Dès la sortie de Requiem for a Dream en 2001, son thème musical "Lux Aeterna", composé pour la bande originale du film, s'est inscrite dans la culture populaire. Depuis, Clint Mansell est resté l'une des "baguettes" les plus suivies de la planète cinéma, oeuvrant pour son réalisateur fétiche Darren Aronofsky (The Fountain, The Wrestler, Black Swan, Noé), mais aussi sur des longs métrages comme Sahara, Doom, Mi$e à prix, L'affaire Farewell, Stoker ou le bijou SF Moon.
Les amateurs de bandes originales ont rendez-vous avec l'artiste ce mercredi 8 octobre à Paris, dans le cadre du Trianon (80 Boulevard de Rochechouart 75018 Paris). Accompagné de son groupe (la pianiste Carly Paradis et le Sonus Quartet), Clint Mansell y revisitera ses compositions, à la fois épiques, mystiques et oppressantes. A cette occasion, il a répondu à nos questions. Rencontre.
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C'est mon travail d'écouter et de répondre aux demandes du film.
Quelles sont les raisons qui vous ont amené à devenir compositeur ?
Les circonstances. J’étais en train d'écrire la musique pour un album électronique solo quand j'ai rencontré Darren Aronofsky. Il étais sur la production de Pi, à cette époque, et avait besoin de quelqu'un pour écrire la musique pour son film... C'est là que ça a commencé.
Quels sont vous trois bandes originales préférées de tous les temps ? Et que dire des compositeurs : y en a-t-il un qui vous inspire particulièrement ?
J'ai toujours aimé la musique de film. Ayant grandi dans les années 70 & 80, il y avait une riche palette de musique de film et de télévision : des westerns italiens comme Le Bon, La Brute et Le Truand, des polars comme Klute ou The Parallax View... Puis les films indépendants nous ont donné des musiques de films indépendants comme David Lynch avec Eraserhead ou Blue Velvet, ainsi que John Carpenter avec Assaut et Halloween. Il y a aussi les premières œuvres de Howard Shore avec Cronenberg, des grandes musiques de film d'horreur comme Phantasm, Frayeurs, The Wicker Man. Gabriel Yared pour 37°2 le matin... Tous des grands et des musiques innovatrices.
Avez-vous une méthode particulière pour composer ? Regardez vous le film avant de débuter vos travaux ou commencez-vous avec des indications du réalisateur ou des extraits du film ?
J'essaie d'être impliqué dans un film le plus tôt possible, avant que le tournage ne commence. C’est idéal. De cette façon, j'ai le temps d'explorer et faire de la recherche sur le sujet du film. De là, je passe à l'expérimentation. Essayer de trouver des sons, des progressions, des phrases musicales auxquelles le film répond... Le film prendra ce qu'il lui faut et rejettera le reste : c'est mon travail d'écouter et de répondre aux demandes du film.
Le film a ses propres choix que nous devons suivre.
Essayez vous d'imposer votre style au réalisateur ou vous adaptez-vous au sien ?
Je ne pense pas que l’une ou l’autre approche soit une bonne façon de travailler. La relation doit être ouverte à toutes les possibilités. C'est le film qui aura ses exigences, pas le réalisateur ou compositeur. Le film a ses propres choix que nous devons suivre.
Il est difficile de dissocier le travail de Darren Aronofsky du vôtre : quels sont les souvenirs de votre rencontre ? Selon vous, qu’est ce qui rend ce réalisateur si interessant ? Comment vos univers sont ils connectés ?
Les sensibilités et les exigences de Darren dans ses films semblent laisser de la place pour mes compositions. C'est une relation très complémentaire qui a été enrichissante tant pour nous-mêmes que pour notre travail. Nos mondes séparés, de l'image et de la musique, se réunissent pour créer un troisième élément, une transcendance au dehors du récit qui, nous l’espérons, améliore l'expérience.
Comment a évolué votre collaboration à travers le temps ?
Je ne sais pas vraiment... Chaque film est différent, chaque expérience exige quelque chose de nouveau de nous deux.
Le thème de "Requiem for a Dream" peut être entendu partout, de la télévision aux bandes-annonces. Qu’en pensez vous? Cela dénature t il votre composition originale ?
En tant que compositeur, je voudrais que ma musique soit partout, donc cela me plaît.
Vous êtes le compositeur de la BO de "Sonny", le premier et le seul film réalisé par Nicolas Cage : que pouvez-vous nous dire sur cette expérience ? Est-il aussi intense comme réalisateur que comme acteur ?
J'ai eu une expérience très agréable avec Nic. Je l'aimais beaucoup et c'était super de découvrir une
autre facette de lui en tant que réalisateur, et non acteur.
Je pense que l'idée d'imiter d'autres compositeurs est une perte de temps
La plupart de vos compositions sont pour des productions américaines, mais vous avez aussi
travaillé avec un réalisateur français, Christian Carion, et un Coréen, Park Chan-wook. Avez-vous remarqué une différence de sensibilité avec eux ?
Très certainement. Je savoure la chance de travailler avec des réalisateurs qui ont d’autres sensibilités. Travailler avec les réalisateurs d'autres origines m'apporte un point de vue différent et m’inspire à écrire de la musique que je n’aurais pas écrite sans leur influence.
Park Chan-wook a été inspirée par Hitchcock pour "Stoker". Était-ce la même chose pour vous avec Bernard Herrmann ?
Je pense que l'idée d'imiter d'autres compositeurs est une perte de temps. Il n'y a qu'un Herrmann. Même si je faisais un excellent travail d'imitation d'Herrmann, ça resterait Herrmann. Comme il n'y a qu'un seul Mansell : donc si je fais de mon mieux, alors il y a une possibilité de créer quelque chose de valable et d'original.
Est il important pour vous de vous produire en concert ?
J'aime les concerts. Ca fait plaisir de se retrouver avec mon groupe et jouer la musique des films que j'ai composé... Pi, Requiem, Moon, Stoker, The Fountain, Noé...
Quels sont vos futurs projets ?
J'essaie de ne pas parler des projets en cours jusqu'à leur achèvement.
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