Chuck Jones, le génie de l'animation derrière How the Grinch Stole Christmas! et grande figure des Looney Tunes de Warner Bros., est aussi passé à la postérité pour sa série Bip Bip et le Coyote. Au fil de la cinquantaine d'épisodes, le téléspectateur assistait invariablement à l'échec cuisant de la bête à poils face à l'oiseau, toujours trop rapide et malin, dans une mécanique bien huilée qui permettait à Jones de laisser libre cours à sa fantaisie.
Grand admirateur de Jones, le réalisateur américain Amos Posner a mis la main sur une liste éclairante : celle des 9 règles édictées justement par le papa du Coyote pour concevoir ses épisodes...
Les 9 règles sont donc :
- Bip Bip ne peut pas blesser Coyote (ou seulement en faisant son "Bip Bip").
- Une entité extérieure ne peut pas blesser le Coyote, ses malheurs ne viennent que de sa propre inaptitude et de la déficience des produits ACME.
- Le Coyote pourrait arrêter de pourchasser Bip Bip à n'importe quel moment... si seulement il n'était pas un fanatique ("Un fanatique est une personne qui redouble d'efforts quand bien même il a oublié son objectif" George Santayana)
- Jamais de dialogue, juste "Bip Bip"
- Bip Bip doit rester sur la route, sans quoi il ne pourrait plus être qualifié de "road runner" (son nom en version originale, littéralement "coureur sur route")
- Toute l'action du dessin animé doit rester strictement dans ce décor naturel du désert américain du Sud Ouest.
- Tous les éléments, les outils, les armes, les objets mécaniques ne peuvent provenir que de la société ACME.
- Quand c'est possible, la gravité doit toujours être le pire ennemi du Coyote.
- Le Coyote est toujours plus humilié que blessé par ses échecs.
En définissant strictement les règles de son monde imaginaire, Jones a pu paradoxalement créer un terrain de jeu totalement fou et surprenant. Chapeau Chuck !
Le Coyote est tombé, a explosé... mais il est toujours revenu à la charge. C'est un increvable, comme...