Mon compte
    Anders Danielsen Lie : Ce Sentiment de l'été aborde la "mélancolie du temps qui passe" comme Oslo 31 août

    Révélé par Oslo 31 août, le comédien norvégien Anders Danielsen Lie incarne un jeune homme terrassé par la perte de sa petite amie dans le drame Ce Sentiment de l'été de Mikhaël Hers.

    Pyramide Distribution

    Révélé par Oslo 31 août de Joachim Trier, dans lequel il incarnait un homme terrassé par ses démons, Anders Danielsen Lie est de retour au cinéma avec Ce sentiment de l'été de Mikhaël Hers. Une nouvelle fois époustouflant, le comédien norvégien joue un homme dévasté par le décès soudain de sa petite amie...

    AlloCiné : Est-ce que cela vous dérange si je vous dis que "Ce Sentiment de l'été" est, d'une certaine manière, une suite spirituelle d'"Oslo 31 août" ?

    Anders Danielsen Lie : (Rires) Oui je comprends que vous disiez cela. Pour moi il est dur de l'envisager de cette manière mais encore une fois je comprends que cela puisse traverser l'esprit. C'est sans doute dû au fait que je joue un personnage que l'on peut trouver similaire, sans être totalement identique. Il y a des différences profondes entre Lawrence (ndlr: son personnage dans Ce Sentiment de l'été) et Anders (ndlr: son personnage dans Oslo 31 août), notamment concernant leurs psychologies. Culturellement et socialement, il y a des similarités. Ils sont tous deux auteurs, même si Lawrence est davantage un traducteur médiocre. Les thèmes développés sont également similaires et abordent la mélancolie née du passage du temps.

    Ce lien entre les deux films est plus évident dans les thèmes qu'à travers les personnages. Ils abordent tous deux la mort. "Oslo" à travers la mort qui s'en vient. "Ce Sentiment" de la mort brutale à laquelle on ne peut se préparer...

    Vous avez raison... Personnellement je pense que Ce Sentiment de l'été parle moins de la mort que de la perte et les répercussions de cette perte sur les gens qui restent et sur leurs relations. La mort de Sasha a des conséquences sur Lawrence et Zoé (ndlr : incarnée par Judith Chemla). Cette perte change profondément leurs vies et leurs relations, lesquelle ne seront plus jamais les mêmes. Et même si Sasha est absente pour toujours, son fantôme continue de les hanter. Le film montre également à quel point la mort d'un être cher peut créer quelque chose, ou plutôt révéler une chose ce qui était sans doute déjà là, cachée. Pour lui, Sasha était l'ancre de sa vie. Quand cette ancre disparaît, il dérive... La mort soudaine de Sasha à Berlin est, c'est une évidence, la crise la plus importante de toute cette histoire. Ce n'était pas compliqué d'envisager son état d'esprit à ce moment-là. Personnellement c'était beaucoup plus compliqué de me projeter sur son état d'esprit un ou deux ans après, comme le film l'exige. Comment est-ce que cette perte l'affecte à cette période ? Je me rappelle avoir passé beaucoup de temps à me le demander. C'est la personnalité propre à Lawrence, sa psyché qui explique à quel point il peut encore être affecté par cette perte des années plus tard.

    Pyramide Distribution

    La délicatesse et les non-dits du film ont pour effet d'ouvrir de nombreuses interprétations. On pourrait voir "Ce Sentiment de l'été" comme une histoire d'amour qui ne dit pas son nom entre Lawrence, votre personnage, et Zoé, la soeur de Sasha...

    Si vous avez envisagé leur relation comme ambiguë, j'en suis heureux ! Il est impossible de ne pas projeter un peu de soi dans ce film. Ce n'est pas quelque chose que j'ai recherché particulièrement dans les scènes entre ces deux personnages. Je ne voulais pas que Lawrence tombe amoureux de Zoé, mais plutôt qu'il projette l'image de Sasha sur sa soeur. Je me rappelle avoir réfléchi à la nature de ma mélancolie dans la vie. Et j'ai réalisé que cettre mélancolie pouvait provenir parfois de détails ou de choses aussi ridicules que profondes. Par exemple, ma fille va bientôt avoir un an. Je réalise à travers elle, et de manière manifeste, le passage du temps. Cela déclenche en moi une forme de mélancolie, pas foncièrement négative. Le temps passe et je le vois sur le visage de ma fille. J'ai compris que c'était quelque chose que je pouvais utiliser pour mon personnage. Pour en revenir au film, quand quelqu'un me parle de cette dimension amoureuse entre Lawrence et Zoé, peut-être finalement que j'avais cela en tête... Il est affecté émotionnellement par Zoé mais il ne pourra jamais y avoir une histoire d'amour entre eux. Mais il y a une autre forme d'attraction entre eux.

    Il est impossible de ne pas projeter un peu de soi dans ce film.

    Les différentes ville présentées dans le film, Berlin, Paris et New York, ont un impact sur la teinte émotionnelle du film, d'autant qu'elles peuvent être rapprochées des différentes étapes du deuil...

    J'ai un rapport particulier avec ces villes. Berlin, Paris et New York m'affectent différemment. A New York, il y a toujours du bruit, beaucoup de bruit. On s'en rend encore plus compte lorsqu'on tourne là-bas. Il faut constamment pousser sa voix et certaines scènes sont très dures à jouer dans ce contexte. Il est compliqué de créer un dialogue intimiste alors qu'il y a toujours du mouvement et du vacarme autour de soi. Les villes ont un réel impact sur les émotions du film.

    Quel est l'impact de Paris ?

    J'avais déjà tourné à Paris pour Nouvelle Donne, le premier film de Joachim Trier. A l'époque, nous n'avions eu qu'une semaine de tournage ici. Et il s'agissait probablement de la semaine la plus intense émotionnellement de tout le tournage. Intense non seulement à cause des scènes que nous tournions mais aussi logistiquement. Mon image de Paris était liée à cette intensité émotionnelle. Je ne connaissais pas vraiment Berlin avant d'y tourner. Tout y était neuf, inédit, vierge. Aucun souvenir n'était lié à cette ville. Paris fait remonter à la surface tout cela. Le même phénomène se produit quand je tourne à Oslo, où j'ai tant de souvenirs. Je ne suis pas neutre émotionnellement dans ces villes. Les villes ont un impact émotionnel sur moi. Lorsque nous avons tourné ici pendant deux semaines pour Ce Sentiment, je résidais à côté du Parc des Buttes-Chaumont, qui était un des lieux les plus importants de Nouvelle Donne et notamment par rapport à l'histoire amoureuse des personnages. Tous les souvenirs liés à ce film me sont revenus une fois là-bas pour Ce Sentiment. Il était impossible de ne pas être affecté.

    Propos recueillis par Thomas Destouches le jeudi 14 janvier 2016 à Paris

    "Ce sentiment de l'été" est visible en salles depuis ce mercredi 17 février :

     

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top