Le film : Boulevard du crépuscule (1950)
De quoi ça parle ?
Norma Desmond, grande actrice du muet, vit recluse dans sa luxueuse villa de Berverly Hills en compagnie de Max von Meyerling, son majordome qui fut aussi son metteur en scène et mari. Joe Gillis, un scénariste sans le sou, pénètre par hasard dans la propriété et Norma lui propose de travailler au scénario du film qui marquera son retour à l'écran, Salomé. Joe accepte, s'installe chez elle, à la fois fasciné et effrayé par ses extravagances et son délire, et devient bientôt son amant. Quand son délire se transforme en paranoïa et qu'elle débarque au milieu des studios Paramount pour convaincre Cecil B. DeMille de tourner à nouveau avec elle, Gillis commence à prendre ses distances...
Pour aller plus loin...
Quand Eric Von Stroheim rentra en Europe après sa douloureuse expérience de réalisateur aux Etats-Unis, où ses films étaient régulièrement mutilés d'un quart, de la moitié voir des trois-quarts, il déclara, amer : "Hollywood m'a tué".
C'est donc non sans une cruelle ironie de le voir dans son dernier grand rôle au cinéma avec l'extraordinaire Boulevard du crépuscule, pour lequel il obtient la seule citation à l'Oscar de sa carrière (meilleur second rôle). Il y interprète un ex-metteur en scène devenu serviteur de Norma Desmond, l'ancienne gloire du muet persuadée qu'Hollywood veut toujours d'elle alors qu'elle a été reléguée depuis longtemps au rayon des antiquités.
Un constat d'autant plus cruel que Billy Wilder convoque effectivement d'anciennes gloires du cinéma muet comme Buster Keaton, ou des stars de l'âge d'or d'Hollywood comme Gloria Swanson. Mais c'est aussi une oeuvre lucide : elle évoque en effet l'écroulement d'un empire, celui d'Hollywood, jadis la Nouvelle Babylone, alors même que les années 50 sont considérés comme un nouvel âge d'or pour les majors, qui entreront à nouveau en récession dans les années 60-70 avec l'émergence du Nouvel Hollywood. Dans tous les cas, un chef-d'oeuvre absolu, et sans doute le film le plus célèbre dans la thématique "Hollywood flingue Hollywood".