
"Marlon, je te respecte énormément..."
Alors qu’il cherche à entamer le tournage du second volet du Parrain, Francis Ford Coppola adresse à Marlon Brando ce courrier dans lequel il le supplie de bien vouloir incarner à nouveau Vito Corleone. Malheureusement, le rêve du réalisateur n’aboutira pas, la faute à des tensions entre Brando et les studios de productions. C’est finalement Robert de Niro qui obtiendra le rôle et livrera une prestation magistrale chez le réalisateur doublement palmé à Cannes (Conversation secrète et Apocalypse Now).
Avril 1973, Lundi.
Cher Marlon,
J’ai entendu dire que tu étais de retour du Sud du Pacifique ; mais je ne voulais pas t’appeler car je me sens toujours un peu sot lorsque que j’aborde la question du Parrain. Je sais que tu donnes suite à mes appels de façon personnelle et amicale, du coup je ne parviens pas à vouloir en faire mauvais usage et mentionner ce qui me dérange.
Mon problème est simplement que je remet sans cesse à plus tard car je pense qu’il est possible que tu décides de jouer le jeune Vito Corleone. J’ai vu, auparavant, comment un fait peut naitre d’une maigre possibilité, et j’ai donc fait de mon mieux pour susciter une telle issue. Je suis devenu un vrai monstre de derrière les scènes pour me jouer à la fois de Yablans, Evans et Bludhorn ; et tenter de les convaincre de faire ce que je veux. Je dis à Yablans que seul lui peut y parvenir. Puis, je dis la même chose à Evans.
Je leur dis que le film ne peut pas se faire sans toi ; je dis à Yablans qu’il doit s’excuser auprès de toi. À présent Yablans dis qu’il essaye de faire le nécessaire, et de faire un effort pour l’argent etc., mais tu ne retournes pas ses appels.
Evans veut te rencontrer ; mais Yablans est terrifié à l’idée qu’il réussisse là où lui a échoué… donc il empêche que cela se réalise.
Mais ce dont il s’agit réellement, c’est de moi. Marlon je te respecte énormément ; et si tu me disais que tu ne voulais pas le faire quelle que soient les circonstances… bien sûr je respecterais ta décision et n’en ferais plus jamais mention. Et si tu le voulais, je ne le dirais à personne d’autre...
[...]
Lire la lettre en intégralité sur le site deslettres