Après avoir décroché le prix Un Certain Regard à Cannes en 2012 avec Después de Lucía, le cinéaste mexicain Michel Franco intègre la Compétition Officielle avec Chronic, film âpre sur la fin de vie porté par un Tim Roth en état de grâce. L'équipe du film était en conférence de presse ce vendredi matin...
La genèse du film
Michel Franco (Réalisateur) : Une infirmière prénommée Béatrice s'est beaucoup occupée de ma grand-mère lorsqu'elle était malade. Elle était d'ailleurs revenue nous voir après le décès. Je lui ai alors posé beaucoup de questions, auxquelles elle a simplement répondu par un sourire. Cela m'a donné envie d'en faire un film. J'ai voulu en savoir plus sur la vie de ces personnages.
Tim Roth (Comédien) : Quand j'ai lu le scénario, on en a discuté avec Michel. Je ne savais pas comment aborder ce personnage. On a étudié la vie de ces infirmiers, la question de la fin de vie et les cliniques spécialisées dans ces traitements spéciaux. Cela m'a aidé à mieux comprendre le personnage. C'est un film très franc, simple, sans fioritures. J'étais un peu préoccupé parce que j'avais peur que le vrai sujet pâtisse du fait que je sois dans toutes les scènes. C'est aussi pour cela que j'ai souhaité l'interpréter de la manière la plus simple possible. Au final cela m'a beaucoup perturbé de jouer ce rôle.
Michel Franco : "A l'origine, le rôle principal devait être féminin mais je l'ai réécrit pour Tim Roth."
Michel Franco : Je travaillais sur le récit avant de rencontrer Tim. A l'origine, le rôle devait être féminin mais je l'ai réécrit. On est devenus amis à Cannes après mon prix pour Después de Lucía. Nous avons la même sensiblité cinématographique. Nous avons travaillé étroitement ensemble sur ce script. Je me souviens avoir reçu une réponse de sa part à peine deux heures après lui avoir envoyé. Il voulait en parler. Il n'y a aucun problème d'égo entre nous, tout est fort simple.
Tim Roth : Después de Lucía m'avait remué. On s'est rencontré et je lui ai demandé du boulot !
Michel Franco : On va faire beaucoup de films ensemble. Ce serait idiot de ne pas le faire !
Un personnage magnifique et discret
Michel Franco : Pour moi, le personnage joué par Tim est l'élément principal. Il donne beaucoup à ses patients et, même s'ils lui sont étrangers, il crée des liens affectifs. Ce sont des moments difficiles pour les familles. Mais c'est la vie. Je voulais montrer de façon objective à quel point ces moments sont compliqués et comment ce personnage aide, s'implique dans la vie des familles
Tim Roth : Evidemment ce n'est pas évident de jouer ce personnage, qui est lui aussi à un certain stade de sa vie. Il a ses traumatismes passés, d'où aussi le ton dans le film et son langage implicite. Il arrive dans la vie de ses patients à un moment critique, quand ils sont prêts à mourir. Il crée un lien avec des patients, un lien que la famille n'arrive même pas à édifier. Il fallait créer une note musicale décrivant ce jeu d'émotions, qui résonne pendant tout le film, d'autant qu'on ne voulait pas surjouer.
Michel Franco : Le film est une étude de personnage, il faut donc le découvrir petit à petit.
Michel Franco : "J'essaie d'éviter de penser à la mort... mais j'en ai tout de même fait un film !"
La mort
Michel Franco : J'essaie d'éviter de penser à la mort... mais j'en ai tout de même fait un film ! On sait que la mort est là et qu'on va tous mourir. Je pense que le cinéma est le meilleur art pour parler de la mort et de la fin de vie. D'ailleurs pourquoi ne pas en parler ? Le public est intelligent.
Tim Roth : Je suis favorable au suicide assisté. Mais c'est un thème complexe dans de nombreux pays. C'est de la folie d'imposer aux gens de souffrir autant. Poser la question à ceux qui y sont confrontés est intéressant
Michel Franco : Tim a parlé avec beaucoup d'infirmières. Il y a un grand débat sur l'euthanaise. C'est beaucoup plus commun et fréquent qu'on ne le pense.