Les deux enterrements de Martine Carol
Actrice française née en 1920, Martine Carol fut rendue célèbre par le personnage de Caroline Chérie, une ravissante aristocrate qui survit à la révolution pour mieux se venger sous l'Empire. En 1954, elle épousa le réalisateur Christian-Jaque, pour qui elle tourne Lucrèce Borgia, Nana ou Madame du Barry. Travaillant avec de grands réalisateurs, comme Sacha Guitry, Vittorio de Sica, Abel Gance ou René Clair, elle a donné la réplique à des talents comme Gérard Philippe, Raf Vallone ou Vittorio Gassman. Mais la reconnaissance critique vient tardivement, en 1955, avec l'éblouissant Lola Montès de Max Ophüls.
Pourtant, dès le milieu des années 1950, c'est le déclin. Malheureuse dans sa vie privée (elle se maria quatre fois), éclipsée par la fraîcheur candide d'une Brigitte Bardot et balayée par le cinéma de la Nouvelle vague, Martine Carol, fragile, sombre dans la dépression. Elle abuse de la consommation de médicaments et d'alcool, s'impose des cures drastiques qui malmènent encore plus sa fragile santé.
Peu de temps après le tournage de son ultime film, Jugement à Prague, elle est retrouvée inanimée par son mari le 6 février 1967 dans sa chambre d'hôtel, à Monaco. Si des rumeurs de suicide circulèrent, ce fut en réalité un arrêt cardiaque.
Inhumée une première fois au célèbre cimetière du Père Lachaise, sa sépulture fut rapidement profanée. La Presse avait en effet fait courir le bruit selon lequel elle avait été enterrée vêtue d'un somptueux manteau de vison blanc, et tous ses luxueux bijoux offerts par son dernier époux...Ses restes furent alors transférés au cimetière du Grand Jas, à Cannes, où elle repose depuis.