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    Imba Means Sing : le chant et l'éducation pour les enfants africains au cœur d'un documentaire engagé
    Emmanuel Itier
    Emmanuel Itier
    -Correspondant
    Basé à Los Angeles, Emmanuel Itier accompagne AlloCiné sur les sorties américaines, en assurant interviews/junkets et couverture d’événements US.

    Le documentaire "Imba Mean Sing", disponible sur Itunes, se lance sur la tournée mondiale du Choeur des Enfants d'Afrique et défend le droit à l'éducation pour tous. Rencontre avec sa productrice.

    Le chant, l'éducation, l'avenir : des enjeux majeurs au centre du documentaire Imba Means Sing dont l'intégralité des profits seront reversés pour construire une école secondaire en Ouganda pour les enfants suivis par le long métrage. Rencontre avec une productrice habitée et bouleversée par ses "héros".

    Voir le film sur Itunes

    AlloCiné : Comment vous êtes vous retrouvée impliquée sur ce film et quelles étaient vos intentions?

    Erin Levin Bernhardt (productrice) : Juste après avoir fini mes études à l’université de Virginie, j’ai fait la connaissance du Choeur des Enfants d’Afrique. C'était il y a huit ans et demi. J’étais sur New York et je travaillais pour un groupe de musique indépendant, Dispatch. Il y avait un concert au profit d’oeuvres caricatives et le Choeur des Enfants d’Afrique chantait avec eux, car les fonds étaient destinés à des organisations humanitaires africaines. Quand j’ai fait leur connaissance, ma vie a basculé. C'était comme une révélation. Ils ont vraiment changé mon état d’esprit pour le meilleur, et depuis je tenais à raconter leur histoire. Mon but avec Imba Means Sing n’était pas juste de faire un beau film, mais de tenter de changer les choses. C’est mon souhait, et à travers les projections dans les festivals, je vois que ça marche, que ce film va inciter au dialogue et motiver le public à prendre la défense de l’éducation pour tous les enfants du monde comme un droit humanitaire.

    Quels ont été les principaux défis à affronter pour faire ce film ?

    Tout est défi quand vous faites un documentaire engagé comme celui-ci. D’abord, il y a un défi d’argent. D'autant que les philanthrope et investisseurs ont tous leur point de vue sur le film, il faut donc savoir écouter et être attentif à leurs besoins. Le montage est également un vrai casse-tête, pas facile d’arriver à la perfection que nous voulions. Et puis bien sûr de gérer une organisation avec vingt enfants africains en voyage à travers le monde. Ce n’est pas une mince affaire ! J’ai même été arrêtée une fois dans un aéroport. Et toute notre équipe a attrapé un méchant rhume car quelques enfants sont tombés malades alors que nous voulions leur montrer les premieres neiges au Canada... Parfois, nous ne trouvions pas d’essence pour arriver à temps sur certains lieux comme en Ouganda. Nous avons vécu des mariages et des funérailles, des moments de succès et de courage au delà des doutes et des difficultés. Ce fut tune aventure extraodinaire et inoubliable.

    Ce fut compliqué de travailler avec les enfants ?

    En fait, je dirais que ce fut le meilleur aspect de cette expérience. Nous sommes tous tombés fous amoureux de ces gosses ! Et bien sûr nous sommes unis pour la vie avec les "héros" principaux du film, Angel, Moise et Nina. La seule vraie difficulté fut au départ le barrage de la langue. La plupart des enfants ne parlaient pas bien l’anglais et il a fallu un certain temps pour qu’ils parviennent à s’exprimer correctement. Mais très vite, ils ont surpassé cette difficulté et ils ont aussi su ignorer la caméra pour nous donner des moments forts en émotions. Même pendant les longues journées de tournage, ces enfants communiquaient sans cesse une joie de vivre et une bonne humeur sans égale. Ce fut vraiment palpitant de vivre cette aventure unique avec eux.

    En tant que femme, est-ce que cela a fait une différence de produire ce film ? D’autant que vous avez dû tourner dans un environnement africain assez masculin.

    Ce n’est pas facile d’être une femme productrice dans un milieu controlé à 90% par les hommes ! Mais en même temps les choses changent et nous vivons, nous les femmes, une période de renaissance. D’ailleurs j’ai eu la chance de pouvoir engager une femme pour réaliser le film, et une autre pour le monter. Evidemment nous avons dû soulever des montagnes pour arriver à nos fins. D’autant que nous sommes des femmes dans la vingtaine et que notre jeunesse ne joue pas notre faveur : le business est non seulement dominé par les hommes, mais des hommes assez âgés avec un vision différente de la nôtre. Heureusement, nous avons rencontré beaucoup de personnes qui ont soutenu notre cause. Et puis il y a de plus en plus de cercles sociaux "féminins" ainsi que de festivals ayant pour priorité la Femme. Donc d’une manière générale, nous vivons des moments incroyables en tant que jeunes femmes dans le cinéma.

    Quant au tournage en Afrique, ce fut un défi en effet. Mais on nous considère comme des "muzungu", des blancs avant même d’être considérées comme femmes. Et c’est un vrai statut d’être blanc car les gens pensent que vous êtes riches et que vous pouvez leur venir en aide. Pas une seule fois nous ne nous sommes sentis en danger ou victimes de racisme. Nous avons touné au moment où il y avait des attentats à Nairobi, au Kenya. Et donc nous avons tout fait pour rester le plus loin possible des lieux pour "blancs" justement. Nous avons passé le plus de temps possible avec les enfants africains dans leurs villages.

    Quel impact souhaitez-vous pour ce film ?

    J’aimerais que le film soit au moins vu par un million de gens, et qu’au moins 1% soit 10,000 personnes se sentent motivés pour agir et changer les choses et le monde. Aujourd’hui, nous avons plus de soixante millions d’enfants sans accès à l’éducation... J’espère que ce film pourra changer ceci et inciter les gens à se battte pour offrir une éducation à tous les enfants du monde. Nous avons créé un large réseau d’associations pour aider les enfants à aller à l’école et également leur enseigner la musique. J’espère que ce film sera un tremplin pour continuer tous ces efforts.

    D’ailleurs ce film a eu un impact fort sur les enfant que vous verrez à l’écran. De faire partir d’un coeur de chant a changé leur destiné. Sans cette expérience, la plupart n’auraient jamais eu accès à une éducation. D’une manière générale, faire partie de ce film a donné à tous une confiance énorme, qui leur permettra d’avancer dans la vie et de surmonter toutes les difficultés sur leur chemin. Ces enfants ont changé ma vie et je ne serai jamais plus la même. C’est incroyable la joie et l’espoir qu’ils vous inspirent. Nous avons tellement de chose à apprendre d’eux.

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