Première série inédite sur le Playstation Network, et également diffusée sur OCS Choc depuis le 10 mars, Powers revisite le mythe des super-héros d'une manière surprenante.
Le principe est simple : un monde dans lequel les superpouvoirs sont monnaie courante. Un ancien super-héros dépossédé de ses dons, et reconverti dans la division "Powers" de la police, chargée d'enquêter sur des crimes impliquant des superpouvoirs.
C'est Sharlto Copley, acteur fétiche de Neill Blomkamp et qu'on a récemment pu entendre sur grand écran derrière les circuits du robot Chappie, qui interprète Christian Walker : ce personnage tourmenté, hanté par un passé (pas si) glorieux (que ça), et avide de retrouver ses pouvoirs.
Le comédien a accepté de répondre à nos questions et de nous décrire son personnage plus en détails, ainsi que la série. Rencontre...
Allociné : Parlez-nous de votre personnage. Qui est Christian Walker ?
C'est un ancien super-héros. Il était l’un des plus puissants jusqu’à ce qu’il perde ses pouvoirs. Il est maintenant un inspecteur de la division Powers, la police l’utilise parce qu’il comprend comment marchent les superpouvoirs, il sait comment interpréter le comportement de quelqu’un qui a des pouvoirs. Mais c’est surtout un homme en conflit avec lui-même dans le sens où il voudrait récupérer ses pouvoirs. Quand il était un super-héros, il n’était pas très responsable : c’était un héros, et il sauvait des gens. Mais un peu comme une rockstar folle, il se droguait, il couchait avec des groupies… Donc il est hanté en quelque sorte par ses comportements passés. C’est un personnage complexe, imparfait et intéressant.
« Powers » est une histoire de super-héros plus adulte que celles qu’on peut voir à la télé américaine...
Oui, c’est vraiment une vision plus adulte du genre des super-héros. Je parlais avec un de mes amis l’autre jour et il me disait que la plupart des super-héros qu’on voit aujourd’hui viennent des années 50 ou 60. Ils sont réutilisés encore et encore pour plaire aux enfants, je suppose. Powers est une interprétation beaucoup plus réaliste, une exploration du concept de superpouvoir. Dans tous les films ou les séries qu’on connait et qu’on aime, et qu’on a vus plein de fois à la télé ou au cinéma, on ne voit jamais d’autopsie de super-héros. On ne se demandera pas à quoi ressemblent leurs relations sexuelles, ou l’impact que leur pouvoir aura sur eux, comment ils vont le gérer. Ce que j’adore avec le monde de Powers, c’est que les gens ont des degrés de pouvoirs différents, un peu comme dans la vraie vie avec l’industrie du show-business. Vous pouvez très bien être seulement capable de léviter à un mètre du sol. Qu’est-ce que vous faites avec ça ? A part impressionner vos amis, pas grand-chose. Et si vous pouviez voler ? Est-ce que ça implique combattre le crime ? Comment gagnez-vous de l’argent avec votre pouvoir ? Donc oui, Powers est vraiment une vision plus adulte du monde des super-héros.
Pourtant, l’aspect de la série s’écarte de ce réalisme…
Oui, cette première saison a un look assez pop. Je pense que l’idée était de faire écho à la pop culture. Les super-héros de ce monde sont très similaires aux icones actuelles de la pop culture que vous trouvez dans le monde de la musique ou du cinéma. Je ne pense pas qu’il faille absolument faire quelque chose qui ressemble à un documentaire super-réaliste pour explorer le sujet de cette façon. La façon dont ils ont filmé ça est une combinaison de personnages réalistes et profonds filmés de façon très stylisée.
L’affiche de la série dit que « le vrai pouvoir vient de l’intérieur ». Quel est donc le vrai pouvoir de votre personnage ?
Question fascinante ! (rires) Si je vous disais tout, j’en dévoilerais trop sur la série, mais l’exploration de ce qu’est le pouvoir, de l’endroit d’où il vient, est pour moi l’un des éléments les plus fascinants dans cette série. Il y a la manifestation extérieure d’un pouvoir : être capable de voler, de donner un coup de pied, ou utiliser des armes, mettre des gens en prison, et tous ces conflits extérieurs. Mais pour moi, cette phrase fait directement référence aux défis intérieurs de Walker, et sa capacité de faire face à ses propres démons, ce qui est pour moi le plus difficile à faire pour la plupart des gens. Affronter vos défauts, voir quel est le pourcentage de votre comportement que vous arrivez à contrôler… Vous pouvez vous dire : "Ce type de comportement est mal dans cette situation précise, mais c’est séduisant, ou attirant, donc pourquoi pas ?"
Donc pour moi, cette phrase fait allusion à ce que Walker va devoir apprendre pour lui-même, alors qu’il veut récupérer ses pouvoirs. Il doit faire face à une multitude de défis intérieurs, et la question est : est-il assez fort à l’intérieur pour ça ?
Y'a-t-il un super-héros qui vous a particulièrement inspiré pour créer ce personnage ?
Je suis plus ou moins parti du personnage tel qu’il était dans le scénario. Je n’étais pas familiarisé avec les comics quand je suis arrivé sur la série, donc la première chose que j’ai voulu faire a été de les passer en revue, et Charlie Huston le showrunner m’a dit : "Ecoute, on voudrait que dans un premier temps tu construises ta propre interprétation du personnage, à partir du scénario." Donc j’ai vraiment travaillé à partir de ça et je n’ai pas eu de modèle particulier en tête. Bien sûr, le personnage du comic original constitue l’inspiration principale pour écrire le scénario de la série, mais je suis parti de ce que j’y ai lu. Et pour être honnête, j’ai beaucoup puisé dans ma vie personnelle, mon expérience en tant qu’acteur dans le show-business. Des choses qui me sont arrivées, ou que j’ai vues depuis District 9. Il y a beaucoup d’analogies instinctives. Quel est le prix du succès et de la célébrité… Tout est accompagné d’avantages et d’inconvénients dans la vie. Donc je me suis inspiré de mes expériences.
Une question que vous vous êtes posée ?
Quelle est la pire chose qui puisse arriver à mon personnage, et qui se révèlera au final être la meilleure ? C’est une question pratique et mythologique très intéressante pour les êtres humains. On traverse tous ces expériences de souffrance profonde, des choses qu’on ne voudrait pas voir arriver, mais on apprend et on grandit de ces expériences. L’être humain connait ces choses par nature. Cette série est une exploration de cela. Quelle est la pire chose qui pourrait arriver à un super-héros ? Probablement de perdre son superpouvoir. Et puis la question est : est-ce vraiment la pire chose ? Etait-il quelqu’un de bien quand il avait son pouvoir ? Dans le cas de Christian Walker, c’était un héros, mais pas vraiment un homme bien. Il a un peu abusé de sa situation. Il a sauvé de nombreuses vies, mais c’était un homme très imparfait. Comme une rockstar qui a diverti beaucoup de monde mais qui a aussi blessé beaucoup de monde dans sa vie. C’est une exploration de sa perte de pouvoir. Il veut le récupérer et se demande s’il serait capable de mieux se comporter s’il le retrouvait, ou s’il serait corrompu à nouveau comme quand il était jeune.
Découvrez la bande annonce de "Powers"...