"Odyssey: The Ultimate Trip" (1977) de Gerard Damiano
De quoi ça parle ?
Odyssey: The Ultimate Trip relate trois percées intenses dans la libido américaine des 70’s: les fantasmes d’un homme marié perdu dans une maison de passe psychédélique, les émois d’une femme qui révèle ses frustrations à sa psychiatre et les illusions perdues d’un jeune mannequin, devenue escort girl par dépit amoureux.
Pourquoi c'est cul...te ?
- Parce qu’Odyssey est l’exemple le plus réprésentatif de ce qu’était le porno new-yorkais de ces années-là, un porno cérébral qui, au risque d’apparaître sinistre, appelait plus à une méditation sur nos propres fantasmes qu’à un simple acte masturbatoire. Une expérience psychédélique à la fois angoissante et envoûtante.
- Parce que l’ambitieux Gerard Damiano, toujours lui, n’a définitivement pas son pareil pour créer les préludes aux scènes de sexe. Pour y parvenir, rien de tel qu’une direction d’acteur soignée et de nombreuses séances de répétition.
- Parce qu’Odyssey est une œuvre d’esthète qui peut parfois déconcerter mais à laquelle on ne peut reprocher ses nombreuses audaces visuelles et son atmosphère lynchienne.
- Parce qu’Odyssey présente cette originalité de jouer sur l’ambiguïté sexuelle. Pour s’en convaincre, la séquence d’orgie queer dans laquelle excelle la volcanique Vanessa Del Rio et celle où l’androgyne Sharon Mitchell s’évertue à nous exciter, travestie en homme.
- Parce qu’en optant pour un film à sketches – structure narrative d’ordinaire peu employée dans ce registre - Gerard Damiano évite l’écueil d’un scénario qui aurait pu être insipide.
Stars X...
Sharon Mitchell
Encore un sacré parcours de vie que celui de Sharon Mitchell ! Parallèlement à une carrière prolifique – on retiendra surtout ses prestations chez Damiano (Waterpower, Odyssey et Alpha Blue) ou au début des années 80 dans Blue Jeans, Night Hunger et Sexcapades – cette créature au visage émacié eut à endurer de terribles épreuves, une longue dépendance à l’héroïne et un viol atroce commis par un sataniste, avant de rebondir et d’entamer des études de médecine. Etudes qui l’amèneront à créer en 1997 le AIM Healthcare, association bénévole oeuvrant chaque mois au dépistage du virus VIH chez les acteurs pornos américains.
Vanessa Del Rio
Officiant de 1974 à 1986, la diva "outrancière" Vanessa Del Rio est connue pour être la première actrice latino à avoir percé dans le X américain. Son investissement dans le métier de hardeuse était tel que de nombreuses actrices, dont Sharon Mitchell, venaient chercher conseil auprès d’elle pour parfaire leurs performances. Considérée comme une véritable icône dans les communautés noire et hispanique, cette « dévoreuse » d’hommes se retira du circuit par peur de contracter le virus du Sida. Malgré cette forte popularité, la "bombe latine" ne parviendra jamais à sauter véritablement le cap du cinéma dit "traditionnel". Les fans devront se contenter d'apparitions guest star dans la série policière New York Police Blues et la comédie Soul Men (2008) aux côtés de Bernie Mac.