Estherka : Note d'intention du cinéaste
David Quesemand, réalisateur de Estherka, explique :
"J’ai commencé à filmer Esther Gorintin en 1998 ; elle était une amie de mes grands-parents, avec lesquels elle partageait d'avoir traversé le XXe siècle, de l'Europe centrale à la France, entre le yiddish et le français. Ces personnages me fascinaient par leur vitalité incroyable et je voulais d’abord garder une trace de cette génération qui allait disparaître."
"Esther a été contactée pour jouer dans le film Voyages d’Emmanuel Finkiel qui recherchait des acteurs non-professionnels. Elle m’a alors demandé conseil, puisque j'étais son lien le plus proche avec le monde du cinéma, qu'elle ne connaissait pas. Quand elle a été choisie pour jouer dans la partie en Israël, la production m’a demandé de l’accompagner, et je me suis retrouvé à jouer le rôle de coach pour cette femme de 85 ans qui n’avait jamais vu un tournage, jamais appris un texte. Je l'ai vue se consacrer totalement à ce travail, et devenir en quelques jours une épatante comédienne tout en gardant son apparente naïveté."
"Au delà de l’incroyable carrière de cette « jeune comédienne » qui débuta donc à 85 ans, c’est l’histoire de toute une vie qui m’intéressait : et qui fait que j’avais commencé à filmer Esther avant qu’elle ne fasse du cinéma. Son parcours à travers le siècle, sa mémoire, et sa façon de raconter avec mille détails ses petites histoires au sein de la grande Histoire, et son rapport assez unique au monde qui l’entoure, et sa relation si particulière avec son fils Armand."
"Je désirais montrer la gloire et les paillettes de son nouveau statut de comédienne chouchoutée des médias, mais aussi ses moments d’attente, ses déceptions, tous ces moments plus durs de la vie d’une actrice. J’ai voulu aussi raconter la vieillesse en marche, le temps qui passe, mais en sortant des lignes du portrait forcément flatteur que l’on se croit obligé de faire d’une « personne âgée forcément adorable ». Ne pas garder que les moments forcément touchants de cette personnalité, mais montrer aussi ses contradictions, ses angoisses, sa mauvaise foi et les rapports de force que cela induisait dans son rapports aux autres, y compris à moi-même."