Les Hubots sont de retour. Après une première saison applaudie par la critique et les téléspectateurs, Real Humans revient sur Arte ce jeudi 15 mai à 20h50. Dans ces dix nouveaux épisodes, la démarcation entre humains et Hubots, ces robots ultra réalistes, est de plus en plus floue. La haine que voue le parti des "100% humains" à ces machines s’accentue. Et Bea (Marie Robertson) est prête à tout pour retrouver le code conçu par David, qui permettrait de libérer les Hubots de leur condition de machine.
Lars Lundström, le créateur et scénariste de la série suédoise évènement, évoque cette nouvelle saison, ses enjeux, et l’hypothèse de voir les Hubots devenir une réalité.
Parlez-nous de cette nouvelle saison, de son évolution par rapport à la première...
La réponse du public à la première saison était incroyable. Nous étions donc très confiants lors de l’écriture de ces nouveaux épisodes. Mais nous ne souhaitions pas que cette saison soit comme un sequel de la précédente, elle raconte donc une nouvelle histoire. Nous avons décidé de rendre la série plus sombre, plus proche de son genre, la science-fiction, sans toutefois perdre sa marque de fabrique.
Dans cette saison, Hubots et humains se mélangent de plus en plus, le conflit installé entre eux en devient plus agressif. L’opposition entre le parti des "100% humains", le Äkta människor, et les transhumains, qui défendent le droit des Hubots, s’amplifie. Une guerre commence à s’installer.
Des dissensions naissent également du côté des Hubots. Les "enfants de David" sont tous différents. Certains, comme Bea, veulent changer le monde. Flash, elle, veut vivre une vie d’humaine. Elle prend d’ailleurs un nom différent, Florentine. Le cas de Mimi est plus compliqué: elle ne sait pas qui elle est. "Suis-je un Hubot, une machine que l’on peut acheter ? Ou suis-je une humaine ? Ou alors quelque chose de complètement différent ?"
La différence entre humains et Hubots est de plus en plus mince…
Dans la première saison, humains et Hubots se rapprochaient, devenaient de plus en plus proches. Nous avons alors voulu brouiller la limite qui existe, la rendre plus floue. Certains robots rêvent d’être humain, et de leur côté, les humains réalisent qu’il y a plein d'avantages à être un Hubot. Un robot ne vieillit et ne meurt pas, et c’est ce que les humains veulent : vivre et ne jamais mourir. La ressemblance entre eux s’accentue, mais malgré tout, la frontière est toujours là.
Le titre Real Humans souligne bien le thème central de la série : qu’est-ce qu’un véritable humain ? Quels sont les critères qui font de quelqu’un un être humain ? Personne n’a la réponse à cette question. Et le jour où nous l’aurons, alors la série n’existera plus. Des scientifiques japonais ont démontré que la liste des critères définissant un être humain n’existe pas. Et si elle existait, je peux vous assurer que j’en créerais un dans l’instant. [rires]
Pensez-vous que les Hubots pourraient devenir une réalité ?
En ce qui concerne le futur, la seule chose que l’on peut dire, c’est que personne ne sait ce qu’il va se passer. Mais quelque chose va se passer. Je ne pense pas que dans le futur proche nous verrons des robots aussi réalistes, mais cela pourrait arriver d’une certaine façon.
Actuellement, nous commençons à intégrer les machines dans notre quotidien. Avec nos smartphones, par exemple, nous n’avons plus besoin de tout garder en mémoire. En appuyant sur deux boutons nous pouvons avoir la réponse à n’importe quelle question. Nous pouvons même lui poser directement la question.
La science robotique actuelle est inspirante mais nous ne nous en servons pas pour notre show, car elle est encore trop éloignée des Hubots que nous créons. Nous devons utiliser notre propre imagination.
Real Humans est une série de science-fiction, d’anticipation, mais très ancrée dans le réel…
La série est tournée en Suède, mais nous avons essayé de créer un monde qui n’est pas suédois. Il n’y a aucune référence culturelle de faite, aucun pays n’est mentionné, et nous ne savons pas vraiment à quelle époque la série se déroule. Mais nous avons décidé de ne pas la situer dans le futur, principalement parce qu’il aurait fallu créer un univers complètement différent, et réfléchir sur la façon de s’habiller, de se déplacer et de vivre. Nous ne voulions pas faire une énième série de science-fiction à l’américaine. Je préfère me focaliser sur les relations, la morale, l’éthique, ce qui fait de nous des humains… C’est une série sur l’émotion.
Au final c’est une bonne chose que nous n’ayons pas un énorme budget, sinon nous l’aurions mal utilisé.
Plusieurs pistes de réflexion sont présentes...
La série est très dense, plusieurs histoires y sont racontées. Le téléspectateur peut donc la regarder sur différents niveaux : science-fiction, politique, philosophique, ou encore l’évolution de la technologie.
Mais de mon point de vue, Real Humans est surtout une allégorie des problèmes auxquels nous faisons face actuellement, notamment vis-à-vis de la situation politique actuelle en Europe, au niveau de l’immigration par exemple. Nous avons essayé de faire transparaître cela d’une façon divertissante.
Une autre métaphore est présente. Les relations amoureuses entre humains et Hubots représentent la façon dont nous excluons les personnes qui ne sont pas comme nous. Je pense que si le monde dépeint dans Äkta människor était celui dans lequel nous vivions, si un couple formé d’un humain et d’un robot marchait main dans la main, certaines personnes les regarderaient avec dégoût et se diraient "Je veux que cela s’arrête, je vais joindre le parti des 100% humains. Je veux les tuer."
Le propos de la série n’est pas de savoir ce qui est bien et ce qui est mal. C’est bien plus complexe que cela, exactement comme le sont les conflits actuels. Le bien et le mal se mélangent en chacun de nous. Ici, l’objectif est de divertir le téléspectateur et faire en sorte qu’il n’ait pas l’impression d’avoir perdu une heure de son temps une fois l’épisode terminé.
Une saison 3 est-elle prévue ?
Nous ne savons pas encore si Real Humans aura une troisième saison. La chaîne suédoise qui nous diffuse ne s’est pas encore décidée. Tout ce que nous pouvons faire c’est attendre et espérer. Mais si cela doit se faire, je sais exactement ce que je veux raconter dans cette saison, et nous avons déjà écrit plusieurs épisodes. Je n’en dirais pas plus pour éviter de vous spoiler.
En parallèle, un remake anglais est en préparation. Quelle est votre implication dans ce projet ?
Je n’en serais pas le showrunner, je l’ai déjà fait une fois, c’est suffisant… [rires] J’en serais le producteur exécutif et c’est tout. J’ai pu lire les scripts, qui sont excellents. Il ne s’agit pas d’un simple "copier-coller" de notre version, ce qui est une bonne chose, car cela aurait été une vraie perte de temps.
Si vous pouviez avoir votre propre clone, le feriez-vous ?
Oh oui ! Quoique… Honnêtement, je préférerais avoir quelqu’un de plus beau que moi. [rires]