, deux frères, Tatsu donne son cœur au premier, ce qui plonge le second dans une violente torpeur. N’acceptant pas que la femme dont il est amoureux épouse son rival – bien qu’il soit son frère – Takeo déclenche sa fureur passionnelle à l’encontre du jeune couple.
Tatsu aura à peine le temps de mettre au monde ses jumeaux – fruits de son union avec Maseo – que ce dernier meurt sous le joug fatal de Takeo, qui le tue avec une épée surnommée Soultaker, la "Preneuse d’Âmes". Refusant de se cantonner au rôle passif de la veuve éplorée, Tatsu transforme l’immense peine ressentie en rage de vaincre et adopte le pseudonyme de Katana. Une référence au sabre traditionnel nippon qui devient, dès lors, son arme de prédilection et dont elle ne se séparera plus jamais. De cet acte fratricide tragique émerge ainsi une nouvelle super-héroïne.
Une outsider incisive
Du pays du Soleil-Levant à Markovburg (capitale de la Markovia, pays fictif d’inspiration soviétique), en passant par Gotham, Starling City et Los Angeles, la légende de Katana s’écrit dans le sang. Semblable à une lionne protégeant ses petits, cette mère courage fait front pour offrir à ses enfants un avenir plus sûr et réhabiliter la mémoire de leur défunt père, afin qu’il ne soit pas mort en vain. Si son mysticisme n’atteint pas celui de l’ensorcelante Madame Xanadu – qu’elle protègera au cours d’une de ses missions –, une réputation de femme instable la précède tout de même. L’explication vient de ses croyances, puisque Katana est convaincue que l’âme de son mari est contenue dans son sabre. Une conviction difficile à concevoir pour les super-héros occidentaux, mais fondamentale pour la jeune femme.
Tenace et sans peurs, elle s’illustre à travers divers sauvetages, qui lui valent d’intégrer plusieurs corps de justiciers. Elle est notamment affiliée à la bande des Outsiders, des Birds of Prey et de la Justice League. Menant ses propres combats en marge de l’assistance qu’elle prête fréquemment à Batman, Superman ou Black Canary, Katana a un cheval de bataille : les Yakuzas. Tandis que la combattive Japonaise a été déclinée dans nombre d’aventures live ou animées depuis sa création par Mike W. Barr et Jim Aparo en 1983, c’est sous les traits de Karen Fukuhara – dont c'est le premier rôle au cinéma – qu'elle apparaît dans Suicide Squad.