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    Le cinéma : un sacré bon plan (séquence) !

    Certains films sont entrés dans l'Histoire du cinéma notamment grâce à des plans séquences d'anthologie. En voici Quinze.

    Le plan-séquence à la française

    En 1967, Jean-Luc Godard, qui a fait de la radicalité sa marque de fabrique, tourne un travelling latéral de sept minutes trente sur une route embouteillée pour le film Week-end. La scène est longue et assourdissante de klaxons. Le  spectateur - non sans ressentir l'ennui et l'agacement d'un automobiliste - observe les scènes absurdes de gens qui jouent au milieu de la route, ou s'engueulent. Le plan pourrait continuer ainsi des heures et il est difficile d'imaginer comment il va se terminer jusqu'à ce que la caméra de Godard panote légèrement sur la droite pour découvrir un vacancier excédé, dépasser à toute vitesse un accident sanglant et plusieurs cadavres démantibulés...

    En 2001, Gaspar Noé reprend le flambeau, et c'est Irréversible qui crée la polémique à Cannes à cause du plan-séquence central. Alors que le film privilégie dès le début les mouvements de caméra, Gaspar Noé brise cette esthétique en choisissant de montrer en plan fixe et en temps réel le viol de Monica Bellucci dans un tunnel. Par le biais du plan-séquence, il fait alors ressentir le viol presque physiquement au spectateur, dans toute sa durée et son horreur. Le spectateur devra subir ces neufs minutes fixes et frontales pour comprendre rétrospectivement la violence de la première scène du film, lorsque Vincent Cassel et Albert Dupontel éclatent la tête d'un homme à coup d'extincteur. En 2009 c'est le choix esthétique inverse que fait Noé avec Enter the Void, en oubliant les plans fixes et en réalisant des plans-séquences aux mouvements de caméra tout aussi improbables que ceux de Fincher...En plus trash.

    Comme le montre Irréversible, le plan-séquence est souvent utilisé pour marquer une rupture. C'est aussi le choix que fait Guillaume Canet dans ses Petits mouchoirs. En effet, l'ouverture du film se fait sur un long plan-séquence suivant Jean Dujardin qui titube dans une boite de nuit, puis en sort, enfourche son scooter et est fauché de plein fouet par un camion. Tout comme dans Snake Eyes, le plan-séquence tend le spectateur à appréhender le plan différemment et à se demander quel élément déclencheur va en provoquer la coupe. Chez Canet, c'est donc le choc ponctuel qui vient mettre fin à la durée tandis que chez Noé c'est l'extrême longueur qui vient rompre avec le montage cut.

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