La mère dépendante
Dans "Le Refuge"
Est-ce que les émotions que je vais jouer vont se transmettre à mon enfant ?
"J'ai accepté le tournage du Refuge tout en ayant des désirs précis que j'ai transmis à François Ozon, notamment sur la façon d'être filmée. Je ne voulais pas que cela soit trop intrusif, je ne voulais pas que l'on voit mes seins, mes fesses, mon sexe. Je voulais que cela soit pudique. Cette pudeur, il l'a complètement respectée. La caméra est toujours au bon endroit.
Physiquement c'était très difficile. C'était ma première grossesse donc j'étais inquiète forcément. On a tourné en deux fois. La première période où j'étais vraiment enceinte, puis la deuxième période, après mon accouchement : cela concerne les scènes avant la grossesse du film, une seule scène pendant où j'avais un faux ventre (lorsque je danse et me prends un coup) puis les scènes à la clinique, après donc.
Une question me revenait sans cesse : est-ce que les émotions que je vais jouer vont se transmettre à mon enfant ? Est-ce que cela va l'angoisser ? J'ai décidé alors de lui parler, de lui expliquer. J'avais peur aussi que lorsqu'il voit le film plus tard, il soit choqué d'avoir été en quelque sorte utilisé. Puis je me suis dit que c'était mon métier et que toutes les femmes enceintes bossaient, jusqu'à 8 mois. En outre, il grandira avec ce métier et aura le temps de le comprendre. Et puis la peur n'est jamais bonne conseillère..."
... désirante
Dans "Holy Lola"
Holy Lola, ce n'était pas un film mais une expérience inoubliable...
"Holy Lola pour moi, ce n'était pas un film mais une expérience inoubliable, très très choquante et en même temps forte et merveilleuse. Celle de passer deux mois dans les orphelinats au Cambodge. Et de travailler avec Tavernier. Sa culture, son amour fou démesuré et dingue pour le cinéma sont inoubliables.
En ce moment je joue une mère adoptive dans Comment j'ai rencontré mon père de Maxime Motte, avec François-Xavier Demaison. C'est un sujet merveilleux sur un couple qui adopte un petit enfant africain. Un migrant poursuivi par la police se réfugie chez ce couple qui habite au bord de la mer, près de là où les clandestins tentent de passer pour se rendre en Angleterre. L'enfant le voit et s'interroge sur ses origines, habité par le sentiment qu'il s'agit là de son père d'origine venant lui rendre visite. Il va complètement fantasmer là-dessus..."
...ou dépressive
Dans "Respire"
En tant que mère, le premier devoir est d'être à l'écoute...
"Une mère dépressive et autocentrée ! J'avais proposé à Mélanie Laurent d'accentuer ses réactions autocentrées au moment où sa fille (Joséphine Japy) oublie de prendre sa ventoline en lui faisant dire des choses comme "Tu ne me refais plus jamais ça!". Il fallait que l'on comprenne que cette mère ne voit pas ce qu'il se passe tant elle est dans ses problèmes. Il y a beaucoup de parents qui ramènent le truc à eux.
C'est un film vraiment intéressant, c'était formidable de jouer avec Joséphine qui est une superbe comédienne. La confiance de Mélanie Laurent, dans ses actrices, ses propres choix, son équipe... et toutes les improvisations que l'on a faites ! Cela vaudra le coup d'acheter le DVD de ce film. Quand on est maman, c'est un film qui touche encore plus car on peut adorer son enfant et manquer d'écoute terriblement. Or l'écoute est notre premier devoir..."
"Tout se joue avant l'accouchement vous savez..." : Isabelle Carré enceinte à la ville comme à l'écran