Le Pantalon (1997)
Téléfilm absolument remarquable signé Yves Boisset et diffusé en 1997, Le Pantalon raconte une histoire aussi tragique qu'authentique, en dépit du caractère totalement absurde de l'enchaînement des événements...
Plateau de l'Aisne, au début du mois de février 1915. Depuis octobre 1914, la guerre s'est enlisée dans la boue. Fantassin au 60e Régiment d'infanterie, Lucien Bersot, maréchal-ferrant et jeune père de famille, fait son devoir de citoyen. Suite à une erreur de paquetage, Lucien n’a pas reçu le fameux pantalon de laine garance, mais grelote dans un pantalon de toile blanche. Il en réclame un vrai. Devant son insistance, le sergent Fourier lui en tend un, récupéré sur un mort, en loques et maculé de sang. Lucien le refuse…
Les soldats français commencent la guerre de 14-18 un peu comme en 1870 contre la Prusse. Ils portent tous de superbes pantalons garance (ou "groseille"), avec un képi en drap de laine rouge. L'ennui, c'est qu'ils sont tellement visibles par l'ennemi qu'ils font des cibles faciles... Au moment de la déclaration de guerre, ils n'ont pas de casque. Aucune importance pour l'Etat Major : "nous n'aurons pas le temps de les fabriquer" fanfaronnait Joffre, "je tordrai les boches avant deux mois". Pourtant en 1914, 80% des blessés le seront à la tête...
Quid du pantalon ? Pour l'Etat Major, qui n'a prévu aucun vêtement d'hiver parce que la guerre sera courte, le rouge est, dit-il, indispensable au moral du soldat...Ce n'est qu'en avril 1915 que le célèbre uniforme "bleu horizon" équipera les soldats.
Les superbes pantalons garance, c'est justement ce que porte les conscrits du film La Peur, qui rejoignent le front en 1914... Signé Damien Odoul, librement adapté du roman de Gabriel Chevalier, le film, dont la bande-annonce est à découvrir ci-dessous, a obtenu le prix Jean Vigo en 2015.
La tranchée des espoirs (2004)
Là aussi il s'agit d'un téléfilm, magnifique et très émouvant, signé Jean-Louis Lorenzi. Juin 1918. A la suite d'un bombardement, dans un bout de tranchée perdue, six soldats français, six poilus gavés d'horreur, sont coupés du reste du front. En face d'eux, six soldats allemands, eux aussi provisoirement coupés du reste de leur armée. Les deux tranchées sont distantes d'une cinquantaine de mètres. Entre les deux, un énorme obus de 450 s'est planté en terre sans exploser, et il va bien falloir le désamorcer. C'est alors le début d'une trêve entre les deux camps, malgré un lieutenant va-t-en guerre qui pense à ses médailles, malgré deux brutes qui rêvent de s'entretuer. Une trêve improbable qui prend peu à peu et comme à rebrousse-poil l'allure d'une fraternisation...