Saddam Hussein et son amour des Thrillers
Après la chute de Saddam Hussein, les exemples de sa mégalomanie se multiplièrent et furent révélés au grand public. Ainsi, cherchant à se rattacher au passé antique de la Mésopotamie pour des besoins de propagande, en se présentant parfois comme successeur de Hammurabi et de Nabuchodonosor Ier, le dictateur fit rebâtir une partie de l'antique cité de Babylone, laissant même des inscriptions de fondations comme le faisaient les anciens souverains babyloniens...
Pour ce qui est des films, on rapporte qu'il appréciait beaucoup les thrillers complexes, parce qu'il s'estimait aussi habile, sinon intelligent, que les personnages principaux. L'un de ses films fétiches était le Chacal, un classique signé Fred Zinnemann dans lequel des membres de l'OAS font appel à un tueur professionnel, surnommé le Chacal, pour éliminer le président Charles de Gaulle. Il tenait également en haute estime Ennemi d'Etat, le film d'espionnage / action emmené par Will Smith et réalisé par Tony Scott. Des films où les théories conspirationnistes occupent une bonne place. Si les dictateurs peuvent éventuellement apprécier les théories de complots dans les oeuvres de fictions, il n'en va pas vraiment de même dans la vraie vie...
S'il pouvait s'émouvoir devant Le Vieil Homme et la Mer, Saddam Hussein était semble-t-il fasciné par la saga du Parrain de Francis Ford Coppola, et le message du film. Celui-ci est finalement davantage l'histoire de Michael Corleone que celle de son père. La loyauté obsessionnelle envers son père et sa famille, à un ancien code d'honneur, le conduisent à détruire tout ce qui est censé être protégé. Au final, la famille de Michael est déchirée par la tragédie et la haine. Il ordonne l'exécution de son propre frère, choisissant la loyauté au code plutôt que celle envers sa famille, devenant ainsi une figure tragique et mal aimée. Un lointain écho sans doute à la propre vie familiale du dictateur, ô combien mouvementée...