Diffusée à partir de ce 27 février sur Netflix US (et à compter de ce jeudi 12 mars sur Canal +), la saison 3 de House of Cards est assurément l'un des événements télé de ce début d'année. Allociné a pu contacter Kevin Spacey, l'interprète du déjà mythique Frank Underwood, à l'occasion d'une conférence téléphonique internationale et lui poser quelques questions.
Le contenu de cette interview évoque quelques passages clés des deux première saisons. Gare donc aux SPOILERS.
Pourquoi selon vous le public est-il aussi fasciné par les histoires mettant en scène des politiques ?
Kevin Spacey : Il faut remonter aux origines de la dramaturgie et du théâtre. Dès l’Antiquité grecque, il y avait des pièces traitant de politique et d’intrigues sur les coulisses du pouvoir. Pour moi, ce n’est pas un effet de mode, mais la continuité d’une logique depuis cette époque. Le public a toujours été fasciné par ces histoires.
Avez-vous suivi les réactions des personnalités politiques à propos de House of Cards ?
Depuis le lancement de la série, j’ai en effet entendu beaucoup de réactions venant de figures politiques. Certains la trouvent trop cynique et ne l’aiment pas, alors que d’autres estiment qu’elle est plus proche de la réalité que ce que l’on pourrait croire. Je pense qu’ils apprécient, tout comme le reste du public, que le personnage parvienne à ses fins, malgré ses méthodes extrêmes.
Avez-vous puisé une quelconque inspiration d’un politique existant ?
Non, je ne me suis ni inspiré d’un président en particulier, ni d’aucun politique. Je me fie principalement à l’écriture du personnage, qu’elle soit tirée du livre de Michael Dobbs ou alors de l’équipe de scénaristes dirigée par Beau Willimon. Je me concentre sur l’essence même de mon travail d’acteur, qui est de suivre la logique du script.
Pensez-vous que le fait de diffuser l’ensemble des épisodes simultanément a contribué au succès de la série ?
Cela a définitivement joué, mais je ne sais pas si c’est la raison principale ou non. A travers cette méthode, nous avons utilisé une leçon que l’industrie de la musique n’a pas réussi à mettre en pratique, qui est de donner aux gens ce qu’ils veulent, quand ils le veulent et sous la forme de leur choix. En procédant ainsi, il y a de fortes chances qu’ils soient demandeurs de ce qu’on leur propose. C’est pour moi l’une des raisons qui explique le succès de la série. Mais il y a aussi la qualité du programme qui rentre en compte. Décider de diffuser simultanément et en intégralité les épisodes d’une saison entière était un challenge risqué, mais on peut constater que cela a été un franc succès.
House of Cards : Kevin Spacey et Robin Wright à la Maison-Blanche dans la saison 3Les succès rencontrés ces dernières années par les séries leur permettent-elles désormais de rivaliser avec l’industrie du cinéma ?
Il y a selon moi plusieurs raisons qui expliquent l'émergence des séries. On l’a vu notamment avec HBO qui a diffusé ces dix dernières années des programmes excellents et novateurs. Et tandis que l’industrie du cinéma s’est concentrée à partir des années 2000 sur les adaptations de comics et de super-héros, l’industrie télévisée a proposé une écriture de qualité pour raconter des histoires de grande ampleur, étalée sur plusieurs saisons. Au moment où nous avons débuté la série, le mouvement était déjà lancé et on ne pouvait plus compter le nombre de personnages marquants proposés par les séries ces quinze dernières années. Le public s’est de plus en plus passionné pour les personnages complexes et à des intrigues encore jamais exploitées par le passé.
Vous aviez comparé par le passé les deux premières saisons de House à Cards à la pièce Richard III de Shakespeare. Cette saison 3 sera-t-elle plutôt comme Macbeth, un récit sur le pouvoir et la chute d’une personne au sommet ?
Non pour moi, ce n’est pas du tout Macbeth mais bien Richard III. Macbeth est un personnage qui hésite et je ne pense pas que Frank Underwood doute.
Quel a été votre plus gros défi rencontré au cours du tournage de cette troisième saison ?
Me souvenir de toutes mes répliques, il y en avait tellement (rires).