Certains films sont entrés dans l'Histoire du cinéma notamment grâce à des plans séquences d'anthologie. En voici Quinze.

Le plan-séquence hitchcockien : "La corde"

Lorsque Alfred Hitchcock adapte en 1948 cette pièce de théatre (La Corde), il a en tête de renforcer le huis-clos et le dispositif théâtral, mais en plaçant cette fois le spectateur "sur scène", au coeur de l'action. Pour cela, il a l'idée de tourner son film en un seul plan-séquence, respectant le déroulement de l'action en temps réel. Une telle pratique est cependant impossible à cette époque, Hitchcock étant limité par la durée de ses bobines de pellicule.

Le film est donc techniquement une succession de plans-séquences donnant l'impression qu'ils n'en forment qu'un. Cinq des coupes sont simplement masquées par la caméra qui passe régulièrement dans le dos des personnages. L'écran est ainsi bouché quelques secondes par un applat de couleur pendant lequel la coupe est faite. Quatre autres coupes sont franches et tout à fait classiques, brisant théoriquement l'unité du film. Paradoxe : alors que les coupes masquées devraient se faire oublier, l'astuce ne fait que renforcer leur visibilité, tandis que la grammaire cinématographique est tellement intégrée par le spectateur, que pris par la narration, il ne remarque pas les coupes dites "franches".

Ci-dessous, une vidéo montrant les raccords "invisibles" de maître Hitch.