Enemies of the People
De quoi ça parle ?
Trente-deux ans après leurs crimes, quatre hauts dirigeants de la terrifiante dictature Khmer Rouge sont jugés en juin 2011. Sur le banc des accusés : Ieng Sary, ancien chef de la diplomatie; Khieu Samphân, ancien chef d'Etat; Leng Thirith, ex-ministre des Affaires Sociales; et enfin Nuon Chea, alias "frère n°2". Quatre hauts dirigeants à la tête d'un régime génocidaire, ayant fait entre 1975 et 1979 plus d'1,7 millions de morts, par une campagne systématique d'exécutions et l'utilisation de la famine comme arme politique.
Auréolé d'une moisson de prix dans le monde, dont le Prix spécial du Jury au festival international du documentaire de Sundance en 2010, Enemies of the People a la particularité de se concentrer sur le bourreau Nuon Chea, "frère n°2" du régime. Mais le documentaire met aussi en lumière la vie de Thet Sambath, également auteur du documentaire.
Ancien reporter du Phnom Penh Post, il a perdu sa mère, son père et son frère sous le régime khmer Rouge. Pendant sept ans, Sambath a visité tous les week-ends Nuon Chea, partageant le diner avec sa famille, jouant avec ses enfants ou lui projetant des reportages sur l’Irak ou d’autres pays. Ce n'est pas le "comment ?" qui intéresse le journaliste, mais le "pourquoi" de la dérive meurtrière qui avait ravagé sa famille et le pays dans les années 1970. Durant de nombreuses années, Thet Sambath tisse des liens de confiance, sans réel succès au début, jusqu'à ce que le bourreau finisse par briser la glace, expliquant pourquoi il fallait éliminer les enemis du peuple, qui risquaient "d'infecter le système".
Un témoignage -capital et terrifiant- qui fait le prix de Enemies of the People.