Le cas épineux de Disney
Ce n'est pas franchement une découverte. La firme aux grandes oreilles va régulièrement puiser son inspiration en piochant parfois dans les idées des autres ou supposées comme telles. Le dernier exemple en date, c'est la Reine des neiges. Plus d'un an après sa sortie en salle, le film faisait l'objet d'une plainte pour plagiat de la part d'une écrivaine du Koweït. Une certaine Muneefa Abdullah prétendait en effet que Disney et la scénariste Jennifer Lee n'ont fait que copier l'une des histoires de son livre Les Nouveaux contes de fées, intitulée "La Princesse des neiges" et dans laquelle une jeune femme est dotée de pouvoirs magiques lui permettant de transformer des objets ou personnes en glace.
Selon la romancière, "des éléments clés de l'intrigue, des personnages, des thèmes (...) de La Reine des neiges présentent d'importantes similitudes avec La Princesse des neiges, et que de telles similitudes font davantage songer à une copie qu'à une création indépendante ou une coïncidence."
Or, comme le stipule le procès-verbal établi dans le Michigan, Muneefa Abdullah n'a "jamais autorisé [Disney] à copier, distribuer ou diffuser publiquement Les Nouveaux contes de fées ou La Princesse des neiges, ni à faire des travaux dérivés de ceux-ci."
Flashback
En 1994, lors de la sortie du Roi Lion, les studios Disney furent accusés d'avoir plagié Le Roi Léo, une série japonaise tiré d'une BD signée Osamu Tezuka. Les fans de l'oeuvre de Tezuka protestèrent en masse. Ce n'est qu'en 1999 que Disney admet avoir copié ce classique du manga.
Ci-dessous, le générique d'ouverture de la série...
Pour son film d'animation Atlantide, l'empire perdu sorti en 2001, Disney s'inspire là aussi fortement d'une série japonaise pour son scénario : Nadia et le secret de l'eau bleue. On y retrouve ainsi les mêmes héros, le même voyage en sous-marin vers l'Atlantide et les mêmes méchants...
Ci-dessous, le générique japonais de la série animée...
Autre affaire : celle qui oppose Disney à un français, Franck Le Calvez, à propos du film Nemo. Auteur d'un scénario baptisé Pierrot le poisson clown, l'auteur se voit refuser par plusieurs maisons d'édition, au point qu'il décide de transformer son scénario en livre pour enfants. Lorsqu'il voit Nemo débarquer en 2003, il assigne Disney en justice pour contrefaçon. Auto-financées par Franck Le Calvez, les aventures de Pierrot avaient été publiées en 2002 et leur scénario déposé en 1995 auprès de la SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques), la marque étant quant à elle déposée auprès de l'INPI (Institut National de la Protection Industrielle). En mars 2004, la Justice française le déboute de sa demande.
Pour le juge de l'époque, Louis-Marie Raingeard, si la forme stylisée des personnages "est comparable, elle n'est pas pour autant similaire". Pierrot "apparait plus long et cylindrique (...) Les couleurs sont variables (...) Nemo se situe dans une gamme de rouge et Pierrot dans des gammes orangées (...) L'un a des écailles, l'autre pas (...) Si les deux personnages sont souriants, Nemo montre des dents et le sourire est proche de celui de l'humain, tandis que la bouche de Pierrot, édentée, reprend le sourire prêté à certaines représentations de dauphins".
Selon ses conclusions, il ne peut y avoir de confusion surtout auprès du jeune public "avisé et attentif". Pour le magistrat, "à supposer qu'une similitude ait pu être constatée, le droit d'auteur de Disney est antérieur", Pierrot apparaissant en septembre 2002 quand l'image de Nemo était déposée dès le mois de février de la même année.
A noter enfin, et c'est important, que Disney n'a jamais été condamné pour copie, plagiat ou contrefaçon.
Ci-dessous, l'affiche US du film, et l'illustration de couverture du livre :