Avec le succès de Making a Murderer sur Netflix se dessine une nouvelle tendance dans les formats documentaire. Plus incisives et empruntant certaines spécificités à la fiction, ces créations redéfinissent le genre. En voici 5 exemples.

Mr. Death d’Errol Morris (1999)

Errol Morris, grand documentariste américain oscarisé avec The Fog War, a sans aucun doute renouvelé et relancé le genre. En 1999, il dévoile le documentaire Mr. Death, véritable histoire de Fred A. Leuchter un "ingénieur" américain missionné par le gouvernement pour améliorer les méthodes d’exécution. Ce négationniste s’est notamment rendu à Auschwitz pour prouver que l’Holocauste ne s’est jamais déroulé.

Parce qu’il trouvait ce personnage particulièrement passionnant, le réalisateur a voulu tourner un documentaire avec lui - où il a tenté de comprendre "comment des gens sont capable de croire quelque chose qui est faux, bien que tout prouve le contraire".

Avec Mr. Death, Errol Morris a mis en place de nouveaux procédés, inédits dans un documentaire. Il a ainsi créé le concept de "l'Interrotron" pour les interviews, dispositif composé de deux caméras qui permet à l’interviewé d’avoir un contact visuel avec l’intervieweur sans que celui-ci ne soit face à lui. L’interviewé s’adresse directement à la caméra, pour un face à face immersif avec le téléspectateur. Une technique qui permet par ailleurs à la personne de se livrer plus facilement.

Mr. Death est aussi remarquable au niveau de la réalisation. Errol Morris a usé de la réalité mise en scène pour offrir au téléspectateur un portrait du personnage le plus parlant possible. En introduisant une part de "fiction" dans son documentaire, il se réinvente et pousse plus loin le story-telling. Il suffit de regarder la bande-annonce pour se demander s’il ne s’agit pas là d’un film d’horreur de mauvais goût ou d’un format hybride plutôt attrayant. Bref, l’immersion est totale.