Fidel Castro, fasciné par Spielberg
Etonnamment, Fidel Castro a semble-t-il apprécié Che, le biopic réalisé en 2008 par Steven Soderbergh qui retrace la vie de son compagnon d'arme : Ernesto Guevara. Mais c'est sans doute sa passion pour l'oeuvre de Steven Spielberg qui intrigue. En fait, de nombreux films du réalisateur furent même autorisés à être projetés à Cuba, parmi lesquels A.I. Intelligence artificielle, E.T. l'extra-terrestre, ou encore Minority Report. Très sévère en matière d'importations, Castro semblait autoriser de nombreux films américains sur le territoire cubain, et encourageait même les réalisateurs et le casting à venir dans l'île à la suite des projections, même si pour cela ces derniers doivent demander au gouvernement américain une autorisation.
Dans un passionnant billet publié sur le site de CBS en 2003 (et republié depuis sur le site Washingtonmonthly), le journaliste Damien Cave évoquait les rapports qu'entretenait le régime avec le cinéma et plus particulièrement le cinéma américain, à l'occasion du festival du cinéma latino-américain. Steven Spielberg fut invité cette année-là. Une rétrospective de l'oeuvre du cinéaste fut organisée. Mais c'est Minority Report qui a retenu l'attention. Avec les dérives policières digne de Big Brother que montre le film, "il n'aurait probablement jamais été projeté en temps normal si Spielberg n'avait pas été là, et les cubains ont parfaitement compris le message : l'ennemi est en nous" expliquait-t-il.
Bien que Castro ait souvent promis de ne jamais céder aux sirènes du capitalisme, préférant en cela la célèbre maxime "plutôt le socialisme ou la mort", l'industrie hollywoodienne représente une exception. Car c'est l'un des deux produits culturels américains, avec le baseball, que les cubains et le Lider Maximo pouvaient apprécier. Plus ou moins librement.