Lettre de Catherine Deneuve à la rédaction de Vanity Fair
Catherine Deneuve est l’une des actrices les plus emblématiques du cinéma français. Adoubée dans tous ces rôles, que ce soit dans les comédies musicales de Jacques Demy ou encore plus récemment des les films d’Emmanuelle Bercot. La qualité de ses interprétations lui donne encore aujourd’hui l’accès au devant de la scène médiatique. Elle est notamment nominée pour le César de la meilleure actrice dans le dernier film de la réalisatrice, La tête haute, qui a récolté quant à lui pas moins de huit nominations.
Parfois mal jugée, beaucoup lui ont attribué une arrogance et un mépris face à la nouvelle génération d’actrices. Dans cette brève missive, l’actrice dément ces bruits de couloir et déclame haut et fort son amour pour les actrices.
«J'aime les actrices et j'aime Isabelle Adjani»
[Sans date]
Madame,
Je viens de lire dans le Vanity Fair du mois de novembre un article sur la Reine Margot dans lequel je suis incriminée pour le rôle que j'aurais joué à Cannes pendant le festival, empêchant Mademoiselle Adjani d'être nommée pour le prix d'interprétation féminine. C'est me prêter beaucoup de pouvoirs.
J’ai déjà souffert à l’époque de ces rumeurs et je pense que vingt ans après, il aurait été souhaitable de s’informer d’avantage, pour un article de cette importance, sur la véracité de cette accusation.
J’aime les actrices et j’aime Isabelle Adjani.
Je vous laisse imaginer combien, à l’époque, cette mesquinerie a pu me toucher : c’est pourquoi je vous demande de publier cette lettre.
Ci-dessous, la bande-annonce de "La Tête haute"...
Tant qu'à rester sur la prose de Catherine Deneuve, on peut rajouter pour la route cette lettre ouverte adressée à Philippe Torreton, qui s'en était pris à Gérard Depardieu dans une violente tribune publiée dans le Journal Libération le 17 décembre 2012, intitulée : "Alors Gérard, t'as les boules ?"...Catherine Deneuve lui répond trois jours après.
20 décembre 2012
Monsieur Torreton…
Ce n’est pas tant Gérard Depardieu que je viens défendre, mais plutôt vous que je voudrais interroger. Vous en prendre à son physique ! A son talent ! «Ce gâchis» dont vous parlez… De quel droit, de quel souci démocratique semblez-vous animer votre vindicte salissante ?
C’est un homme vacillant que vous attaquez. Il ne donne en pâture que lui-même, une fuite en avant sans doute, des désirs matériels qui ne seront jamais assouvis et toutes ses activités qui doivent noyer son chagrin. L’homme est sombre, mais l’acteur est immense et vous n’exprimez finalement que votre rancoeur. Les «oublis» de Gérard valent bien les «monologues» de certains.
Ma colère est née de vos jugements à l’emporte-pièce : «son pinard», «ses douze téléphones»… Et de cette mesquinerie ordinaire qui vous agite tant. Qu’auriez vous fait en 1789, mon corps en tremble encore ! Quant à la parole officielle «déchéance, minable»… elle n’est pas digne d’hommes d’Etat. Je pense qu’il aura du mal à vivre ses choix, mais comme disait Voltaire, «je ne suis pas d’accord avec ses idées, mais je me battrai jusqu’à la mort pour qu’il puisse les exprimer» et ce n’est pas à vous de le juger !
Avec ma sincère déception.