De quoi ça parle ?
L'histoire de quarante ans de musique à travers les yeux de Richie Finestra, un producteur de disques qui tente dans les années 70 de faire renaître de ses cendres son label en trouvant de nouveaux sons et de nouveaux talents alors qu'il traverse sa crise de la quarantaine. Drogue, sexe, punk et disco deviennent son quotidien...
Vinyl est à retrouver chaque lundi soir sur OCS City à 20h55, 24 heures après la diffusion américaine sur HBO.
Comment avez-vous obtenu le rôle ?
Juno Temple : J’ai auditionné à New York et je n’en ai plus entendu parler pendant quelques mois avant qu’on me convoque pour un rendez-vous avec Martin Scorsese à Los Angeles, pendant la promotion du Loup de Wall Street. Je n’ai jamais été aussi stressée de toute ma vie ! J’ai auditionné pour lui et j’étais persuadée d’avoir loupé ma chance, au point d’appeler mon agent pour le prévenir que cela ne se ferait pas. Puis environ dix jours après, je me rendais à une soirée et il m’a appelé. Je croyais au départ qu’il tenait à s’assurer que je n’arriverais pas en retard mais en fait il m’a annoncé que j’avais décroché le rôle. Je n’y croyais tellement pas qu’il a fallu me le répéter plusieurs fois.
Que pouvez-vous nous dire sur votre personnage ?
Juno Temple : On m’a interdit de révéler quoi que ce soit (rires). Je peux vous dire que c’est un personnage fort, ambitieux, elle est très maline mais également très cool. C’est intéressant d’incarner une femme impliquée dans l’industrie de la musique des 70’s, qui était majoritairement masculine à l’époque. Etre une femme dans les années 70 n’était pas simple mais la société était en pleine évolution, avec la légalisation des méthodes de contraception, de l’avortement… Durant cette décennie, les femmes ont connu une importante libération sexuelle ce qui leur a permis d’entreprendre des carrières, et de ne pas se contenter d’occuper le rôle de femme au foyer. Dans le cas de l’industrie musicale, les femmes ont pu faire valoir leurs droits et ne plus avoir à coucher pour réussir. D’autant qu’après les mouvements hippie et Free Love des années 60, les femmes se sont émancipées et ont commencé à diriger des entreprises en envoyant chier ceux qui s’y opposaient. Jamie (ndlr : son personnage) en est l’exemple, puisqu’elle utilise aussi bien son cerveau que sa sensualité au service du label American Century. Dans le pilote, alors que beaucoup vont au concert des Nasty Bits et n’en retiennent que le bruit assourdissant, elle est l’une des seules à voir du potentiel en eux. Même si les réactions à leur musique sont négatives, elle constate qu’ils ne laissent pas indifférents et produisent sur la foule quelque chose de tout à fait inouï. Elle se dit qu’elle tient peut-être un énorme succès.
James Jagger : C’est un personnage très assuré, et il m’a fallu le faire évoluer pendant toute la saison tout en m’assurant que le public comprenne ce qu’il traverse. Il n’attire pas forcément la sympathie donc j’ai voulu lui apporter une once d’humanité qui permette de comprendre son passé, c’était primordial pour le rôle et cela a été mon principal défi. En collaboration avec les scénaristes, nous avons pu développer ce personnage et nous sommes au final satisfaits du résultat. Un autre défi fut de jouer la comédie tout en faisant de la musique. Par exemple, au cours d’une scène, je devais donner un concert en playback et cela avait l'air très simple, je n’avais qu’à me calquer sur une personne qui me donnerait le tempo en amont du tournage de la scène. Mais une fois que nous avons commencé à tourner, cela s’est révélé impossible à reproduire. Quand je le regardais faire, cela paraissait très simple mais une fois livré à moi-même je n’y parvenais pas (rires).
Qu’est-ce qui vous attire dans les 70’s ?
Juno Temple : Sexe, drogues et rock’n’roll bébé (rires) ! J’adore les looks de cette époque, la musique, les changements liés à la société de l’époque, l’état d’esprit général… J’ai beaucoup d’admiration pour les femmes de cette décennie, qui ont eu le courage de tenir tête et de s’affirmer dans la société. C’est une période qui m’inspire beaucoup et j’ai presque l’impression que nous avons depuis régressé et que la révolution connue à cette époque n’a pas porté ses fruits. Par exemple, un musicien comme David Bowie a vraiment marqué les esprits en ayant comme message de rester soi-même et d’assumer ce que l’on est, tout simplement.
James Jagger : J’ai toujours pensé que la musique des seventies était la meilleure. Je suis un grand fan de David Bowie, et je suis terriblement attristé par sa mort. Je suis également fan des groupes punk mais aussi de la musique disco. Mais depuis le tournage de la série, j’ai réalisé que derrière ces super tubes, il y a aussi beaucoup de morceaux ennuyeux. Beaucoup sont des morceaux réchauffés en hommage aux années 50, et c’était des chansons aussi paresseuses que peu inspirées. Ma vision des 70’s, c'est Alice Cooper, Iggy Pop…
Qu’avez-vous appris sur votre métier auprès de réalisateurs comme Martin Scorsese et William Friedkin (Killer Joe) ?
Juno Temple : J’adore être dirigée sur un plateau de tournage. Et travailler avec deux légendes du cinéma a été une vraie chance. Ces deux réalisateurs ont donné à beaucoup de gens l’envie de faire du cinéma, aux acteurs bien entendu, mais aussi aux costumiers, aux musiciens etc… Ce que j’ai appris à leurs côtés ? Tant de choses ! Quand on travaille avec de telles personnes, on veut que chaque moment compte. Je n’ai jamais voulu décevoir le moindre réalisateur avec qui j’ai travaillé mais l’énergie que l’on dépense avec des réalisateurs de leur trempe, et plus spécifiquement encore avec Martin Scorsese qui est une vraie pile électrique, permet de donner encore davantage, car il est tellement passionné par son métier que cela devient une source d’inspiration. Quand on travaille avec lui, on ne ressent plus la fatigue et on veut étendre au maximum l’expérience. C’est quelqu’un qui est proche de ses comédiens, et leur donne des instructions en personne sur le plateau, sans passer par des intermédiaires. Je suis une énorme fan de son travail et j’ai adoré travailler avec lui. Je ne réalise pas ma chance…
Marty a vécu ce que la série montre, c’est un véritable fanatique de la musique des 70’s. L’avoir sur la série avec Mick Jagger c’est incroyable car ils ont été des artistes majeurs pendant cette décennie. Terence Winter a su parfaitement retranscrire l’époque et leur implication dans la série a permis d’obtenir toute l’authenticité requise. Quand j’avais une question à leur poser, je savais par avance qu’ils auraient la réponse.
Votre rôle dans la série ressemble beaucoup à Mick Jagger : vous êtes-vous inspiré de lui ?
James Jagger : Je ne pense pas que cela soit le cas. Si vous suivez la série, vous verrez qu’il y a d’énormes différences entre mon personnage et la carrière de mon père. Les Rolling Stones ont rencontré le succès du jour au lendemain alors que mon personnage est quelqu’un qui galère dans le monde de la musique depuis tellement de temps qu’il est devenu amère et cynique. Il a travaillé avec plusieurs groupes mais a échoué à de multiples reprises. Il porte par conséquent un regard très négatif sur cette industrie et il a beaucoup de mal à se remettre de ses échecs. Il a tellement galéré qu’il en vient à détester tout ce qui l’entoure. Mais il existe des points communs bien entendu. Par exemple, mon personnage et mon père sont des êtres déterminés à réussir et travaillent très dur pour y parvenir.
Mon père ne m’a raconté tant d’histoires que ça sur son passé. Maintenant que je suis adulte je peux lui poser des questions mais auparavant ce n’était pas un sujet de discussion entre nous. Quand j’étais plus jeune, je n’évoquais pas cela avec lui car ce n’était pas quelque chose qui m’intéressait mais avec l’âge, on aborde plus facilement ces choses. Il m’a notamment beaucoup renseigné sur la situation politique et économique de l’époque. Ma vision des seventies était jusqu'ici idéaliste et naïve.