La marche à la guerre : "Colonel Redl"
La fiction
Fils de cheminot admis à l’Académie militaire de l’Empire austro-hongrois, Alfred Redl se lie d »amitié » avec un jeune aristocrate. Dissimulant ses origines comme son homosexualité, il gravit rapidement les échelons de la hiérarchie. A la veille de la Première Guerre mondiale, l’archiduc François-Ferdinand lui confie la responsabilité des services secrets…
Les faits
Soif de pouvoir, ambition, soumission jusqu'à la perte d'identité : Istvan Szabo signe avec Colonel Redl un chef-d'oeuvre, porté par un extraordinaire Klaus Maria Brandauer qui trouve ici le plus grand rôle de sa carrière, aux côtés de celui qu'il a tenu, déjà sous la direction de Szabo, dans Mephisto.
Le film se base sur le destin du vrai du colonel Redl, chef des puissants services secrets de l'Empire Austro-Hongrois, contraint au suicide le 25 mai 1913, alors qu'il fut accusé de haute trahison pour avoir vendu aux Russes des plans secrets militaires autrichiens, en particulier les plans des forteresses de Galicie. Le scandale fut tel que les parents proches de Redl changèrent leurs noms de famille par crainte de devenir des parias.
Au-delà de son implacable et brillante démonstration, Szabo dessine le portrait d'un Empire Austro-Hongrois, véritable mozaïque de peuples, lancé inexorablement dans la marche à la guerre, alors qu'il est en proie à de fortes tensions au sein de ses minorités et à un nationalisme exacerbé en son sein. C'est d'ailleurs un nationaliste Serbe, Gavrilo Princip, membre de la société secrète de la Main noire ayant des ramifications dans l'armée serbe, qui assassina à Sarajevo le 28 juin 1914 l'Archiduc héritier François-Ferdinand. Un mois plus tard, le gouvernement austro-hongrois déclencha une guerre préventive pour punir la Serbie. La "machine infernale" s'enclencha, entraînant avec elle le suicide de l'Europe...