Le plus... infidèle
Frank Capra
Il a marqué le cinéma par ses œuvres engagées, peignant avec un réalisme acide mais toujours teinté d’optimisme la misère sociale (Vous ne l’emporterez pas avec vous) ou la corruption politique (Mr Smith au Sénat). Aussi à l’aise dans le registre loufoque (Arsenic et vieilles dentelles), que dans le mélodrame empreint de fantastique (La Vie est belle), Capra a offert une cinquantaine d’œuvres au cinéma avant de signer Milliardaire pour un jour, remake de son Grande dame d’un jour sorti 30 ans avant sa mort.
...et son "Milliardaire pour un jour"
En 1951, sa société de production est dissoute en même temps que son indépendance artistique. Contraint de travailler dans des conditions drastiques habitées de compromis, il enchaîne oeuvres moins personnelles ou remakes de ses propres succès. L'original était concis, rythmé, vivace, la copie est laborieuse, répétitive. La critique est déçu et Capra déterminé : "J'avais trahi l'intégrité artistique qui avait caractérisé mes 40 années de production cinématographique. Il en résulta que, par une espèce de perception directe qui n'avait rien de rationnel, les spectateurs avaient senti, eux aussi, ce que mes bons génies, mes elfes et mes farfadets avaient senti quand Glenn Ford m'avait forcé à lui lécher les bottes, à savoir que j'avais perdu cette précieuse qualité qui confère aux rêves un sens et une portée. J'avais perdu mon courage (...) et le peuple avait dit : "Capra, entre toi et nous, c'est fini." C’est ainsi que le maître choisit de prendre sa retraite. ("Hollywood Story" de Frank Capra)