"The Story of Joanna" (1975) de Gerard Damiano
De quoi ça parle ?
Au début du XXème siècle, Jason, un riche aristocrate se sachant condamné par un cancer, propose moyennant finances à une belle jeune femme, Joanna, de devenir son esclave sexuelle durant quelques jours…
Pourquoi c'est cul...te ?
- Parce que, même si The Story of Joanna est peu connu du grand public, il est souvent considéré comme une œuvre maîtresse et incontournable pour l’ensemble de la profession et de la critique spécialisée.
- Parce qu’il s’agit de la meilleure adaptation de L’Histoire d’O de Pauline Réage qui ait été faite à ce jour. Rien à voir avec la version édulcorée et mièvre de Just Jaeckin sortie sur les écrans la même année…
- Parce qu’avec ce film, Gerard Damiano parvient à force de maturité à traiter avec une élégance et une cruauté rares du thème du sado-masochisme et de ses rites initiatiques. Tous ceux qui s’y étaient risqués jusqu’alors s’y étaient méchamment cassé les dents.
- Parce qu’avec son cadre romanesque et ses décors raffinés – à chercher dans les ruines de l’Exposition universelle de 1964 - The Story of Joanna marque l’avènement du “porno chic”, une tradition que l’on connaît bien en France avec les productions Marc Dorcel et des films beaucoup plus lointains souvent rivés sur les vicissitudes de la grande bourgeoisie comme Je suis à prendre (1977) de Francis Leroi ou Parties fines (1977) de Gérard Kikoïne.
- Parce qu’en faisant de nouveau l’héroïne de son film une jeune femme ordinaire à la fois brimée et victime consentante, Gerard Damiano consolide sa réputation de « féministe du porno ». Et c’est à ce titre qu’il s’inscrit à contre-courant des mythes du X américain qui étaient alors en train de se créer.
Stars X...
Jamie Gillis
Sans doute l’acteur masculin le plus emblématique et le plus respecté de cette parenthèse enchantée après le mythique John Holmes. Impeccable dans The Story of Joanna, il balada son flegme légendaire dans de nombreux opus X dont les plus célèbres et les plus barrés resteront Water Power (1977) – où il joue un violeur en série - The Ecstasy Girls (1979), 800 Fantasy Lane (id.) – où il s’adonne à de drôles de jeux de cirque - Co-ed Fever (1980), Dracula Sucks (1980) – il est ce Dracula - New Wave Hookers (1984) ou encore Lust on the Orient Xpress (1986). L’un de ses titres de gloire sera d’avoir initié en 1989 avec la série On The Prowl la mode du « gonzo » (assemblage de scènes pornos ne s’encombrant d’aucune trame scénaristique) mais en lui insufflant un vent de spontanéité et d’improvisation qui lui fait cruellement défaut aujourd’hui.
Le concept était simple : un passant quelconque était invité à monter dans une Limousine pour s’ébattre avec une starlette du X, le tout étant bien sûr filmé et les « pannes » étant souvent foison dans ce type de production. Si ces séquences vous rappellent quelque chose, c’est qu’elles ont en fait inspiré le réalisateur Paul Thomas Anderson pour la fameuse scène de Boogie Nights où Roller-girl, l’actrice porno jouée par Heather Graham, s’en prend violemment à un jeune homme censé lui faire l’amour dans une Limousine. Il est décédé le 19 février 2010 des suites d'un cancer de la peau.