Alors que son nouveau long métrage, Mountains May Depart, est officiellement entré en compétition ce mercredi 20 mai, le cinéaste chinois Zhang-ke Jia affronte une presse globalement séduite par ce mélo ambitieux...
Un film sur les sentiments
Depuis 3-4 ans j'avais cette volonté intense de faire un film sur les sentiments. J'ai accumulé beaucoup d'expérience dans ma vie et j'ai désormais une façon différente d'apprehender les choses . C'est sans doute dû à l'âge. Comme tout le monde, je suis comme un bon vin qui mûrit longuement...
De l'emploi de "Go West" des Pet Shop Boys...
La chanson Go West me replonge dans les années 90. A cette époque, j'étais le premier à attendre le week-end et c'était la chanson qui symbolisait le plus ce moment. Entre amis, à chaque fois qu'on l'entendait, on faisait une sorte de danse collective, C'était une sortie de rituel auquel je suis encore attaché. Cette chanson avait la puissance de nous envoyer partout dans le monde. Pour ce film, qui se déroule en partie à cette époque, j'ai tout de suite pensé à Go West.
Le temps au cinéma
On ne peut pas faire l'économie du temps. Pour Mountains May Depart, ça aurait même été impossible. On a besoin de temps pour exprimer la complexité de la vie. Quand j'ai écrit le scénario, je savais que chaque période devait être traitée différemment, je devais donc avoir une exigence particulière. 1999 devait refléter l'effervescence de la jeunesse, quelque chose de sucré d'une certaine façon. 2014 est une saveur teintée, plus âpre. Au fil des années, on sent poindre l'amertume. Je voulais utiliser la durée pour faire part de ces changements. Enfin, me projeter en 2025 était un moyen de changer de point de vue et de poser cette simple question "Qu'avons-nous fait de notre vie ?" Pour faire ce constat, il faut s'arrêter. Et pour pouvoir s'arrêter, il faut du temps.
Les sentiments bouleversés
Ce film parle de l'influence du bouleversement de la société sur les sentiments, mais aussi de l'influence de l'économie. Dans le scénario, je n'explicite rien et ne travaille pas beaucoup les métaphores. J'avais décidé dès le départ que le film serait une histoire d'amour simple, où je pouvais relater les sentiments entre les personnages. Je n'ai pas pensé à d'autres interprétations. Un film doit faire travailler l'imaginaire des spectateurs.
Un extrait de "Mountains May Depart" :