© Roger Arpajou
Il y a beaucoup de polémiques ces derniers temps autour des comédies françaises, qui coûteraient trop cher, notamment à cause du salaire de certains comédiens. Est-ce que vous avez pensé à tout ça en développant "Dans la cour" ?
Pierre Salvadori : Je fais mon chemin sans y penser. Quand je faisais des comédies dans les années 90, c'était déjà mal vu. On préférait parler du cinéma d'auteur, qui était beau c'est vrai. Je me sentais toujours un peu à l'écart, bizarre. Mais je trouve en tout cas aujourd'hui qu'il y a beaucoup de films qui ne devraient pas se faire, qui ne sont que des coups. C'est souvent comme ça en comédie. Les producteurs se disent que pour gagner de l'argent le plus rapidement possible, c'est une comédie qu'il faut faire, en prenant les trois ou quatres acteurs qui sont prêts à tout une fois qu'on leur a fait un chêque. C'est une affaire, une marchandise, pas un film.
Et ça me navre parce que ça prend de la place sur les écrans. Ils sont souvent tellement mauvais ces films qu'on les sort tout de suite sur 1500 copies pour choper le public très vite. C'est de l'escroquerie. Après, si ces comédies plaisent c'est qu'elles ont leur raison d'être. Qui je suis pour dire si c'est bien ou pas ? Je tiens la comédie en haute estime en tout cas donc je me donne du mal.
Catherine Deneuve a récemment déclaré que l'on faisait trop de films maintenant, d'autant que trop peu étaient vraiment aboutis. Est-ce que vous partagez son avis ?
Moi, je ne pense pas qu'on fasse trop de films. Quand 20 films sortent par semaine, c'est évidemment compliqué de se faire remarquer. Mais plus il y a de films qui sortent, plus on a de chance d'en avoir des bons ! Et si on enlève des films, on commence par qui ? On est tous le couillon de quelqu'un d'autre. Peut-être que le mec qui fait ses comédies un peu pourries dont on a parlé pense que je suis un imbécile. Ceux qui vont partir sont les plus fragiles, comme toujours. Et ça c'est terrible. C'est là que sont parfois les plus beaux films. A mon avis, il faut commencer par équilibrer un peu plus les sorties, pas besoin de 2000 écrans pour un seul film. Ensuite, c'est le public qui décide.
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