Le Dictateur (1940)
De quoi ça parle ?
Dans le ghetto juif vit un petit barbier qui ressemble énormément à Adenoid Hynkel, le dictateur de Tomania qui a décidé l'extermination du peuple juif. Au cours d'une rafle, le barbier est arrêté en compagnie de Schultz, un farouche adversaire d'Hynkel...
Pourquoi faut-il le voir ?
Véritable classique du cinéma, Le Dictateur est une oeuvre unique réalisée dans des circonstances exceptionnelles. Imaginons toute l'audace qu'il fallut à Charlie Chaplin pour contrer l'idée de dictature et se moquer du régime nazi avant même que le monde entier n'ait conscience de ce qui était en train de se jouer... Chaplin a tout de même commencé l'écriture du Dictateur en 1938 et le film, produit par Hollywood, est entré en tournage en septembre 1939, une semaine après le début de la Seconde Guerre Mondiale et deux ans avant que les Etats-Unis ne se positionnent dans le conflit !
Le Dictateur, c'est aussi le premier vrai long-métrage parlant de Chaplin. Comme il en a le secret, il parle de tragédie tout en faisant de la comédie. C'est burlesque et très visuel et tout bonnement magnifique. Ce film parlant garde aussi toute l'empreinte magique du muet, notamment dans des scènes comme celles du globe où le jeu, la danse et la musique suffisent à faire comprendre ce qui se passe sans aucune parole. Le ressenti est d'une puissance phénoménale, on rit et on frissonne sous la menace. Et les larmes montent également aux yeux, notamment lors du discours final sur la liberté et l'égalité. Inoubliable discours d'un visionnaire et d'un humaniste qui fait encore, malheureusement, écho aujourd'hui.
"L'envie a empoisonné l'esprit des hommes, a barricadé le monde avec la haine, nous a fait sombrer dans la misère et les effusions de sang. Nous avons développé la vitesse pour nous enfermer en nous-mêmes. Les machines qui nous apportent l’abondance nous laissent dans l’insatisfaction (...) Il faut nous battre pour libérer le monde, pour renverser les frontières et les barrières raciales, pour en finir avec l’avidité, avec la haine et l’intolérance. Il faut nous battre pour construire un monde de raison, un monde où la science et le progrès mèneront tous les hommes vers le bonheur. Soldats, au nom de la Démocratie, unissons-nous tous !"
Le saviez-vous ?
Le numéro de prisonnier que porte Roberto Benigni dans La Vie est belle est le même que celui porté par le barbier juif de Chaplin dans Le Dictateur.
(Re)découvrez la bande-annonce du film :