Il était une fois en Amérique
Comment s'ennuyer devant Il était une fois en Amérique ? A chaque visionnage, c'est l'une des questions que je me pose. Car, à chaque fois, la beauté de cette fresque signée Sergio Leone frappe en plein coeur en nous faisant traverser, non seulement plusieurs époques, mais des centaines d'émotions plus fortes les unes que les autres. A chaque visionnage, le film appelle à d'autres questions, à de nouvelles émotions, à de nouvelles contradictions.
3h49, c'est pourtant la durée de ce film qui raconte, en désordre, la vie d'un homme. 3h49, ça pourrait paraître long mais la vie de Noodles, ce parfait anti-héros incarné par Robert de Niro, telle qu'on nous la conte, des années 20 aux années 60, de son adolescence à ses succès, de ses amours à ses trop nombreux échecs jusqu'à son sinistre futur, est un récit trop fascinant et trop tragique pour ennuyer.
Il était une fois en Amérique, c'est un film qui choisit d'offrir 4 minutes à une scène que beaucoup jugeraient mineure, l'offrande d'un gâteau, et qui la sublime en un portrait mélancolique et insouciant de l'enfance. C'est la douleur, l'amour, le regret, la violence d'un héros totalement imparfait qu'on ne peut toutefois qu'aimer, la trahison, la mort, la vieillesse... Ce que traite Il était une fois en Amérique est une totalité qui ne saurait être réduite.
C'est pourtant ce qu'il s'est passé aux Etats-Unis, où le film a été sauvagement coupé pour atteindre une durée de 2h19, réduisant ce roman cinéma à peau de chagrin et annihilissant tout son pouvoir. Cette version aurait d'ailleurs brisé le coeur de Leone...
Raphaëlle Raux-Moreau
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