La déprogrammation d'Annabelle a fait parler d'elle. Ce fut même l'un des gros buzz de ces dernières semaines, l'objet de débats dans les médias, avec parfois des interviews de sociologues ou de psychiatres à l'appui.
Mais avec un peu de recul les débordements relatés et largement commentés sont à relativiser. Sur les 219 copies éditées en première semaine d'exploitation, seulement 4 salles ont connu des déprogrammations d'Annabelle, même si plusieurs autres ont dû faire à des incidents au plan national.
Les vacances scolaires auraient pu générer de nouveaux troubles et de nouvelles déprogrammations, mais dans les faits tout est vite rentré dans l'ordre. Aujourd'hui, si le film d'horreur reste déprogrammé dans deux cinémas marseillais - Les 3 Palmes et Le Prado -, ainsi qu'à l'UGC Ciné Cité Strasbourg, il est de nouveau à l'affiche du Gaumont Multiplexe Montpellier.
L'occasion de poser 3 questions à Maïa Simon, responsable d'exploitation de ce cinéma montpelliérain, pour faire le point sur cette polémique.
Combien de temps avez-vous suspendu la programmation d'Annabelle ?
Deux jours, du samedi 12 octobre au soir au lundi 13 au soir, le temps finalement de trouver une réponse adéquate à un phénomène que nous n'avions pas anticipé. Un groupe Facebook avait été créé dans la région avec pour objectif d'interrompre une séance du film. Ils ont réussi leur coup le samedi soir puisque nous avons dû stopper la projection et appeler la police.
Quel dispositif avez-vous mis en place ?
Excepté cette séance du samedi soir avec ce groupe Facebook, les problèmes que nous avons rencontrés tiennent à l'interdiction aux moins de 12 ans du film. Le contrôle des pièces d'identité crée des tensions en caisses. Il y a une incompréhension des jeunes et même des parents qui les accompagnent vis à vis de cette interdiction. Tous pensent que c'est un conseil, que la présence d'un adulte peut induire une dérogation, mais en réalité l'accès à la salle est réellement prohibé aux moins de 12 ans. Nous avions donc des jeunes qui achetaient des billets pour un autre film puis allaient dans la salle d'Annabelle déjà pleine à craquer. De la resquille comme on en a toujours connu, mais à une échelle plus importante que d'ordinaire. Nous avons donc décidé de placer Annabelle dans une petite salle avec un vigile à l'entrée pour contrôler les tickets et un agent de sécurité dans la salle pour prévenir d'éventuels incidents. Et les séances sont devenues plus sereines, nous permettant de continuer à programmer le film.
Quelle a été la conséquence sur le nombre d'entrées ?
La fréquentation n'a pas faibli, au contraire elle a augmenté et les séances affichent complet. Bien que diffusé dans une petite salle, le film réalise le deuxième meilleur résultat de notre cinéma. Pour les adolescents, Annabelle est devenu le film qu'il faut voir. D'ailleurs, il ne faudrait pas que ce genre de polémique devienne un argument commercial, car après ce sont à nous les salles de devoir gérer.