Faking It est à découvrir tous les samedis à 22h sur MTV France, à partir du 11 octobre.
AlloCine : Il y a une vraie alchimie à l’écran entre vous. C’est quelque chose d’abstrait qui existe… ou non. A quel moment avez-vous pris conscience que cet élément essentiel existait justement entre vous ? Aux premières lectures de scripts ? En voyant les premiers épisodes ?
Rita Volk : J'ai l'impression qu'on l'a réalisé au tout début du tournage. Nous nous sommes tout de suite bien entendues. Et nous étions tellement contentes l'une pour l'autre : nous avions décroché ces rôles, nos rêves respectifs se réalisaient. Et ce n'est pas toujours le cas : nous étions vraiment très attentionnées l'une envers l'autre. Cela perdure. L'alchimie est réelle. Le fait que nous avons décidé de passer du temps ensemble en dehors du tournage a pu aider la série. Cela aurait pu se terminer autrement: on aurait pu se détester ! Lorsque la diffusion a débuté, les réactions du public ont été positives et notre alchimie "remarquée". Nous voir à l'écran a rendu cette alchimie encore plus évidente. Elle provient de notre relation personnelle, elle est donc naturelle.
Katie Stevens : Rita et moi avons toutes les deux auditionné pour le personnage de Karma. Nous nous sommes littéralement rencontrées dans la salle d'attente avant le casting. Et nous nous sommes immédiatement bien entendues. Ce n'est généralement pas ce qui se passe dans ce contexte. Nous nous sommes souhaitées bonne chance et... A la dernière phase de l'audition, Rita lisait alors pour le personnage d'Amy et lorsque j'ai reçu l'appel confirmant que j'avais obtenu le rôle de Karma, on m'a dit que Rita avait obtenu celui de Rita. Je me rappelle avoir été très heureuse de cette annonce. Nous nous sommes tout de suite appelées. Nous avons alors commencé à sortir, à aller dîner... à construire cette amitié. Mais je crois que dès j'ai rencontré Rita, j'ai su qu'elle était une personne avec qui je pouvais devenir réellement amie. Nous avons une histoire similaire : nos deux familles sont immigrées et nous le gardons en tête, avec toute cette reconnaissance de pouvoir vivre notre rêve et de pouvoir en vivre. Faking It est notre première série. Nous avons donc de nouvelles choses en commun. Rita est toujours là pour m'aider à garder les pieds sur terre. Et je suis aussi là pour elle. Nous sommes devenues tellement proches.
Rita et moi avons toutes les deux auditionné pour le personnage de Karma.
La série est assez juste dans ce qu’elle décrit. Et ell évolue de façon très organique. Y a-t-il un moment, dans la lecture des scénarios, où vous avez dit : "Là on a quelque chose de spécial entre les mains" ?
Rita : Ce sont via les scènes entre Amy et Karma que nous tentons modestement de repousser un peu les limites. Habituellement l'imagerie de deux femmes s'embrassant est très sexualisée. Dans la série, nous essayons plutôt de montrer une image authentique. Je me rapelle d'une scène de rêve durant laquelle nous sommes couchées sur le lit et nous commençons à nous embrasser. Cette scène est vraiment spéciale. Même si le public est globalement prêt désormais pour voir "cela", ça peut être inconfortable. Et c'est justement ce que nous recherchons d'une certaine manière. C'est par ce biais-là que le public va ouvrir les yeux sans arrière-pensée. On tient quelque chose de spécial avec Faking It parce que nous n'avons pas peur de montrer ces scènes comme elles doivent l'être. Bien évidemment, c'est très innocent, mais cela montre aussi un certain courage de montrer simplement ces scènes. Avec un peu de chance, nous pourrons le développer et l'explorer un peu plus profondèment avec le temps, à mesure que les personnages et le public grandiront. Ce sont ces scènes qui me font dire que Faking It est spéciale.
Katie : J'ai su que la série était spéciale dès que j'ai lu le script à l'audition, j'ai pris conscience tout de suite qu'elle avait ce petit "plus". Nous travaillons très dur, notamment pour la rendre vraie et authentique, pour réaliser des portraits de personnages sous une lumière sérieuse, avec de la comédie bien évidemment. On projette une lumière de comédie sur tous ces sujets sérieux.
MTV Networks
La série a une autre qualité, plus universelle. Au-delà de la trajectoire de vos personnages, c’est aussi une série qui peut refléter ce que vivent des milliers d’adolescents. En avez-vous conscience ? Sentez-vous une responsabilité particulière ? Avez-vous reçu des témoignages qui vous ont particulièrement touché ?
Rita : Oh oui absolument ! Au début cela fait un peu peur parce qu'on passe avant tout à passer une auditon pour décrocher un job ! Mais ce job se révèle un peu plus que cela. Je suis très reconnaissante de pouvoir vivre de mon art. Et je suis consciente des implications sociétales et culturelles de ce rôle. je dois donc y faire particulièrement attention. On devient, qu'on le veuille ou non, automatiquement un modèle, et personne ne nous a demandé si nous étions prêtes à endosser ce rôle. Maintenant, je pense que nous y sommes un peu plus habituées. Le succès de la série et le soutien des fans enlèvent un peu de pression, parce que nous savons désormais que nous faisons quelque chose de positif. De toute façon je crois fermement que lorsque vous avez des intentions nobles, vous ne pouvez pas vous tromper. Amy est devenue un personnage miroir pour beaucoup de jeunes filles. Toutes ces lettres, ces dessins que je reçois, toutes les mentions sur les réseaux sociaux, c'est absolument incroyable. Des fans me disent qu'ils sont dans un processus similaire, qu'ils se découvrent, que même si c'est dur, ils ont besoin de cette estime de soi, de cette confiance... Ils partagent beaucoup, c'est très émouvant. Et c'est là qu'on réalise qu'on fait quelque chose qui nous dépasse un peu. Mon job, c'est de faire en sorte que nous abordions ces sujets avec un sens des responsabilités.
Katie : On prend conscience de ces responsabilités au fur et à mesure. Nous prenons cela très au sérieux, notamment parce que les adolescents traversent ce dont nous parlons dans la série. On veut leur rendre justice et certainement pas les offenser. Nous y faisons très attention. Parce que la série parle de la communauté gay et lesbienne, cela me touche particulièrement. Lorsque nous avons fait une projection dans un centre LGBT, une fille a levé la main pour nous dire "Je voulais simplement vous dire merci pour cette série, parce que j'ai réalisé que j'étais lesbienne quand j'étais au lycée et je suis tombée amoureuse de ma meilleure amie." Entendre cela, c'était juste incroyable. Tout comme le fait qu'elle nous remercie de faire bien notre série.
Amy est devenue un personnage miroir pour beaucoup de jeunes filles. Toutes ces lettres, ces dessins que je reçois, toutes les mentions sur les réseaux sociaux, c'est absolument incroyable.
Carter Covington, le créateur, qui avait aussi signé la série "10 Things I Hate About You", a une écriture légère et profonde à la fois. Il peut pointer quelque chose de "grave" grâce à une vanne ou écrire une scène dramatique en la rendant "douce". Comment qualifieriez-vous son écriture ? Qu’est-ce qui vous impressionne le plus dans sa manière d’écrire ? Est-il à l’écoute de vos suggestions ?
Rita : Oui et c'est marrant parce que Carter est exactement comme ça dans la vraie vie. Quand vous lui parlez de quelque chose de sérieux, il est émotionnellement réceptif... mais aussi très sarcastique. Il peut rendre grave n'importe quelle situation un peu drôle. Et amener de la légèreté dans une siuation dramatique. Si nous avions tous cette capacité, la vie serait tellement plus simple. Il faut voir la légèreté dans la gravité. Son écriture reflète cela. Faking It est une comédie mais de nombreuses scènes ne sont pas nécessairement drôles. De toute façon, passer de la comédie à l'émotion est sans doute le meilleur moyen d'apprécier les deux. N'être "que" dans la comédie ou "que" dans le drame peut éventuellement vous immuniser. Faking It réussit l'alternance des deux, passant du rire aux larmes sans cesse, c'est aussi pour cela qu'elle est parfois difficile à classer. Durant l'écriture des épisodes, les scénaristes nous demandaient souvent notre opinion sur la façon dont nos personnages devaient réagir, ce qu'on désirait aussi. Ils ne sont pas obligés de le faire. Ils peuvent juste écrire le scénario, nous l'envoyer et nous dire "Voilà ce que vous avez à faire !" Mais ils voulaient vraiment faire en sorte que nous soyons à l'aise. C'est incroyable, et c'est grâce à Carter.
Katie : Carter est incroyable. Nous avons vraiment de la chance de pouvoir compter sur lui. Il est toujours sur le plateau pour répondre à nos questions. On se fait souvent des dîners ou des projections d'épisodes avec lui. Il est très vif d'esprit et sa série regorge d'éléments satiriques. Je trouve cela très drôle mais j'avoue aussi que certaines blagues me passent au-dessus de la tête... parce qu'elles sont trop subtiles. Je réalise après coup la blague ! Cela a pour effet de me rendre la série encore plus drôle. Carter est incroyable, tout comme sa façon d'écrire. C'est effectivement incroyable qu'il ait organisé ces rencontres d'avant saison avec les scénaristes pour qu'on apprenne tous à se connaître, qu'ils nous posent des questions. Ils ont pu s'inspirer de nous, de nos réponses, de nos envies. Il nous connait tellement bien maintenant qu'il est capable de sentir à propos d'une réplique "Oui, Katie pourrait dire ça." Il écrit du sur-mesure pour nous.
Carter Covington, le scénariste, peut rendre grave n'importe quelle situation un peu drôle. Et amener de la légèreté dans une siuation dramatique.
La seconde saison va bientôt démarrer. Que pouvez-vous nous en dire ? En quoi cette seconde saison sera encore meilleure que la première ?
Rita : Cette saison sera un peu plus "adulte". Les personnages affrontent les conséquences de leurs décisions, Amy va devoir être un peu plus forte et réaliser qu'on peut être loyal sans se mettre constamment en danger. Cette seconde saison explore également plus profondément les histoires de chaque personnage, elle devient un peu plus chorale. Toutes les intrigues sont réellement connectées.
Katie : Je ne sais pas ce que je peux dire mais nous sommes dans la même veine que dans la saison 1. J'ai reçu quelques scénarios, ils sont aussi plus drôles et les secrets ont tendance à s'accumuler. Donc plus de drama et de cliffhangers !
Pensez-vous qu’une série a un rôle social (ou sociétal) à jouer ?
Rita : Absolument ! Les sujets abordés dans la série sont immenses. A chaque fois qu'on aborde un thème, il est au coeur du débat public : les droits des homosexuels, la drogue, la guerre... Mais parce qu'il s'agit de sujets sensibles, la critique peut aussi l'être. Le public va regarder, analyser, aimer ou détester ce que nous faisons. Est-ce que je pense que la série a un rôle social à jouer ? Certainement, elle peut aussi déranger, elle ne se contente pas de vouloir seulement être populaire.
Katie : Notre série est utile pour la société. Elle peut y jouer un grand rôle en montrant que c'est OK d'être unique, d'être vraiment soi-même. On peut être soi-même tout en étant parfaitement intégré. Selon moi, la société a perdu quelque peu cette dimension. Il y a tellement d'actes brutaux chez les plus jeunes. Parfois certains décident d'être agressifs pour mieux s'intégrer, pour paraître plus cools. Faking It montre que ça ne doit pas être le cas, que tout le monde doit être accepté pour ce qu'il est et qu'il ne faut pas être effrayé de ne pas ressembler à tout le monde. Notre série a donc un vrai rôle à jouer, mais on n'est pas non plus dans la révolution. Avec un peu de chance les enfants qui regardent la série peuvent se dire : "OK c'est cool, je peux être moi-même sans m'en prendre à un autre pour ce qu'il est."
Faking It montre que tout le monde doit être accepté pour ce qu'il est.
Outre "Faking It", quels sont vos projets ?
Rita : Pour le moment non. Mais peut-être dans un futur proche. Nous verrons !
Katie : Je passe des auditions. Par ailleurs j'écris beaucoup de musique. Je commence à peine à explorer la musique country, je fais des allers-retours avec Nashville à la fois pour la musique et ma carrière d'actrice. Je fais vraiment beaucoup d'auditions pour des films et je sens que ça va finir par payer. Je croise les doigts.
Propos recueillis par Thomas Destouches le 2 septembre
La bande-annonce de "Faking It" :
