© Haut et Court
Alors que son nouveau long-métrage Eastern Boys sort en salles 10 ans après Les revenants, son premier, Robin Campillo revient pour nous sur le succès -mondial- de la série de Canal + adapté de son film.
Vous vous êtes peu exprimé sur la série "Les Revenants". Est-ce un sujet tabou ?
Robin Campillo : A vrai dire je n'ai pas vu la série... pour éviter de répondre à ce genre de question ! (rires) J'ai bien l'intention de la voir. J'attendais que le temps passe. Tous les avis que j'ai autour de moi sont très positifs. En plus, j'avais beaucoup aimé le premier film de Fabrice Gobert (ndlr: le créateur de la série). Je n'ai aucun souci avec ça en tout cas.
Après, le truc c'est que c'était un film de genre donc les gens s'imaginaient que c'était très extérieur à moi. Or, c'était très personnel. Quand Haut et Court m'a annoncé qu'ils voulaient faire une série, ils m'ont demandé si je voulais travailler dessus et j'ai dit non parce que pour moi c'était passé, j'avais tourné la page, et je ne me voyais pas travailler avec d'autres scénaristes, d'être un peu le gardien du temple. A partir du moment où on accepte de céder ses droits il faut laisser les gens absolument libres. Je pense que ça aurait été une perte de temps et ça aurait créé des quiproquos inutiles.
Cela a au moins permis de faire découvrir le film à un autre public...
Je pense que oui. Enfin j'espère ! En France je ne sais pas trop à vrai dire, c'est dur de mesurer l'impact. Mais en Angleterre ils ont ressorti le film une semaine après la fin de la diffusion de la série là-bas ! Curieusement, il avait eu un impact sur les professionnels lors de sa sortie et les années qui ont suivi, mais pas du tout auprès du grand public.
Est-ce que la format série vous intéresse néanmoins ?
Je suis partagé. J'avais l'idée de proposer une mini-série. Trois à cinq épisodes maximum. Mais je n'ai fait que deux films en 10 ans. Je me dis que si je me lance dans une série, lent comme je suis, ça va mettre un temps fou ! Il ne vaut mieux pas que je me laisse tenter ! Et puis j'avoue que le format long-métrage m'attire toujours plus "à cause" de la salle de cinéma. Pour moi il y a un truc qui se produit parce que c'est un lieu à la fois très intime et très collectif, qui correspond exactement à l'effet que je cherche à produire dans mes films. J'y reste très attaché. Au fond, on me proposerait de faire une série pour le cinéma, ce serait plus simple pour moi.
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Propos recueillis par Jean-Maxime Renault en mars 2014
La bande-annonce des Revenants, disponible en DVD :