Le plan-séquence par Gus Van Sant
Le plan-séquence, c'est la marque de fabrique de Gus Van Sant et de sa caméra hyper-mobile. S'il l'avait déjà pratiqué dans Gerry, sa meilleure illustration en est Elephant, Palme d'Or en 2003, dans lequel le cinéaste utilise le plan-séquence pour accentuer l'idée du temps réel qui passe, d'un temps compté avant la terrible tuerie, un temps parfois même distendu par les ralentis. Gus Van Sant filme ses personnages de dos la plupart du temps, déambulant dans les couloirs de l'université, et ne coupe le plan que pour changer de point de vue et ainsi rendre compte des multiples trajectoires qui vont s'entrecroiser jusqu'à la scène finale.
Le choix technique s'allie ici à un véritable dispositif dramatique (une narration éclatée qui décrit le parcours de différents personnages) et esthétique (le travelling avant suivant le personnage de dos, ou la voiture en plongée, rappellent les jeux vidéo). Un des plans-séquences mémorables est celui accompagné par la Sonate au Clair de lune de Beethoven. On y découvre Nathan et Carrie, un couple qui finira tué dans la chambre froide de l'université. La séquence de six minutes est en réalité parfaitement scindée en deux plans-séquences de trois minutes, l'un à l'extérieur, l'autre à l'intérieur de l'université. La coupe a beau être visible, elle s'oublie tant le dispositif est identique d'un plan à l'autre.